The Bride With White Hair : Virevoltant à l’extrême

Distributeur plus discret que certains de ses confrères, Splendor Films n’en possède pas moins un beau catalogue et chacune des ressorties qu’il propose (Le château de Cagliostro, Le Fanfaron, Evil Dead 2 ou encore récemment Lupin III Le secret de Mamo) s’inscrit dans une démarche cinéphile exigeante. Quel plaisir dès lors que Splendor ressorte en salles le 25 décembre (quel beau cadeau de Noël !) le virevoltant The Bride With White Hair de Ronny Yu en restauration 4K. Présenté en avant-première au PIFFF plus tôt dans le mois de décembre, The Bride With White Hair, ayant depuis longtemps acquis son statut de film culte, se redécouvre donc avec un plaisir optimal.

Comme souvent avec ce genre de film, ce n’est pas le scénario qui brille, mais bien la maîtrise formelle avec laquelle le réalisateur s’en empare. De fait, cette variation autour de Roméo et Juliette voyant deux amants appartenant à des sectes rivales devoir s’affronter avec déchirement est très classique. La surprise ne vient donc pas de là mais bien des éléments qui s’y greffent, le film n’obéissant à aucune règle dramaturgique et aucune loi de la gravité. S’affranchissant totalement des contraintes narratives, Ronny Yu nous livre un véritable ballet d’images marquantes, sans avoir peur du trop-plein menaçant constamment le film.

Qu’importe, Yu, cinéaste au style détonnant qui s’est perdu à Hollywood juste après le succès de The Bride With White Hair, n’a peur de rien et n’hésite pas à faire partir son récit dans tous les sens. Avec un sens de la cinématographie et du montage absolument renversant, le réalisateur ne recule devant aucune audace. Le récit est effréné, les plans superbement composés (et majoritairement au cadre penché) se succèdent à une vitesse telle qu’on passe de l’admiration à la frénésie la plus vive. Si le mélange, bardé d’idées de mise en scène à la seconde, pourrait donner la migraine, il parvient cependant avec justesse à reposer sur un équilibre précaire, s’inscrivant dans la logique du film sans aucunement gêner sa vision. Loin d’apparaître comme des coquetteries de mise en scène, les savantes compositions des plans donnent au contraire au récit toute la puissance mystique nécessaire dont il a besoin pour adroitement mêler sa frénésie violente et sa passion amoureuse (bien aidé, il faut le dire par les prestations fiévreuses de Brigitte Lin et Leslie Cheung).

Difficile d’ailleurs de trouver un autre exemple de film aussi dingue que The Bride With White Hair, embrassant ses références et de nombreux éléments parfois outranciers du genre pour parvenir à mêler harmonieusement le tout. Curieux film que celui-ci, perpétuellement inventif, comme si Ronny Yu marchait sur des charbons ardents tout en le réalisant. Une proposition audacieuse en tout cas, à ne surtout pas louper en salles, on vous assure que c’est bien mieux que les blagues racistes de tonton Paul lors du repas de Noël !

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