Moonraker (1979) : « J’oublie sans cesse que vous êtes plus qu’une jolie femme. »

James Bond

Quatrième mission pour Roger Moore dans la peau de l’agent 007. Après avoir enfin trouvé ses marques pour L’espion qui m’aimait, Moore se retrouve une fois de plus au bord de l’auto-caricature sur Moonraker. Séducteur invétéré (sa capacité à emballer des femmes trente secondes après les avoir rencontrées est surprenante), Bond devient également dans cet opus un tueur de plus en plus flegmatique, ponctuant les morts de ceux qu’il tue de savoureuses répliques parfois sacrément difficiles à prendre au sérieux. Moore assure cependant la prestation avec classe mais sur un équilibre précaire.

L’ordre de mission

Une navette spatiale appartenant au gouvernement britannique a été mystérieusement dérobée. Bond est mandaté par le MI6 pour enquêter et se rend très vite dans la résidence d’Hugo Drax, le fabricant de la navette pour en savoir un peu plus. Drax, guère subtil, ordonne quasi-immédiatement à ses hommes de tuer Bond. L’agent 007 parvient bien évidemment à échapper à ce traquenard et, de Venise à Rio, enquête sur les raisons ayant poussé Drax à voler sa propre navette. Il s’avère très vite que Drax a développé un virus mortel qu’il compte envoyer sur Terre depuis la station spatiale secrète qu’il a créé et une fois les humains décimés, il compte repeupler la Planète Bleue avec des humains physiquement parfaits qu’il a soigneusement sélectionnés. Pour l’en empêcher, Bond devra aller jusque dans l’espace…

Un espace pas vraiment prévu au départ puisqu’à la fin de L’espion qui m’aimait, le générique indiquait que Bond reviendrait dans Rien que pour vos yeux. Mais Star Wars faisant un carton en salles, les producteurs ont très vite flairé l’intérêt financier à envoyer Bond jouer du pistolet laser dans l’espace. De fait, Moonraker sera le plus grand succès de la saga jusqu’à GoldenEye. Il faut dire que le divertissement est total : combat en chute libre, combat au sommet d’un téléphérique, poursuite en gondole dans Venise, impressionnants décors de la station spatiale de Drax, on ne s’ennuie pas une seconde dans Moonraker. Problème, si les deux premières parties sont rythmées et efficaces, la dernière partie envoyant l’agent 007 dans l’espace n’est guère crédible et fait aujourd’hui bien marrer, se rapprochant plus des films italiens copiant Star Wars que l’original et ce malgré les moyens déployés. Avec cette surenchère, le film semble presque à une auto-parodie et vu à travers ce prisme n’en demeure pas moins savoureux. On appréciera alors que Rien que pour vos yeux soit finalement le prochain, permettant de ramener Bond dans un contexte plus terre à terre.

Antagoniste

Outre ses décors et son sens du spectaculaire, Moonraker bénéficie surtout d’un méchant très classe. Le film étant co-financé avec la France, le casting comporte de nombreux acteurs français (dont Corinne Cléry et même Jean-Pierre Castaldi) et Michael Lonsdale, obtenant le rôle de Drax, s’y montre d’une froideur redoutable et d’un charisme à toute épreuve. Mégalo comme tout bon méchant de James Bond, avide de créer une nouvelle race d’humains supérieurs (des relents de son passé de nazi issu du roman dont le film ne garde que très peu d’éléments) et désireux de se présenter comme leur dieu, Drax est un salaud qu’on adore détester. Lonsdale poursuivra par la suite une prolifique carrière cinématographique et théâtrale à laquelle Drax n’est qu’une modeste pierre à l’édifice même si c’est certainement grâce à ce rôle qu’il s’est fait connaître de beaucoup de cinéphiles.

Bien que dans la première partie du film, Drax soit assisté d’un redoutable homme de main japonais, c’est bien Requin qui a les faveurs du public, effectuant son grand retour dans Moonraker. Le personnage fut tellement apprécié des fans dans L’espion qui m’aimait que les producteurs le firent revenir pour ce film. Fini cependant le méchant terrifiant, mordant le cou de ses victimes dans des endroits sombres. Requin devient dans Moonraker un véritable personnage de cartoon à la Vil Coyote, sans cesse condamné à voir ses plans échouer, s’écrasant sans cesse de façon spectaculaire sans jamais avoir une seule égratignure. Le film enfonce le clou en permettant à ce redoutable tueur de trouver l’amour (en la personne d’une petite binoclarde au décolleté plongeant) et la rédemption, puisque, comprenant grâce à Bond que le plan de Drax sur les physiques parfaits ne l’inclue pas, Requin décide de se retourner contre son employeur. Une fin quand même bien ridicule pour un antagoniste marquant.

James Bond Girl

Travaillant chez Drax pour le compte de la CIA, le docteur Holly Goodhead est une femme intelligente, capable de piloter une navette spatiale et de résister (un moment, du moins) aux charmes de Bond. Elle s’inscrit dans la lignée du major Amasova dans L’espion qui m’aimait (son interprète Lois Chiles avait d’ailleurs été pressentie pour ce rôle), les producteurs ayant compris qu’il fallait mettre plus qu’une belle potiche pour épauler Bond dans ses missions. Manque de chance, même si Lois Chiles ne manque pas de piquant, le personnage n’est guère marquant et paraît carrément trop sage dans ce Bond bigger than life. Chiles, déjà remarquée auparavant dans Mort sur le Nil et Gatsby le Magnifique, n’aura malheureusement guère plus de rôle marquant si ce n’est dans Broadcast News et une apparition en forme de clin d’œil James Bondien dans Austin Powers.

Section Q

Qui dit James Bond exubérant dit gadgets et ils ne sont pas en reste dans Moonraker. Outre les moyens de navigation « améliorés » (une gondole avec un moteur, capable de rouler aussi sur terre et un hors-bord capable de lâcher mines et torpilles à têtes chercheuses avec, en prime, un planeur intégré dans la fabrication), on aperçoit dans le film un petit appareil photographique. Notons aussi que Bond, de façon totalement aléatoire dans le film, nous sort un filin explosif de sa montre. Mais le gadget principal de Moonraker est son bracelet lançant des fléchettes mortelles d’un simple mouvement du poignet. Redoutable, il permettra à Bond de se débarrasser de Drax une bonne fois pour toutes.

2 Rétroliens / Pings

  1. Rien que pour vos yeux (1981) : "Enfilez vos vêtements et je vous achèterai une glace." -
  2. Des Fleurs pour un Espion : La Copie dans la Peau -

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