Gungala – La Panthère Nue : Une suite qui a du corps.

Un an à peine après la sortie de La Vierge de la Jungle, Gungala est de retour ! Le premier opus fut un succès et l’on comprend pourquoi après sa vision : Une femme sauvage souvent nue, une aventure exotique dans les contrées africaines à la recherche d’un diamant et une pelletée de fauves pour protéger la donzelle. Nous sommes en 1967, Johnny Weismuller n’est plus Tarzan et ce genre de cinéma a disparu depuis quelques années des écrans. Rien de mieux qu’une réanimation sexy pour satisfaire le public de l’époque, malgré un produit fini laissant circonspect.

Les producteurs réunissent donc la même équipe pour un nouveau film qui s’intitule La Panthère Nue. Surtout Kitty Swan, belle danoise d’origine hawaïenne qui prête ses yeux bleus sublimes et son corps beau, mais beau ! Même Romano Ferrara est de retour derrière la caméra. Lui qui ne nous avait pas forcément convaincus avec le premier opus, mais qui ne va pas rester longtemps sur le plateau de tournage. Les producteurs, horrifiés par les premiers rushs, appellent à l’aide un jeune assistant-réalisateur pour donner un coup de main sur certaines séquences. Satisfaits, les producteurs le rappellent puis finissent par l’embaucher virant Ferrara du film. Ce jeune assistant-réalisateur, c’est Ruggero Deodato âgé de 28 ans au moment du tournage. L’homme a déjà bien travaillé dans le milieu en ayant été l’assistant de Rossellini, d’Antonio Margheriti ou Mauro Bolognini.
À la vision des rushs, le jeune réalisateur décide de tout reprendre avec l’accord des producteurs, permute certains rôles, notamment entre le héros américain et le méchant italien, puis consolide la réalisation du film en partant dix jours au Kenya pour assurer les décors avec Kitty Swan. C’est ainsi que certaines séquences sublimes permettent de prendre l’air en admirant le Kilimandjaro (improbable pour un film se déroulant au Congo !) et d’autres plans d’une savane crédible et éblouissante.

Ruggero Deodato amène une rigueur, mais surtout un sens de la mise en scène palpable. Le film, à défaut du premier, se tient en enlevant les élucubrations sexuelles d’un Ferrara jugé pervers par Deodato lui-même en bonus du DVD édité chez Artus Films. Notamment une séquence improbable de masturbation de Gungala entouré de ses animaux dans son refuge virée du scénario par le jeune réalisateur.
Petite série B d’exploitation assez restreinte par son genre, Ruggero Deodato en prend soin. Il rafistole une histoire reprise du premier film, rappelant vaguement le Tarzan de Burroughs. Une compagnie d’assurance charge un groupe d’aventuriers de retrouver une jeune héritière, dont l’avion s’est écrasé dans la jungle quelques années auparavant. C’est justement Gungala, dont les aventuriers vont protéger d’une tribu qui souhaite récupérer le diamant autour de son cou, tout comme l’un des hommes à la solde de la multinationale cherchant à exploiter le minerai.


C’est peu ou prou la même histoire, légèrement développée pour amener une action bienvenue. Gungala – La Panthère Nue trouve son rythme et divertit par son ton suranné et son exotisme rafraîchissant. L’aventure prime sur l’érotisme vite évanoui par Deodato qui s’en désintéresse totalement. Au contraire, il introduit une histoire d’amour naïve entre l’aventurier et Gungala qui découvre les joies du papillonnement dans le bas du ventre. Elle nous gratifie de parades nuptiales des plus rigolotes dans la volonté de s’accoupler. Son voyeurisme envers une séquence d’amour dans la jungle est là pour nous le rappeler étant déjà le cas dans le premier épisode de Romano Ferrara. Gungala connaît les premiers émois d’une jeune femme en fleur et sa solitude lui pèse, semble-t-il, énormément.

Rares sont les suites supérieures au matériel de base. La Panthère Nue est de cet acabit grâce à l’intuition et le savoir de Ruggero Deadato, néo-réalisateur pour ce film qui amorcera une longue carrière dans l’exploitation italienne avec comme point d’orgue, le fameux Cannibal Holocaust. Aguerri aux côtés des plus grands réalisateurs italiens de l’époque, Deodato rend une copie bien meilleure pour la suite des aventures de Gungala par un véritable sens de la mise en scène et une volonté palpable de faire un bon film de cinéma. Une chose réussite avec les moyens mis à sa disposition, beaucoup d’argent selon ses dires dans le bonus d’une vingtaine de minutes proposé par Artus Films dans une édition DVD cartonné au master efficace et d’une propreté bluffante.

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