Lucky Day : Roger Avary back on the road

Ancien compère de Quentin Tarantino, seul réalisateur ayant adapté avec réussite Bret Easton Ellis avec Les lois de l’attraction, Roger Avary avait disparu des radars en 2008 à la suite d’un tragique accident de voiture ayant coûté la vie à un de ses amis alors qu’il était au volant. Après avoir purgé une peine de prison de huit mois, le cinéaste avait retrouvé le chemin des écrans en travaillant sur la série XIII mais il aura fallu attendre 2019 pour qu’il nous gratifie d’une nouvelle réalisation, à savoir Lucky Day produit par le défunt Samuel Hadida.

Ce qui frappe avant tout dans Lucky Day, c’est combien Roger Avary semble rattraper le temps perdu avec ce film. Pensé comme une suite à Killing Zoe (on y retrouve quelques liens), retravaillé depuis pour caler de plus près à l’expérience du cinéaste depuis sa sortie de prison, le film a tout l’air d’être réalisé en direct des années 90 comme si le temps ne s’était guère écoulé depuis Killing Zoe. Une démarche casse-gueule mais qu’Avary embrasse avec un premier degré d’une sincérité désarmante, presque naïve, utilisant des ressorts qui faisaient mouche dans toute une série de films post-True Romance et Pulp Fiction.

Avec ces allures, Lucky Day aurait pu tomber dans les bacs de DTV sans jamais briller mais Roger Avary a tant d’envie de cinéma et de méchanceté à revendre qu’il fait de son film un pur délire pulp, truffé de personnages hauts en couleur (avec une mention tout à fait particulière au trop rare Crispin Glover, composant un personnage de psychopathe glaçant parlant avec un accent français hilarant) où tout le monde en prend pour son grade, des pervers tâchant d’user de leur influence pour coucher aux critiques d’art parvenus dont les tripes finissent par recouvrir les tableaux d’une exposition lors d’une fusillade furieusement réjouissante.

Certes, une impression de déjà vu permanente plane sur le film avec son héros sortant de prison (Luke Bracey, étonnamment impeccable) et qui se retrouve déjà aux prises avec des ennuis, ses seconds rôles improbables (Nina Dobrev en femme à qui on ne la fait pas, Mark Dacascos et Tomer Sisley réunis dans une même scène, Clifton Collins Jr. en agent de probation tenace,) et ses petites touches d’humour parfois balourdes. Mais il n’empêche que la bonne humeur et l’énergie se dégageant de l’ensemble font de Lucky Day une œuvre suffisamment fun pour valoir le détour, permettant de remettre Roger Avary en selle pour, on l’espère, une carrière qui lui permettrait de se réattaquer à sa fameuse adaptation de Glamorama.

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