Beaux-Parents : un joyeux vaudeville

La comédie populaire française…en voilà un sujet sur lequel il y a matière à débattre. Pour les bien-pensants élitistes, ces films sont le bas font de ce que le cinéma français peut proposer. C’est un cinéma qui n’a sa place que pour amuser la masse populaire jugée trop crétine pour daigner adhérer à un tout autre format. Constat amer, mais pourtant bien réel, de ce qui peut ressortir des discussions animées autour de ce genre de cinéma. Ces personnes à la tête de certains canards qui nous débectent au plus haut point, qui ne tolèrent en aucun cas qu’un spectateur puisse apprécier ce genre de cinéma, mais tout autant aimer des œuvres plus intimistes. Il va sans dire que si vous avez aimé un film comme Beaux-Parents, vous ne saurez jamais apprécier ce qu’ils considèrent comme le « vrai » cinéma. Comment est-ce possible d’aimer autre chose ? Il faut croire que l’ouverture d’esprit, l’amour du cinéma dans sa globalité et la manière dont nous nous approprions les œuvres ne font pas parti des codes déontologiques du parfait cinéphile pour ces esprits étriqués. Qu’importe, ici, à Close-Up, nous nous sommes toujours congratulés d’aimer tous les cinémas. Et puis, soyons honnête quelques minutes, nos vies seraient d’un glauque abyssal s’il fallait que nous ne nous contentions que de films signés Herzog, Malick et autres Kechiche. En dépit de notre admiration pour ces réalisateurs, nous serions réduits à n’aimer que des œuvres contemplatives où l’art de filmer des culs en gros plans pendant 15 minutes serait l’unique légitimité à l’existence du 7e art. Pardonnez notre langage charretier et fleuri, mais nous ne sommes absolument pas d’accord avec cette manière de penser… mais arrêtons de divaguer ni de nous justifier quant à l’existence de cette critique et attaquons le vif du sujet.

Beaux-Parents est le second long-métrage réalisé par Héctor Cabello Reyes. Scénariste de films aux qualités diverses et variées comme Poltergay, Incognito, Barbecue ou 7 Jours Pas Plus (son premier long-métrage), il semble vouer une certaine affection pour la comédie. Qu’elle soit potache, vaudevillesque ou plus singulière, la comédie est un genre qu’il parcoure dans tous les sens depuis plus d’une dizaine d’années. Pour son nouveau film, il co-écrit avec Bénabar. Beaux-Parents raconte l’histoire d’Harold qui, de retour d’un voyage d’affaire, se fait larguer par sa petite amie, Garance, car cette dernière pense qu’il l’a trompé avec Chloé, la femme de son patron et meilleur ami. Victime d’un malentendu monstrueux, Harold essaie de plaider sa cause tant bien que mal, mais Garance ne veut rien entendre. La décision de cette dernière n’est pas du tout du goût de ses parents qui vont tout faire pour aider leur gendre à revenir dans la famille.

Vaudeville dans la pure tradition du genre, Beaux-Parents ne lésine jamais sur les quiproquos croustillants. La force d’écriture du duo Cabello Reyes et Bénabar fait mouche à peu près à chaque fois. Un parcours presque sans faute s’il n’y avait pas eu sa fin alambiquée et quelque peu abrupte. La résolution des problèmes se fait de manière bien trop facile, mais nous sommes peut-être trop gourmand pour le coup. Beaux-Parents, dans sa première heure, enchaîne les stéréotypes de la comédie vaudevillesque sans jamais réinventer le genre, certes, mais avec une efficacité troublante. On ne s’ennuie jamais devant le film. On se délecte cruellement de voir le gendre jouer les amants du placard malgré lui, on rie de bon cœur. Ce rire, on le doit à une palette de comédiens exemplaires. Si le couple Bourdon et Balasko s’en sort à merveille (les deux comédiens ont fait leur preuve dans le genre et nous servent des scènes délectables, dont une dans un restaurant absolument prodigieuse), on soulignera surtout l’implication d’un Bénabar en pleine forme. Le chanteur déploie des talents de comédie insoupçonnés que nous avions déjà aperçu à l’époque dans Incognito. Il rentre aisément dans la peau de ce gendre parfait sous toutes les coutures. Ce rôle de « monsieur tout le monde » à qu’il arrive tant de malheurs et qui n’avait rien demandé à personne lui sied à merveille.

Bien sûr que, techniquement, Beaux-Parents demeure banal au possible. Ce n’est pas le genre de film que nous allons regarder pour ses prouesses visuelles. En revanche, Beaux-Parents se place comme une comédie relativement qualitative qui saura être appréciée en famille à sa juste valeur. La force du film réside dans sa capacité à savoir faire rire le spectateur sans jamais le forcer maladroitement. Comme une bonne pièce de théâtre (à qui le vaudeville a tout emprunté), le cadre importe peu, on y va pour le talent des acteurs. Et force est de constater que Beaux-Parents s’en sort avec tous les honneurs de ce point de vue là. Le casting est formidable et est la valeur sûre du film que nous vous conseillons sans modération disponible en DVD chez Orange Vidéo depuis le 23 octobre 2019.

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