The Boys – Saison 1 : De sales petits gars !

Le comics de Garth Ennis eut l’effet d’une bombe lors de sa parution en 2006. Après s’être occupé de Preacher, Constantine ou avoir dynamisé Punisher pour Marvel, Garth Ennis propose à DC Comics, The Boys. L’histoire d’une nation vivant au gré des actions de ses supers-héros stars qui se révèlent être de sacrés salopards dès la caméra éteinte. Des héros capricieux et opportunistes ne pensant qu’au sexe et à l’argent, quand ils ne tuent pas pour leurs propres plaisirs ou ne violent pas les petites nouvelles tout en s’injectant toutes formes de drogues. Les héros de Garth Ennis n’ont pas fière allure du moment que les spots ne sont pas braqués sur eux. DC Comics vendra rapidement les droits du titre à Dynamite après avoir découvert le produit laissant l’excellente série s’épanouir chez un indépendant. Cette dernière est évidemment un franc succès conclu en six tomes deluxes complexes à trouver aujourd’hui sans dépenser une fortune. Espérons que l’adaptation par Prime Vidéo donne de bonnes idées à Panini Comics de republier le comics, surtout vu le succès de la série sur la plateforme VOD.

Il va sans dire que la série n’adapte pas tel quel le comics. Cette saison, certes fidèle, expurge le gras violent et sexuel ou traite certains points graveleux – potentiellement à censurer – de façon intelligente et soutenue. Le fan/spectateur ne perd peu au change tant l’esprit du comics est repris et conservé. Mais, car forcément il y a un « mais », The Boys ne captive pas. Au grand jamais nous ne sommes poussés à « binge-watcher » la série. Supervisé par Eric Kripke (Supernatural), The Boys – Saison 1 ne séduit jamais n’élevant peu ou proue le niveau de sa narration au fil des 8 épisodes. Ce n’est point la lecture du comics qui a joué en sa défaveur (pas relu depuis 2015), mais par cette impression pantelante que la série dégage. Elle est lourde, n’enchantant jamais par des péripéties iconiques. La série s’offre quelques fulgurances comme la séquence déchirante de l’avion ou violence de l’attaque du Protecteur de la base des terroristes. Mais The Boys préfère dénoncer notre société par des parallèles évidents que de construire un récit tendu et un tant soit peu original.

The Boys ne cherche pas à divertir, mais à prendre le contre-pied du système Marvel créant des icônes merveilleuses de cinéma avec une vile hypocrisie. Ici, sous l’apparence des héros DC Comics (Le Protecteur → Superman / Reine Maeve → Wonder Woman / The Deep → Aquaman / A-Train → The Flash), elle prend à la gorge le système Marvel et sa toute-puissance si justement les héros étaient bien réels  ? Stars de comics, vedettes de cinéma et icônes pop auprès d’un public naïf de personnalités aux égos démesurés et susceptibles. Drogues, bêtises humaines et mensonges permanents qui découleraient sur un second Watergate si les histoires se déroulant dans cette immense tour se voyaient divulguées. Cette tour même qui fait référence à la tour des Avengers dans les films et dont la série répond directement à l’arc Civil War, les héros contrôlés par Vought, société gérant l’image des héros, devenant des armes pour la protection des États-Unis. Plus besoin d’armements ou de défenses, la paix reposant sur les épaules larges de personnalités déviantes, encore plus dangereuses derrière les vitres de cette fameuse tour. Des héros en permanence sous substances pour supporter la pression que Vought leur impose à être lisse et vendable. Les accidents ne sont quand même pas rares. Ce qui arrive à Hughie, simple vendeur dans un magasin d’électronique de New York, qui voit sa fiancée se faire tuer brutalement par A-Train, un membre des Sept, nom du groupe des super-héros populaires. Encore sous le choc, il est approché par Billy Butcher, un homme violent qui lui révèle que Vought International cache au monde les crimes commis par les héros et que ceux-ci sont loin d’être des modèles de vertu. Au même moment, les Sept accueillent une nouvelle recrue, Stella, qui va découvrir la véritable nature des membres du groupe de l’intérieur.

Un pitch accrocheur et il faudra bien nous accrocher pour suivre les huit épisodes certes divertissants, mais assez plats. Hughie et Butcher se verront être rejoints par Frenchy, un marchand d’armes français et La crème, un mercenaire père de famille toujours prêt à rendre des services. Tout ce beau monde va entreprendre de révéler le pot au rose, mais rien ne va être simple. Via cette première saison, nous pénétrons un univers nihiliste à la mise en scène sarcastique. The Boys est franc sur la qualité de notre monde, car la série est le reflet de ce que l’on vit au quotidien. Les supers-héros ne sont que l’image des stars de la TV ou du cinéma que l’on apprécie pour se divertir, leurs frasques étant démultipliés par la force de leurs pouvoirs. Le paysage peint de notre monde est peu reluisant, même s’il faut se montrer incrédule sur notre réalité. Le fait que la série soit peu appréciable vient de ce constat établi que rien nous sera épargné, pas la moindre bêtise ni le moindre coup bas. Surtout que les supers-héros sont avant tout des hommes/femmes cupides, voire psychopathes pour certains, ne se refusant jamais à un petit massacre. Le tout est camouflé par une société ne recherchant que les profits tirés de l’image de ces icônes désaxées.

Pour incarner ses héros, mention spéciale à Antony Starr, héros de la série Banshee, qui incarne savoureusement ici Le Protecteur, héros porte-drapeau aux faux semblances terrifiantes. Face à lui, Karl Urban (Pathfinder) devient Butcher, personnage monolithique cherchant à venger la disparition de sa femme. Il embarque avec lui Hughie, qui ne prend plus les traits de Simon Pegg dans le comics, mais de Jack Quaid, fils de Meg Ryan et Dennis Quaid. Le charme de ses parents se retrouve évidemment en lui, même s’il incarne un gentil NERD qui va perdre pied face aux diverses péripéties. Simon Pegg qui nous garantit de sa présence, comme une surprise, le pauvre n’ayant rien à jouer d’autre que le père sur-protecteur. Il ne restera juste que Stella/Starlight, jeune recrue des Sept, violée par The Deep et qui cherchera sa place pendant toute la saison. Un rôle incarné avec fadeur par Erin Moriarty, vue en Hope Slottman dans la première saison de Jessica Jones

La première saison de The Boys réussit mesurément à nous convaincre. Si la série s’emploie avec dureté à nous montrer un monde dégueulasse, parallèle évident avec le nôtre, la série n’apporte aucun point pivot pour nous embarquer au cœur d’un récit prenant en dépit d’un twist final tordu qui forcera à reprendre la saison 2. Mais outre des personnages archétypaux et un monde d’un cynisme habituel, The Boys ne réussit jamais à se démarquer du tout-venant par des péripéties ressassées. Cette première saison manque d’un récit frais éclatant réellement les codes se reposant trop sur sa matière de base, solide certes, mais ayant déjà 15 ans d’âge. Depuis il s’est passé beaucoup de choses dans la pop culture et le comics en général.

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