Nous connaissons tous Jean Seberg pour À Bout de Souffle et ses va-et-vient en compagnie de Jean-Paul Belmondo sur les Champs-Elysées, le New York Herald Tribune sous le bras. Mais connaissions-nous la femme ? Ses engagements et ses maux ? Les démons qui envahissaient la jeune femme et ses convictions qui l’emmenaient sur des terrains boueux ?
C’est un non clair. Jean Seberg est immortalisée à jamais dans le chef d’oeuvre de Godard, mais elle s’est évanouie à petit feu dans les limbes d’un cinéma d’antan après son suicide tragique en 1979 dans des conditions encore douteuses.
Quel est l’intérêt donc de produire un biopic sur Jean Seberg ? Son histoire est certes curieuse, mais sa popularité actuelle n’est pas une condition au succès d’un film comme certains autres acteurs/actrices/artistes. Son casting va bien l’aider à trouver son public. Kristen Stewart prête ses traits angéliques à l’actrice américaine dans une période sombre pour elle. De retour aux Etats-Unis pour la promotion de La Kermesse de l’Ouest, elle s’éprend de la cause noire et s’allie avec les Black Panther après un incident dans l’avion traversant l’Atlantique. L’actrice de Sainte Jeanne d’Otto Preminger va surtout s’amouracher avec un activiste incarné par Anthony Mackie. Débute alors une période compliquée pour l’actrice, le FBI la persécutant pour briser les liens avec le groupuscule et ternir son image suite à ce rapprochement sulfureux à l’époque.
Seberg se concentre sur une période de trois années de la vie de Jean Seberg. Le film débute en 1969 pour se conclure en 1971 dans un bar et sa rencontre avec l’agent du FBI en charge des surveillances sur elle. Mais Seberg débute surtout sur l’actrice sur le bûcher de Jeanne D’Arc pour Preminger où elle sera gravement blessée faute d’un feu non-maîtrisé. Seberg qui incarne la martyre Jeanne comme parallèle évident d’une actrice tourmentée et impliquée dans les causes justes. C’est tout naturel pour elle de défendre la cause afro aux USA, mais l’époque n’y est peu propice. Les Afros-Américains sont persécutés quand la guerre du Vietnam s’apprête à révéler la boucherie du conflit. La drogue a envahie les rues pauvres des villes et les noirs sont les boucs-émissaires d’une nation en dérive. Seberg va alors s’impliquer dans un combat qui n’est pas le sien, mais surtout va nourrir une liaison passionnelle avec Hakim Jamal, activiste surveillé par les autorités. Ce qui déplaît au FBI qui suit la piste de trop près faisant dérailler l’actrice tombant peu à peu dans une paranoïa irréversible ayant forcément des répercussions sur la suite tragique de sa vie.
Seberg est la martyre d’un système oppresseur de l’époque. Un système qui se caractérise par le prisme du personnage de Vince Vaughn, carrure large et lâche se vantant d’avoir mis une raclée à son fils hippie, quand bien même il fustige sa fille avec force. Une autorité tout aussi imposante qu’il est un agent du FBI, institution toujours dirigée par J. Edgar Hoover qui s’emploiera à casser l’actrice pour la faire revenir dans le droit chemin, voire la discréditer auprès de l’opinion publique.
Il lui faudra alors le soutien irréprochable de son futur-ex mari, Romain Gary, incarné avec conviction par Yvan Attal. Une place discrète, mais importante dans le film et le destin d’une actrice révélant bien des années après une force de caractères inconnus et pourtant ayant fait scandale.
La suite de son histoire sera des plus tragiques entre la perte d’un enfant suite à une tentative de suicide et sa mort ambigüe laissant beaucoup de questions en suspens depuis 1979. Le film pour sa part se révèle d’un académisme ne s’épuisant jamais à la moindre fulgurance formelle. Benedict Andrews, le réalisateur, doit alors compter sur son casting et l’interprétation irréprochable de Kristen Stewart idéale en Jean Seberg, mais surtout investie à transmettre l’héritage d’une actrice et le soutien d’une cause faisant fi, encore aujourd’hui, d’actualité forte aux Etats-Unis et partout dans le monde, le racisme reprenant racine dans le fort humain.
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