Le Mystère des Pingouins – Le Mystère aux pieds heureux

L’animation japonaise prend un peu plus ses aises dans les salles françaises depuis quelques années. Relégué à de la simple exploitation vidéo il y a 20 ans via Manga Vidéos et Pathé, aujourd’hui les films d’animation japonais, voire asiatiques, trouvent le chemin des cinémas en France. En cela, il faut reconnaître tout le travail de sociétés telles qu’Eurozoom ou Wild Bunch qui distribue ce nouveau film, un premier qui plus est, d’Hiroyasu Ishida. Avouons aussi que la distribution des films se concentre généralement à Paris et sa banlieue. Qui a pu voir par exemple le dernier long-métrage des aventures de City Hunter ? Personne vous en conviendrez !! Ce que l’on trouve dommageable, car la popularité de l’animation japonaise est particulièrement forte en province. Cela n’empêche pas certaines sorties de connaître de jolies succès comme Your Name il y a de cela deux ans, mais encore Dragon Ball Super dernièrement ou actuellement Les Enfants de la Mer salué par la critique. Au tour donc à ce Mystère des Pingouins qui nous est tombé un peu sur le bout du nez au bureau, le film sortant en salles le 14 août 2019.

L’animation japonaise trouve une certaine explosion grâce aussi à l’ouverture du Festival d’Annecy qui sélectionne et présente de plus en plus d’animés venant du Japon et plus communément de l’Asie. Ghibli en est bien sûr le fer-de-lance, mais Mamoru Hosoda en est l’un des beaux représentants, en dépit du flop de Miraï Ma Petite Sœur, également sorti chez Wild Bunch l’hiver dernier. Le film n’a ainsi pas su trouver son public, la rencontre ne s’étant pas faite après le succès du Garçon et la Bête. On pense que la date de sortie du long-métrage n’était pas forcément propice à sa découverte envers le grand public, surtout pendant la période de Noël.
Le Mystère des Pingouins nous arrive quant à lui pendant les vacances d’Été pour conquérir les enfants et les adulescents en profitant pour se calfeutrer dans les salles climatisées. Réalisé par Hiroyasu Ishida, le film est un beau mystère à lui seul. Nous faisons face à Aoyama, enfant sûr de lui, élève de CM1 qui apprécie particulièrement les protubérances mammaires de l’assistante dentaire travaillant à côté de chez lui. Pour une fois qu’un enfant ne rechigne pas à aller chez le dentiste ! Le film déconcerte alors par ce parti-pris fortement adulte. Mais Aoyama n’est pas un élève comme les autres. Il a une haute estime de sa personne quand bien même il présente des qualités de surdoué. Il nous rappelle en cela les héros écrits par Tsugumi Oba pour Death Note et Bakuman, Light Yagami et Moritaka Mashiro. 

Aoyama découvre un matin en partant à l’école des pingouins dans un terrain vague. Tout le monde est abasourdi de découvrir ses étranges animaux à cet endroit. De cet instant où Aoyama va essayer de comprendre le pourquoi du comment de ces pingouins, le spectateur va entamer un long périple dénué d’explications. L’assistante dentaire qui éveille les sens masculins de Aoyama en est la clé, quand la découverte d’une bulle d’eau cachée au fond d’une forêt nous échappera totalement. Le Mystère des Pingouins, adaptation d’un roman graphique de Tomohiko Morimi qui a remporté le Grand Prix Nihon SF 2010, est une plongée dans l’imaginaire. Hiroyasu Ishida explose les conformités occidentales en ne proposant aucune réponse. Il avoue avoir la sienne, qu’il ne dévoilera pas, laissant le spectateur se créer son propre film, sa propre notion de ce mystère des Pingouins et de cette bulle d’eau débouchant sur un monde parallèle.

Forcément les théories se font et se défont quand la réflexion débouche sur un mal de crâne agaçant. La tête s’agite face à ce mystère qui s’adresse à des enfants de plus de 8 ans. On vous souhaite même bonne chance pour leur expliquer les clés d’un film qui n’en possèdent réellement aucune. Le Mystère des Pingouins est plus communément le voyage d’un enfant refermé sur lui-même vers l’extérieur. Cette aventure va lui apprendre à s’ouvrir et à partager. Il est certain de ses forces et qualités, tout autant de son avenir annonçant connaître la femme de sa vie en la personne d’une petite nouvelle tout autant géniale que lui. Le garçon a ses certitudes, mais ce mystère va les briser, lui permettant d’échanger avec ses camarades. L’aventure va le mettre en danger cassant son cœur de glace pour redevenir l’enfant qu’il est, avant de basculer dans la phase adulte. En cela, Le Mystère des Pingouins est un potentiel grand film dont on reviendra régulièrement à l’image d’un casse-tête dont on souhaite trouver le sens.

Premier film du studio Colorido fondé par Hiroyasu Ishida lui-même, Le Mystère des Pingouins est un sacré pari de pris pour Wild Bunch. En espérant qu’il trouve son public au cœur de cet été étouffant, le long-métrage étant une épreuve casse-tête assez douloureuse, une proposition de cinéma dont nous avons peu l’habitude aux côtés des licences faciles et du cinéma d’animation japonais quelque peu occidentalisé pour un tant soit peu plaire à tous.

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