La fameuse invasion des ours en Sicile : Un festin pour les yeux

C’était l’une des perles qui avait enchanté la section Un Certain Regard du festival de Cannes en mai dernier. La fameuse invasion des ours en Sicile, premier long-métrage d’animation de l’illustrateur italien Lorenzo Mattotti, sort enfin dans nos salles et devrait régaler petits et grands, combinant exigence artistique, fantaisie débridée et conte rempli de poésie sans jamais prendre ses jeunes spectateurs par la main.

En adaptant le conte de Dino Buzzatti, Lorenzo Mattotti avait déjà devant lui une matière foisonnante dans laquelle piocher. Le scénario écrit par Jean-Luc Fromental et Thomas Bidegain (qui double également l’un des personnages) prend le parti d’ouvrir le récit par un ménestrel et sa fille qui, passant la nuit dans une grotte pour se protéger du froid, rencontrent un ours. Peu désireux de se faire dévorer, ils décident alors de raconter à l’ours l’histoire de cette fameuse invasion des ours en Sicile…

Il n’en faudra guère plus au spectateur pour se plonger avec délice dans cet univers coloré, à la fois fantaisiste et inquiétant, empruntant aussi bien à la comedia dell’arte qu’au récit d’aventure. En effet, le récit est enlevé, rythmé de bout en bout, pétri d’une gourmandise de la narration (les péripéties s’enchaînent) et de l’animation, chaque séquence, qu’elle soit pensée en 2D ou en 3D, réservant son lot d’émerveillement. C’est d’ailleurs bien le maître mot de ce superbe film, l’émerveillement, constant du début jusqu’à la fin, chaque image faisant preuve d’une inventivité folle tout en se cadrant parfaitement à son histoire.

Très drôle, La fameuse invasion des ours en Sicile, comme tout conte qui se respecte, ne se dispense pas moins d’un peu de gravité, qui au-delà de son incessante poésie jusque dans sa façon d’aborder la mort, vient poser une réflexion acerbe sur la pratique du pouvoir, dont le rayonnement peut corrompre jusqu’au plus brave des ours. Ces ours-mêmes qui, finissant par réaliser que leur place est loin des humains, ne font que retrouver leur âme en regagnant leur montagne. Sans jamais insister sur cette leçon à tirer, le film en fait son cœur mais dispense son énergie à divertir de la façon la plus noble possible, sans jamais perdre de vue l’essentiel mais avec des images imprimant la rétine à jamais.

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