Après la Nuit : Moments de la vie conjugale.

Dana et Arthur, la quarantaine, sont mariés depuis près de dix ans. Mais quelque chose s’est fissuré, à cause de leurs besoins, de leurs croyances, de ce que la vie leur offre, de leurs démons intimes. Un jour, ils devront décider si laisser partir l’autre n’est finalement pas la plus grande des preuves d’amour.
C’est par ses mots qu’Après la Nuit se présente comme un pitch ouvert et classique, abordable par son thème. Mais la forme déroute d’emblée. Un long panoramique pour figurer la société roumaine qui commence à se classifier et à arborer certaines joies, certaines libertés. Le peuple qui descend d’un train revenant de la campagne, de vacances. La société roumaine se formalise et se cadre tout en conservant ses principes religieux et moraux. Le plan se finit sur Dana de dos. Elle sort ensuite de la gare pour prendre un taxi et son jeu avec un chauffeur taciturne perturbe. Où veut en venir le réalisateur ? Il y a une certaine proximité, un jeu… On ne peut se situer. Finalement, ils vont errer la nuit tout en déposant des voisins, dont la femme est enceinte et en accouchement, à l’hôpital. Et puis ils reviennent devant le domicile de la jeune femme. 

Après la Nuit est le premier long-métrage de Marius Olteanu, réalisateur primé par ses précédents courts-métrages. Avec ce film, il ausculte le couple au cœur de la société roumaine. Les conventions et le conformisme d’une société qui avance envers un couple qui se délite, en totale contradiction avec les attentes de la famille et de la société roumaine. Pour appuyer cette oppression, Olteanu cadre toute la première partie en 1:1. Tout d’abord l’errement de la jeune femme qui ne souhaite pas rentrer chez elle, puis dans un deuxième temps, son mari en rendez-vous Grindr. Ce qui nous chamboule encore. Marius Olteanu peint séparément le portrait fissuré/abîmé de ce couple qui se sépare. Ils ont vendu leur appartement, ne savent plus quoi attendre de l’autre. Dans la troisième et dernière partie, le metteur en scène ouvre son cadre récupérant un 1:85 plus solaire pour mieux dénouer les fils. Le couple va à reculons à un baptême, tous leurs amis sont mariés avec des enfants. Ils sont un peu seuls. Puis la grand-mère les houspille de ne pas rentrer dans le cadre. On comprend mieux les enjeux de ce couple. Dana ne souhaite pas avoir d’enfants et Arthur est homosexuel. Plutôt bisexuel, le couple ayant du affronter l’amour perdu d’Arthur, lequel se livre dans la deuxième partie avec son partenaire d’un soir. 

L’homosexualité reste cachée en Roumanie. Les hommes et femmes se cachent de leurs actes affrontant le regard de la famille inscrite dans une religion orthodoxe forte et prégnante sur les normes de la société. En cela, le pays est arriéré faisant des rencontres des rapports cachés et isolés. D’où le couple formé par Dana, incarné avec douceur par Judith State, et Arthur qui s’aime, mais doit affronter le regard extérieur de ne pas rentrer dans des cases pré-établies. Surtout, ils cherchent la réponse de comment continuer ensemble ou séparément. Pieds nus au cœur d’une gare ferroviaire, la réponse est malheureuse, mais forcément logique, comme un temps pas si lointain en France et ailleurs.

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