Les Loups de Haute Mer : Vieux Loups de Mer

Les Loups de Haute Mer se remémore comme un souvenir subjectif de séance avec le grand-paternel où James Bond avec une barbe prenait d’assaut une plate-forme pétrolière. Roger Moore en homme-grenouille, voilà le plan qui marque un enfant qui regarde un film sans en identifier le titre. Elephant Films exhume une copie HD disponible un peu partout pour une bonne vieille séance de cinéma. Un cinéma de papy qui ne passe pas forcément les années, mais qui se révèle être une bonne madeleine à revoir l’hiver sous un plaid. 

Avouons tout de suite que le film passe difficilement les années, un conciliabule de 1h40 entre de vieux acteurs qui cherchent la solution pour mettre à mal les agissements d’un terroriste incarné avec conviction par Anthony Perkins. À revoir Les Loups de Haute Mer, on pense bizarrement à Piège en Haute Mer avec Steven Seagal, aujourd’hui bien plus amusant que ce projet statique, pourtant produit par Elliott Kastner, producteur prestigieux à qui l’on doit Quand les Aigles Attaquent, Missouri Breaks, Le Privé ou Angel Heart.
Mais rien n’y fait, on s’ennuie poliment face à une histoire pourtant ambitieuse loin d’être aidée par une mise en scène sans la moindre envergure. Pourtant le score signé Michael J.Lewis donne une certaine énergie, mais Andrew V.McLaglen n’arrive jamais à donner la moindre énergie à son film. Ce dernier n’est malgré cela pas un technicien basique. Fils d’un acteur anglais, il passe sa jeunesse sur les plateaux de cinéma. Il y fréquente John Ford, dont il deviendra l’assistant, et John Wayne qu’il dirigera dans quelques westerns à la fin de la carrière du Duke. On peut citer Les Géants de l’Ouest ou Chisum, loin d’être de grands films, V.McLaglen réussit à faire perdurer le genre qui meurt à petit feu au début des années 70. Dans les années 70 justement, il connait le succès avec Les Oies sauvages. Le film marque sa rencontre avec Roger Moore, alors en pleine gloire grâce à James Bond. Les deux hommes enchaînent successivement Les Loups de Haute Mer et Le Commando de Sa Majesté. Le réalisateur britannique finira sa carrière avec un film pour la Cannon, Sahara avec Brooke Shields, puis des résurgences de vieux classiques comme deux suites au film Les Douze Salopards, où Lee Marvin et Ernest Borgnine reprennent leurs rôles, puis Retour à La Rivière Kwaï, des faits sans gloire essentiellement pour la télévision.

Les Loups de Haute Mer doit beaucoup au succès des Oies sauvages et son casting de stars comptant Richard Burton, Richard Harris, Stewart Granger et Roger Moore. Ce dernier, alors 007, le suit deux ans après sur Les Loups… dont la production du film joue tout sur la popularité de l’acteur. La promotion du film le montrera en spéculant ouvertement sur l’image de l’agent secret. Que l’on ne s’y trompe pas, ce film n’a rien d’un James Bond. Roger Moore incarne un mercenaire engagé pour déjouer les plans d’un terroriste. Moore se nomme ffolkes donnant son titre original au film, antithèse de 007 préférant les chats aux femmes, un dernier point totalement injustifié et plutôt incongrue, le film l’accentuant à l’excès à plusieurs reprises notamment dans une séquence dans un train ou/et avec la secrétaire – pourtant charmante – sur la plate-forme pétrolière. Un détail prononcé juste pour se démarquer des rôles successifs incarnés par Roger Moore et son image de séducteur après Amicalement Vôtre ou même Le Saint. En cela, le film peut nourrir son affiche ajoutant notamment James Mason, en amiral engoncé dans son costume assez apathique justifiant simplement la présence de l’acteur prestigieux remarqué dans Lolita de Kubrick ou L’homme de Berlin de Carol Reed. Ou encore Anthony Perkins remontant un peu la pente à l’époque, forcément connu pour son rôle de Norman Bates dans le Psychose d’Alfred Hitchcock. À noter la présence binoclarde de Michael Parks en lieutenant terroriste alors jeune acteur dont il faudra s’y prendre à deux fois pour le reconnaître. 

Les Loups de Haute Mer est un film suranné, pur produit d’un cinéma de consommation aujourd’hui révolu qui payait grassement ses têtes d’affiche suffisant à leurs rythmes de vie et leurs impôts. Malgré une copie HD irréprochable, le Blu-ray s’adresse exclusivement aux complètistes et autres amoureux d’une époque lointaine. Ou comme un beau cadeau à son grand-père pour Noël qui pourra revoir le film dans les meilleures conditions possible.

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  1. Rien que pour vos yeux : "Enfilez vos vêtements et je vous achèterai une glace." -

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