Au Service Secret de sa Majesté (1969) : « Ça, ce n’est jamais arrivé à l’autre »

James Bond :

Sean Connery a tiré sa révérence dans la peau de James Bond après cinq films. Il est temps pour les producteurs de le remplacer. Mais par qui ? Telle est la grande question. Suite à On ne vit que Deux Fois, il est question déjà de Roger Moore (en contrat à la télévision) et même de Timothy Dalton, alors âgé de 22 ans. C’est l’acteur lui-même qui refuse le rôle se sentant trop jeune, pas assez robuste encore pour le rôle.
C’est en allant chez le coiffeur qu’Harry Satlzman repère son futur James Bond. Comme un coup du destin, car George Lazenby est chez le coiffeur ce jour-là prêt à partir après avoir demandé la coupe de Sean Connery. Le célèbre producteur se stupéfait de trouver son James Bond ici.
George Lazenby est, à la fin des années 1960, le mannequin masculin le plus prisé d’Europe. Il a été l’image pour toutes les plus grandes marques. Il se permet le luxe de demander un cachet de 3000 livres Sterling pour vanter la marque de chocolats Big Fry, ce qui lui permettra de s’acheter une Aston Martin.
George Lazenby devient alors le successeur de Sean Connery sans faire quelques fracas dans le milieu. Connery était devenu une star à l’époque, il était James Bond un point c’est tout. Lazenby doit donc faire ses preuves. Ce qui n’est pas gagné avec son accent australien au couteau faisant craindre le pire à Saltzman. Mais il finira par s’imposer, malgré le fait qu’Au Service Secret de sa Majesté soit sa seule incarnation de 007 à l’écran. L’acteur australien s’en mordra les doigts par la suite, sa carrière d’acteur étant peu reluisante, sa participation en tant que James Bond étant son seul réel fait de gloire. Peut-on seulement citer ses participations aux téléfilms érotiques mettant en valeur Sylvia Kristel dans la peau charnelle d’Emmanuelle ou sur la série Le Caméléon où il incarnait le père de Jarod, héros de la série. 

L’ordre de mission :

Depuis les événements du Japon, James Bond pourchasse Blofeld un peu partout. Au début de ce sixième film, il est en voiture sur les routes portugaises. En observant une femme sur la plage, il court la secourir pensant à une tentative de suicide avant de se voir opposer à des hommes de main. Apprenant qu’il s’agit de la Comtesse Teresa de retour à l’hôtel, il la sauve une deuxième fois en payant ses dettes de Casino. Le lendemain, après avoir passé la nuit ensemble, Bond est amené par des hommes de main au père de la jeune femme, Marc-Ange Draco, chef de l’union corse, qui lui demande d’épouser sa fille contre 1 million de dollars. Ce que Bond refuse, avant de se raviser, mais contre des renseignements sur Blofeld, Draco ayant des relations dans le monde mafieux. Bond retrouve Ernst Stavro Blofeld en Suisse travaillant sur un agent bactériologique (virus Omega) pour stériliser l’approvisionnement alimentaire du monde  : pour arriver à ses fins, il compte utiliser un groupe de jeunes femmes qu’il appelle les «  Anges de la Mort  » et à qui il a fait subir un lavage de cerveau dans le but de répandre le virus sur toute la planète.
Au Service Secret de sa Majesté est l’un des plus longs films de la série affichant 2H22 au compteur. Une durée que l’on voit pas passer, le film étant habilement mené par Peter Hunt, ancien réalisateur de seconde équipe et monteur officiel des précédents James Bond. Ce qui se ressent grandement par une mise en scène réfléchie et rythmée. Surtout que ce sixième long-métrage voit pour la première fois des séquences de ski assez folles pour l’époque. La dernière partie du film alignant deux séquences de courses-poursuite à ski d’une rare modernité. Il n’y a que dans la série des James Bond où l’on pouvait voir de telles cascades à l’époque, deux autres films 007 répétant ses mêmes exploits avec Rien que pour Vos Yeux (1981) et Le Monde ne Suffit Pas (1999). Ce dernier titre comme un clin d’œil à Au Service Secret de sa Majesté où Bond fait appel à L’institut des Armes de Londres pour mieux s’infiltrer chez Blofeld, et l’homme lui apprenant les armoiries de la famille Bond « Orbis-Non-Sufficic » (The World is not Enough), repris comme titre pour le 19e opus de la saga.

L’antagoniste :

Et revoilà Blofeld pour ce nouveau film après avoir lancé des missiles d’un Volcan au Japon. Cette fois, le méchant se niche dans un ex-complexe sportif sur le sommet des Alpes Suisse. Dans ce nouveau film, il prévoit de disperser un virus qui créera une stérilisation mondiale. Un plan de nouveau totalement fou, à l’image du personnage qui recherche dans le même temps ses filiations généalogiques et retrouver ses armoiries. Ce dont James Bond se servira pour s’infiltrer et comprendre ce qu’il trame entouré de jolies jeunes femmes, dont Blofeld a lavé le cerveau pour en faire des « Anges de la Mort ».
Après Donald Pleasance, c’est Telly Savalas qui reprend le rôle de Blofeld, parfait dans le rôle, mais dont on peine finalement à se souvenir. En 1969, Savalas est déjà une gueule du cinéma internationale. Il a commencé sa carrière en 1960 dans la série Les Incorruptibles, puis au cinéma dans Mad Dog Call. L’acteur américain d’origine grecque est populaire pour ses multiples seconds rôles dans Les Douze Salopards de Robert Aldrich, L’Or des Mckenna en 1969, De l’Or pour les Braves avec Clint Eastwood, La Cité de la Violence de Sergio Sollima ou encore Terreur sur le Shanghaï Express sorti en 1973.
Telly Savalas est aussi connu pour le rôle du flic Kojak dont il a porté le chapeau près de cinq saisons entre 1973 et 1978. C’est le rôle qui marquera sa carrière, flic à la sucette coincé dans un coin de bouche arpentant le New-York malfamé des 70′. Il meurt à l’âge de 72 ans en 1994 des suites d’un cancer de la vessie et de la prostate.

James Bond Girl :

Saltzman et Broccoli ont l’idée d’engager une James Bond Girl reconnue et populaire pour contre-balancer avec l’arrivée d’un acteur inconnu dans le costume de James Bond. Diana Rigg hérite du rôle en sortant de la série, Chapeau Melon et Botte de Cuir, en 1968. Une série en vogue devenue culte depuis, où elle a incarné pendant trois saisons le fameux rôle d’Emma Peel. Diana Rigg est une star de la télévision à l’époque qui ne connaîtra malheureusement peu de succès au cinéma. Outre sa participation au sixième James Bond avec George Lazenby (le couple se détestant farouchement sur le plateau), on retient Théâtre de Sang avec Vincent Price en 1973 ou Meurtre au Soleil, aventure d’Hercule Poirot réalisé par Guy Hamilton en 1982, réalisateur de quelques James Bond avec Sean Connery.
La majeure partie de sa carrière d’actrice se déroulera à la télévision anglaise avec comme point d’orgue, son rôle de Lady Olenna Tyrell dans 18 épisodes de Game of Thrones entre 2013 et 2017.

La Section Q :

Pas de gadgets dans Au Service Secret de sa Majesté, Bond opérant de son côté sans faire appelle à Q. On peut entr’apercevoir dans l’introduction du film le fusil à lunette démontable de Bons Baisers de Russie ou l’utilisation en milieu de film d’un décrypteur de coffre massif pour ouvrir le coffre de l’avocat du Comte de Bleuchamps.
Reste que Bond se déplace en Aston Martin DBS sans le moindre gadget qui se verra être le théâtre de la mort de Tracy devenue Madame James Bond dans une conclusion dramatique, peut-être la plus vive séquence de toute la saga. Blofeld et Frauleïn Bunt tuent la jeune femme en route pour sa lune de miel avec James Bond en fusillant la voiture alors que 007 démissionnaire enlève les fleurs du mariage sur la voiture sur le bord de la route.
À savoir que cette séquence devait être à l’origine l’ouverture du film suivant, Les Diamants sont éternels. Mais apprenant l’abandon du rôle par George Lazenby en cours de tournage, les producteurs durent rajouter la séquence et rallonger le film pour coller à la vraisemblance des faits, Sean Connery reprenant le rôle pour un dernier tour d’honneur deux ans plus tard. Clairement, l’acteur et la production auraient pu s’abstenir. Mais cela est une autre histoire.

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