Vivre et laisser mourir (1973) :  »Un rien l’amuse, ça fait plaisir à voir »

James Bond

Lassé du rôle et de la franchise, déjà revenu pour un gros chèque à l’occasion des Diamants sont éternels, Sean Connery jette l’éponge et refuse un nouveau gros chèque pour ce huitième opus. Déjà repéré par Ian Fleming en 1962, Roger Moore, alors déjà bien célèbre pour ses rôles télévisés dans Ivanhoé, Le Saint et Amicalement vôtre, endosse donc le smoking de 007. Après un peu plus de 15 ans d’une carrière cinématographique déjà remplie mais aux titres peu connus, Roger Moore prend son envol avec James Bond. Une aubaine pour lui, une moins bonne nouvelle pour les fans puisque Moore inaugure très certainement la pire période de la saga, celle-ci reposant de plus en plus sur un côté pop décomplexé faisant fi de toute vraisemblance scénaristique. Certes, Moore (en plus des cigarettes qu’il troque par des cigares) apporte une touche humoristique en plus avec une décontraction qui va plutôt bien au rôle dans l’idée mais qui en devient vite lourdingue. Pire, Roger Moore est certainement le plus misogyne de tous les Bond, celui-ci n’hésitant pas, à déflorer sans vergogne, la James Bond Girl du film sans se préoccuper de ses sentiments. Une autre époque… qui pique un peu aujourd’hui !

L’ordre de mission

Tout juste rentré d’Italie avec à son bras (et dans son lit) une nouvelle conquête, Bond voit M en personne se déplacer chez lui pour lui demander d’enquêter sur l’assassinat de trois de leurs agents dans des circonstances mystérieuses. L’agent 007 se rend alors à New York pour retrouver Félix Leiter et verra son enquête le mener de Harlem en Louisiane en passant par l’île fictive de San Monique, dominée par les champs de pavots du docteur Kananga, le grand méchant du film.

Inspiré par le mouvement des Black Panthers, le scénariste Tom Mankiewicz (fils de Joseph L.) trouva à l’époque que c’était une bonne idée de confronter Bond à un méchant Noir. Nulle trace de génie là-dedans, simplement une idée opportuniste permettant à la production de s’aventurer à Harlem en misant sur pas mal de clichés. Bizarrement construit, le film mêle humour lourdingue (par le biais du shériff Pepper, qui reviendra dans L’homme au pistolet d’or) et culture vaudoue avec une pointe de fantastique. Pas vraiment digeste, le mélange est curieusement mou, Guy Hamilton (déjà à l’œuvre pour Goldfinger et Les diamants sont éternels) semblant peu inspiré, si l’on excepte un bref instant dans une ferme aux crocodiles et une course-poursuite à hors-bord.

Antagoniste

Dirigeant de l’île de San Monique, le docteur Kananga est en réalité un truand et trafiquant de drogue dont le seul but est de se faire énormément d’argent. Pour cela, il veut envahir les rues d’héroïne qu’il distribuerait de façon gratuite, créant un monopole et un manque qui lui assurerait ensuite de contrôler les rues. Un plan finalement aussi peu marquant que le personnage (qui finira par mourir d’une façon très gonflée), pourtant interprété par Yaphet Kotto, excellent second couteau des années 70 et 80, surtout connu pour son rôle dans Alien en 1979. C’est avant tout les deux hommes de main principaux de Kananga qui marquent les esprit, le premier d’entre eux étant muni d’une terrible crochet en guise de main droite, l’autre n’étant rien de moins qu’appelé le Baron Samedi, le plus connu et le plus terrible des esprits vaudous dont la présence n’a guère d’intérêt, s’avérant cependant marquante pour les plus jeunes spectateurs du film.

James Bond Girl

Après avoir convolé de façon légère et impertinente avec Rosie Carver, une agent de la CIA afro-américaine (une première pour Bond avec des scènes qui furent censurées en Afrique du Sud) dont le traitement scénaristique suinte la misogynie (elle y est décrite comme incompétente et froussarde), c’est bien Solitaire la James Bond Girl du film. Cartomancienne assistant Kananga dans ses plans (c’est grâce à ses dons que Kananga a pu trouver et exécuter les agents au début du film), consciente de sa place de prisonnière, elle sera libérée par Bond qui lui fera découvrir les joies de l’amour. Bien que Jane Seymour (notre célèbre docteur Quinn dont c’est ici le véritable premier rôle marquant, à l’âge de 22 ans) soit très belle, le scénario ne lui donne jamais rien de concret à se mettre sous la dent, la pauvre Solitaire se contentant d’être dépeinte comme une femme à sauver et heureuse de découvrir les joies de l’amour, déclarant à Bond à la fin du film qu’elle se sent enfin comme une vraie femme. Une époque beaucoup plus misogyne, on vous le dit !

Section Q

Absent du film, Q n’en est pas moins présent pour aider Bond puisqu’au début du récit, par le biais de M, il donne à Bond une montre un peu spéciale. Celle-ci contient en effet un aimant très puissant qui permettra à Bond de se tirer de plus d’une situation périlleuse (même si à un moment, le scénario s’amuse de l’incapacité du gadget à le tirer de tout) et fera même en prime office de scie circulaire à la toute fin du film ! Le seul gadget du film mais très pratique !

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