L’homme au pistolet d’or (1974) : « On ne m’a jamais préparé à rien qui ressemble à votre nuisette »

James Bond

Un an à peine après la sortie de Vivre et laisser mourir, Roger Moore reprend du service. L’acteur est toujours aussi désinvolte et frappe aujourd’hui par un manque d’aisance assez flagrant dans le rôle. Si sa décontraction et son humour sont une bonne idée sur le papier, Moore ne n’a pas encore trouvé sa place, il faudra attendre le Bond suivant pour qu’il soit vraiment convaincant. Il faut dire qu’entre la misogynie outrancière du personnage et le manque de crédibilité de l’acteur dans les scènes d’action, son Bond a pris un sérieux coup de vieux.

L’ordre de mission

Menacé de mort par le dangereux tueur Francisco Scaramanga, connu pour éliminer ses victimes à l’aide d’un pistolet d’or et dont personne ne connaît le visage, Bond décide de prendre les devants et d’aller à sa recherche. Sa quête le conduira à Hong-Kong où il découvrira que Scaramanga a mis la main sur un dispositif capable de canaliser l’énergie solaire et donc de résoudre la crise pétrolière touchant l’Angleterre. L’argent et la domination du monde, une routine bien connue des méchants de James Bond à ceci près que Scaramanga est aussi un mégalo souhaitant se mesurer à l’agent 007 dans un duel à mort.

Ce duel sera d’ailleurs le clou du spectacle d’un film qui se revoit avec quelques difficultés. Nous ne sommes pas aussi proches du ridicule que l’était Vivre et laisser mourir, l’idée du scénario reposant sur le choc pétrolier de 1973 est bonne mais la présence de Tom Mankiewicz au scénario fait encore quelques ravages. C’est palpable quand Bond s’essaye au kung-fu pour surfer sur la vague des films avec Bruce Lee ou quand le shérif Pepper, carrément dispensable, fait son retour dans la franchise. Reste un duel final marquant, une musique pop très 70’s qui a son charme (même si John Barry la déteste) et surtout un méchant charismatique.

L’antagoniste

Parlons-en justement du méchant. Francisco Scaramanga est un tueur de renommée mondiale, prenant un million de dollars par contrat et qui ne rate jamais sa cible. Connu pour éliminer ses victimes à l’aide d’un pistolet d’or et pour posséder l’étrange particularité d’avoir un troisième téton, personne ne connaît son visage. Désireux de contrôler le monde à sa manière et de s’enrichir sur le dos d’une crise de l’énergie, Scaramanga est aussi un homme d’action qui rêve de se mesurer à James Bond dans un duel, considérant l’agent 007 comme son égal.

Si Scaramanga a autant marqué les esprits, même s’il n’apparaît pas dans un des meilleurs films de la franchise, c’est évidemment car c’est l’immense Christopher Lee qui l’interprète. Acteur incontournable du cinéma de genre, réputé pour ses nombreuses interprétations de Dracula pour la Hammer, il était quasiment impensable qu’il ne joue pas un rôle d’antagoniste dans la saga puisqu’il était le cousin de Ian Fleming ! De fait il a su s’imposer dans le film avec charisme, tenant la dragée haute à Roger Moore. Il ne cessera jamais de tourner par la suite et se fera découvrir par les jeunes générations en Saroumane dans Le Seigneur des Anneaux ou en comte Dooku dans la prélogie Star Wars. Il est décédé en 2015 avec une filmographie longue comme le bras.

Impossible de ne pas parler du bras droit de Scaramanga, Tric-Trac (Nick-Nack en version originale), incarné par le français Hervé Villechaize. Dans la grande tradition des acolytes des méchants initiée avec Goldfinger, Tric-Trac est un peu l’homme à tout faire dans le repaire secret de Scaramanga, majordome, cuisinier et assassin occasionnel. Sa relation avec son employeur n’est d’ailleurs pas toujours claire, Tric-Trac semblant prendre énormément de plaisir à mettre des bâtons dans les roues de Scaramanga lors de ses duels. Le personnage est incarné par Hervé Villechaize, mondialement connu pour son rôle dans la série L’île fantastique. Évincé de la série après six saisons, Villechaize ne se remettra jamais vraiment de ce choc et finira par se suicider en 1993.

James Bond Girl

Après Solitaire qui se fait déflorer sans scrupules par Bond dans Vivre et laisser mourir, la saga continue à faire dans la misogynie et met aux côtés de Bond Mary Bonne-Nuit, contact de Bond pour le MI6 en Extrême-Orient. Une James Bond Girl dont le procédé du casting en dit long sur la volonté du réalisateurs et des producteurs : initialement envisagée pour le rôle d’Andrea Anders, la maîtresse de Scaramanga, Britt Ekland, actrice suédoise également connue pour son rôle dans The Wicker Man, fut engagée pour le rôle de Bonne-Nuit quand le réalisateur Guy Hamilton la vit en bikini ! Une anecdote en forme de note d’intention pour le pauvre personnage de Bonne-Nuit, effectivement condamné à être en bikini pendant tout le climax du film et à jouer les nunuches de service le restant du film, dépeinte par le scénario comme maladroite (elle appuie malencontreusement sur un dangereux bouton avec ses fesses) et inapte au service (elle bosse pour le MI6 mais ne fait que se blottir dans des draps quand Bond affronte Tric-Trac).

Finalement la James Bond Girl la plus marquante du film est Andrea Anders, maîtresse de Scaramanga, bien consciente de la mégalomanie de ce dernier. C’est elle qui a envoyé la balle en or constituant la menace pour Bond au MI6 afin que l’agent 007 arrête Scaramanga. Bien que le scénario voit Bond la gifler et la déshabiller sans scrupules, c’est une femme forte à laquelle Maud Adams prête un charisme dévorant tellement l’écran qu’elle fit son retour dans la saga avec Octopussy, dans le rôle de la James Bond Girl principale cette fois.

Section Q

Si Q est présent le temps de quelques scènes dans le film, les gadgets de L’homme au pistolet d’or sont à chercher du côté de Scaramanga puisque Bond, outre son fameux Walther PPK en est totalement dépourvu. Le gadget star du film est bien évidemment le fameux pistolet d’or, se montant à l’aide d’un stylo et d’un briquet mais aussi une voiture capable de s’envoler si on lui ajoute des ailes sur la carrosserie, un engin appartenant à Scaramanga également.

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