Little monsters : La vie est belle avec des zombies

Soyons clairs d’emblée, afin de dissiper tout malentendu. Il ne faut nullement regarder ce film en ayant à l’esprit que l’on va voir un film de zombies énervés. Certes, les zomblards dalleux sont bien présents, et les plans de festins gores habituels également, mais comme si le réalisateur à la barre avait conscience de l’aspect routinier de tous les clichés accolés au mythe, il en joue très rapidement afin de les éjecter une bonne fois pour toutes et de pouvoir se focaliser sur ce qui l’intéresse visiblement plus que le reste, son portrait de loser magnifique. Et c’est plutôt sur ce point que nous axerons cette critique, cet aspect de l’intrigue étant ce qui nous a semblé le plus intéressant, le reste étant certes rigolo mais tellement rabâché qu’il est difficile de se sentir réellement concerné par les images.

Nous suivons donc, Dave, exemple typique de l’adultescent coincé dans ses rêves d’antan, se croyant musicien, et fraîchement séparé de sa compagne qui voulait un enfant. La première scène du film est assez savoureuse, montage vif et drôle d’engueulades de couples, nous permettant de cerner facilement le personnage à coup de répliques vachardes et cinglantes, mais sans vulgarité, ce qui rend le film immédiatement sympathique. Obligé de squatter chez sa sœur, il va se retrouver, afin de redorer quelque peu son image de jm’en foutiste parasite, mais surtout pour séduire l’institutrice de son neveu, à accompagner volontairement la classe de ce dernier lors d’une sortie éducative dans une ferme voisine. Evidemment, c’est là que l’intrigue va se mettre en place, avec tous les clichés habituels du genre, la zone militaire, le virus, les zombies s’échappant … Le petit plus se situera dans l’astuce rigolote consistant à épargner la sensibilité des enfants en faisant passer tout ce carnage pour un gigantesque jeu de rôles. Ce qui nous évoque donc une sorte de « La vie est belle » (version Benigni, bien entendu) où les zombies auraient remplacé les nazis. Là est la petite pointe d’originalité, ce qui donnera lieu à des situations plutôt savoureuses.

Ce qui surprend dans un premier temps, c’est cette sensation de s’être trompé de film, tant le ton de comédie douce amère ne colle pas du tout à ce que l’on pensait être venu chercher. On s’attend à une comédie un peu bourrine rentrant vite dans le vif du sujet, et cette façon de différer au maximum l’arrivée des zombies n’est pas sans séduire, car il faut le reconnaître, nous sommes tout de même un peu blasés par les cadavres sur pattes, à force de déclinaisons plus ou moins convaincantes, mais la plupart du temps désolantes de paresse scénaristique. Ici, nous serons au moins reconnaissants aux instigateurs du projet d’avoir eu conscience du manque d’originalité du genre investi, et d’y avoir mis des éléments un peu neufs. Ainsi, voir ces charmants bambins croire à un jeu n’est pas sans provoquer des moments attendrissants, bien utiles ici.

Bien sûr, nous n’irons pas jusqu’à vendre un chef d’œuvre novateur, et cette envie humble et sincère de ne pas nous infliger les clichés habituels peut également se retourner parfois contre le film, à force de négliger ouvertement l’aspect horrifique du projet. Cela entraîne une certaine stagnation du récit, des moments répétitifs, et nous noterons également la présence d’un personnage lourdaud en la personne de Teddy McGiggle, interprété par Josh Gad, élément soi disant comique, idole des enfants, mais en vérité un enfoiré grossier, sexiste et individualiste à l’extrême, concentrant plusieurs clichés à lui tout seul, et qui malgré quelques rires coupables, finit par lasser.

Nous préférons de notre côté les prestations sympathiques de Alexander England, génial loser auquel il est facile de s’identifier, et dont le parcours émotionnel fonctionne parfaitement, ainsi que de Lupita Nyong’O, sublime et attachante, et forcément l’institutrice dont on aurait tous rêvé.

Au final, si le film ne révolutionne rien et ne prétend pas le faire, il a au moins le mérite de faire des choix narratifs nous épargnant la routine du genre, et son ton de comédie douce amère en fait donc tout le charme, peut-être un peu évanescent, mais réel, et c’est bien le principal.

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