Le pont de Cassandra : Traversée dangereuse

Toujours en quête de nous faire redécouvrir de nouveaux titres, Elephant Films a puisé dans le registre des films alarmistes et dramatiques tels qu’ils se produisaient dans les années 70 avec à l’appui casting de luxe et mise en scène froide. En effet, depuis le 29 octobre dernier, Elephant a sorti de sa musette Le pont de Cassandra, Ces garçons qui venaient du Brésil et Le voyage des damnés, trois titres produits par Lew Grade et assez réputés, chacun dans un registre différent même s’ils véhiculent au final le même sentiment de désespoir une fois leur vision achevée.

C’est ici Le pont de Cassandra qui nous intéresse aujourd’hui, film catastrophe dans la plus pure tradition du genre où le récit met en place un terroriste en fuite, contaminé par un dangereux virus alors qu’il s’apprêtait à commettre un attentat à l’OMS. Recherché par les militaires, le terroriste trouve refuge dans un train en direction de Stockholm. Quand le colonel américain chargé de l’affaire l’apprend, il prend les choses en mains et fait dérouter le train vers le pont de Cassandra dont personne ne sait s’il est capable de supporter tout le poids du train. Manœuvre délibérée ? Certains passagers du train, dont le médiatique docteur Chamberlain, ne comptent pas se laisser faire…

Tous les éléments du genre sont réunis ici et promettaient un film tendu bourré de suspense. Manque de chance, la sauce ne prend jamais et si l’on excepte un final étonnamment noir, Le pont de Cassandra ne parvient jamais à avoir l’air de quelque chose de mieux foutu qu’un vulgaire téléfilm de luxe. Plusieurs choses sont à prendre en compte pour revenir sur l’échec artistique du film, à commencer sur un scénario avec quelques riches idées mais qui, rassemblées, n’arrivent jamais à créer l’alchimie. Déjà car on croit difficilement aux personnages dont l’écriture est assez caricaturale mais surtout parce qu’en dépit de l’allure du casting, la plupart d’entre eux ne semblent pas vraiment à l’aise dans leurs rôles. Si Sophia Loren s’en sort avec sa classe habituelle, même le charisme de Richard Harris ne parvient pas à rendre crédible son personnage de médecin s’improvisant héros et surtout il ne colle pas du tout avec Loren pour former un couple. Même chose du côté de Martin Sheen et Ava Gardner qui ne donnent pas l’impression de jouer dans le même film que O.J. Simpson, Lionel Stander ou Lee Strasberg tandis que Burt Lancaster, déjà bien âgé, donne la fâcheuse impression qu’il va mourir devant la caméra alors que plus tard, il jouera avec plus de classe et d’énergie dans L’ultimatum des trois mercenaires ou Le Merdier.

Il y a dans tout le film un manque d’alchimie évident entre le casting et la volonté du récit, incapable de savoir s’il ose le parallèle entre le train condamné et les camps de la mort via un de ses personnages ou s’il vire à la farce sentimentale ou au thriller dans le thriller. Aucun des éléments présents ici ne parvient à faire sens et la mise en scène carrément transparente de George P. Cosmatos ne vient jamais sauver le film. Entre les mains d’un John Frankenheimer, d’un William Friedkin ou d’un Robert Aldrich, le film aurait été formidable. Cosmatos n’en tire rien, aucun véritable moment de bravoure, se montrant poussif dans sa direction d’acteur et paresseux dès que de la tension est requise. On retiendra alors du Pont de Cassandra sa promesse originelle en se disant que ce serait éventuellement un bon film à remaker afin d’en proposer une meilleure vision tant il tient en son sein un potentiel énorme. On se contentera de la découverte et de quelques souvenirs cocasses du film, plus mémorable pour l’étrange relation entre Martin Sheen et Ava Gardner que pour le reste…

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