Terminator Renaissance : Une possibilité salvatrice.

Après l’opus 3 – Le Soulèvement des Machines – la saga Terminator avait cruellement besoin d’une renaissance. Le final du film réalisé par Jonathan Mostow laissait présager un virage apocalyptique, car rappelons-le, le jugement dernier avait bien lieu avec quelques années de retard sur les prévisions.
Après avoir envisagé le retour de toute l’équipe du Soulèvement des Machines, outre Arnold Schwarzenegger en plein rôle de gouverneur de la Californie, c’est un renouvellement total qui est délibéré après un énième rachat de la licence par Halcyon Company, Kassar et Vajna ayant fait banqueroute entre-temps. Est alors engagé McG qui sort de deux succès avec l’adaptation des Drôles de Dames avec Cameron Diaz. McG qui s’est depuis évanoui en réalisant des téléfilms pour Netflix. Un faiseur talentueux désavoué par l’échec retentissant de ce Terminator et de ses films suivants, dont sa pitoyable collaboration avec Luc Besson et Kevin Costner sur 3 Days to Kill, échec pathétique en dépit de quelques fulgurances formelles.

Pour sa peine, Terminator Renaissance a subi une production chaotique qui explique en partie son échec. Dès le départ, personne n’a su aborder le long-métrage sous le bon angle. Suite franche et directe, remake ou préquelle, c’est cette dernière option qui est choisie.
Renaissance narre le combat de la résistance face aux machines sous l’égide de John Connor, prophète d’une population démunie en quête d’espoir. Le film se déroule en 2018 et la Terre est dévastée à l’image de Mad Max 2 ou du Livre d’Eli. Loin du bleu apocalyptique de James Cameron dans les deux premiers films, McG, choix dès le départ, opte pour une ambiance sèche, voire crépusculaire à la lignée d’un western sauce robot que l’on peut aujourd’hui retrouver dans la série Westworld. Après une introduction en 2003 qui se répercutera sur la fin dramatique du film, le spectateur est projeté d’emblée comme un acteur majeur du spectacle. McG nous plonge à la première personne dans sa mise en scène tel un FPS de cinéma pour totalement intégrer le spectateur dans l’ambiance. C’est saisissant notamment dans la séquence de crash de l’hélicoptère en introduction où clairement nous sommes John Connor. Si la prise de position est parfois déroutante, le spectateur devant être vigilant sur des détails épars pour avancer dans le récit, le spectacle en ressort grandiose prit au cœur d’une aventure trépidante.

Terminator Renaissance est un blockbuster soigné et enlevé. Mais l’ombre d’un scénario mal agencé ternit le plaisir coupable qu’il est. Pour mieux comprendre ce problème, il faut savoir que le scénario a subi moult points de vue et beaucoup de réécritures. Le film étant même repris au jour le jour par McG pour imposer Christian Bale dans le rôle de John Connor. L’acteur gallois, interprète du Batman de Nolan, est à l’époque la superstar du box-office. Ce Terminator se repose essentiellement sur sa notoriété, lui qui avait signé au départ pour le rôle de Marcus. Dans les premières versions du film, John Connor est bien plus en retrait devant même mourir à la fin du film. Mais pour des questions de raccords avec les précédents films et ne pas se mettre à dos les fans, l’histoire sera mise en conformité avec la mythologie. Tout comme la participation de John Connor qui devient avec l’arrivée de Christian Bale le héros du film aux côtés de Marcus, dont le rôle a été confié au jeune Sam Worthington. Pour donner de la matière à Connor, ce n’est rien de moins que Jonathan Nolan qui corrige le scénario.
John Connor a alors du coffre permettant à Christian Bale d’incarner l’un de ses personnages les plus badass. L’acteur va alors s’y appliquer en serrant la mâchoire et meugler ses répliques avec un premier degré déconcertant. Sérieux, même trop pour sa concentration, le tournage du film sera le théâtre d’une crise et d’insultes de la part de Bale qui reproche au directeur de la photographie, Shane Hurlbut, de marcher sur le plateau et vérifier ses lumières pendant une prise. Un fait qui fera les choux gras de la presse à l’époque, l’enregistrement étant divulgué par un ingénieur du son. 

Terminator Renaissance reste une sacrée proposition après un troisième opus s’étant reposé sur ses acquis en dépit de la volonté de Jonathan Mostow à vouloir bien faire. Même cas de figure ici avec McG qui embrase le film d’une virtuosité scotchante, quand bien même le scénario ne suivant pas du tout l’énergie de son orchestrateur. Terminator Renaissance subit un scénario aux multiples points de vue. Réécritures et deux héros pour le prix d’un, John Connor marchant sur les plates-bandes de Marcus, héros originel du film. Puis parlons d’Anton Yelchin en Kyle Reese, grande idée de le faire revenir pour appréhender son départ potentiel pour le passé et de faire croiser fils/père lors d’un échange de regards assez intense, surtout en plein combat avec le T-800. Mais l’acteur est bien trop jeune et frêle pour incarner ce soldat robuste et abîmé par cette guerre devant partir pour le passé et réécrire l’histoire.
Échec cuisant lors de sa sortie en salles, Renaissance n’a clairement pas eu sa chance, le film étant l’introduction idoine d’une potentielle trilogie à la Star Wars pour une première victoire cruciale contre Skynet. Certains personnages ne sont à peine effleurés en termes d’approche, comme Kyle Resse (encore !) ou Kate incarnée par la sublime Bryce Dallas Howard, réellement enceinte jusqu’au cou et signe d’espoir au cœur de ce combat douloureux pour la survie des humains face aux machines. Terminator Renaissance est donc une histoire sans lendemain, une pastille post-apo survitaminée qui souhaite bien faire au milieu de ce vaste champ de bataille que fut la production épique et corrompue du film.

2 Rétroliens / Pings

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