Retour à Zombieland : La Madeleine de cette fin d’année

Dix ans se sont écoulés, déjà, depuis que nous avions découvert Zombieland, son univers à priori archi rebattu, qui pourtant, par le charme irrésistible de ses personnages et la tendresse qui se dégageait du regard du cinéaste, avait réussi à se frayer un chemin dans notre cœur de spectateurs blasés par des années d’avatars plus ou moins inspirés dans le genre zombiesque. Et ce qui frappe d’emblée lorsque débute ce nouvel épisode, c’est bel et bien cette impression étrange et fort plaisante de retrouver de vieux amis, et de se rendre compte qu’ils nous avaient bien manqués, alors même que personne ne réclamait vraiment ce retour. La voix off de Jesse Eisenberg s’en amuse d’ailleurs, nous remerciant d’avoir choisi ce film, et nous réintroduisant en douceur dans ce monde qui, en une décennie, a bien évolué. Nous présentant chaque catégorie de zombies, avec un humour assez ravageur, le récit débute sur les chapeaux de roue, avec un générique furieux et jouissif sur fond de Metallica, où les massacres de zombies se font au ralenti, dans la joie et l’allégresse, à coup de giclures de sang généreusement déversées.

Mais la question se posant d’emblée consiste à savoir comment les scénaristes vont bien pouvoir justifier ce projet, au-delà du plaisir en forme de Madeleine à retrouver ces acteurs, depuis bien identifiés auprès du grand public. Car si le premier film s’était avéré une très chouette surprise en son temps, il brillait plus par sa candeur et l’attachement que l’on pouvait éprouver pour ses personnages que pour son récit assez lâche, manquant clairement d’enjeux. Et il faut bien reconnaître que c’est encore sur cet aspect précis que cette suite va pécher, semblant se reposer uniquement sur le capital sympathie déjà acquis auprès du spectateur. On retrouve donc nos personnages, avec leurs personnalités bien marquées, et si le couple Columbus-Wichita a bien évidemment évolué, la différence la plus notable concernera Little Rock, désormais une jeune femme ne supportant plus le comportement paternaliste de Tallahassee, et voulant rencontrer des personnes de son âge. Ce qui arrivera rapidement, l’amenant à disparaître du récit, l’enjeu principal consistant donc pour les autres à la retrouver, dans une sorte de cocon hippie rempli de jeunes non armés pensant pouvoir vivre à l’abri des dangers de l’extérieur. On notera principalement l’apparition d’un nouveau personnage réjouissant, en la jolie personne de l’actrice Zoey Deutch, irrésistible cruche blonde apportant un peps et un humour non négligeables, et véritable plus par rapport à l’humour un peu redondant induit par les autres personnages.

Pour le reste, le récit assez mince alternera donc, sur un rythme en dents de scie, entre bavardages comiques sans doute improvisés en partie, ramenant au style des productions Apatow, et dézinguages sanglants de zombies, ce qui est à la fois la force et la faiblesse du film. En effet, jamais le réalisateur Ruben Fleisher ne prend son récit de haut, et ne prétend aller au-delà du plaisir immédiat induit par son univers. Forcément, le spectateur déjà au fait de ce dernier, ayant apprécié le premier film, prendra plaisir à se retrouver en terrain connu, et à suivre ces personnages fidèles à l’image que l’on avait gardé d’eux, et l’on se dit à la fin que l’on pourrait tout à fait en reprendre pour un coup, tant ils nous sont devenus familiers. Mais cela entraine également de véritables baisses de régime, relancées par des moments de furie à intervalles réguliers, mais empêchant une véritable unité, et peut-être justification à ce nouveau film.

On prendra donc le plaisir où il est, sans chercher autre chose qu’un divertissement honnête, réalisé avec style (on remarque un très beau plan séquence chorégraphié à la perfection), photographié par le très doué Chung Chung-hoon (collaborateur de longue date de Park Chan-Wook, notamment sur les deux dernier opus de sa trilogie de la Vengeance, ce qui veut tout dire), riche de moments de drôlerie, ou d’autres plus attendrissants, et l’on finira le film de la même manière que le premier, avec un large sourire aux lèvres, et une envie furieuse de retrouver cette petite famille au plus vite. L’aspect zombies est donc une fois de plus secondaire, juste prétexte à saillies gores amusantes et à développer autour une énième réflexion sur cette éternelle recherche d’une famille, de celle qu’on se choisit. Pas follement novateur, mais en tant que divertissement noble et inoffensif, ça fait tout à fait le job.

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