Spider-Man – Far From Home : …So Far Away from his origins

Suite à la bataille face à Thanos, les changements temporels, l’anéantissement de la moitié de la population mondiale puis leurs résurrections et la mort de Tony Stark, alias Iron Man, Peter Parker est bouleversé. Il ne sait plus trop où est sa place en tant que super-héros. En tant qu’étudiant, la vision est plus claire avec l’objectif de séduire MJ. Le voyage en Europe avec sa classe tombe à pic, la visite de la Tour Eiffel sera le moment propice pour lui déclarer sa flamme. Mais tout ne va pas se dérouler comme prévu.

Sauf pour Marvel qui déroule sa toile embrayant Endgame avec Far From Home, la nouvelle aventure solo de Spider-Man toujours réalisé par Jon Watts. Une aventure solo est un grand mot, car Nick Fury est dans le coin et Mysterio va être pendant un temps son coéquipier. Puis ce second film est une aventure avec Spidey où Iron Man prend une place prépondérante sans être physiquement présent. Ce que l’on comprend avec ce nouveau chapitre Marvel au cinéma est que Tony Stark était comme un père de substitution pour Peter Parker. On avait saisi le rapprochement dans Civil War puis dans HomeComing. Mais jamais à un point tel que Tony Stark prenne la place de l’oncle Ben jamais cité dans la moindre séquence. Cet oncle Ben si important dans les comics ou chez Sam Raimi, ce qui fera de Peter Parker l’homme et le super-héros que l’on connaît tous… Pour la section cinéma de Marvel, oncle Ben disparaît pour laisser la place (plus hype) à Tony Stark qui fait de Peter Parker le Spider-Man qui agira en canon pour de futures générations. Un Spidey équipé de multiples gadgets, de divers costumes fabriqués à la volée dans un jet privé qui atterrit n’importe où ne respectant jamais les échelles de valeurs. Bref, Marvel fait ce qu’il veut et comme ça les arrange tant que rien ne brise le fil tendu par Kevin Feige prévoyant des films jusqu’en 2050. 

Kevin Feige qui se rêve en tant que Stan Lee contemporain produisant des films comme on cuit une baguette à 0,35cT chez Lidl. Aussitôt consommés, aussitôt digérés, les films Marvel s’agitent à l’image de Pop-Corn dans un micro-onde. Il manque juste le sel pour donner la saveur nécessaire. Nous faisons clairement face à du non-cinéma. Les personnages ne sont pas incarnés, l’histoire se déroule sur un canevas superficiel alignant les points d’accroches et les twists pour faire revenir le client à la prochaine séance. La recette fonctionne encore, mais pour combien de temps  ? 

On se lasse de ce gloubi-boulga qu’est Far From Home. Il ne suffit pas de délocaliser notre héros préféré au cœur d’une Europe de carte postale pour ressentir le moindre air frais. On a clairement pris plus de plaisir à suivre Spidey voltigeant entre les buildings lors de la dernière séquence du film, accompagné ensuite par MJ, que tout le long d’une aventure fade et inconsistante. On reste comme détaché de la moindre dramaturgie qui se déroule sur l’écran. Dramaturgie est un grand mot, Far From Home n’en possédant pas la moindre moelle. Ce second opus est tout aussi superficiel et vain que le précédent, dans la lignée même de Captain Marvel où l’on ne se faisait aucun souci pour l’héroïne.
Dans ce nouvel opus, rien n’atteint Peter outre la perte de Tony Stark. Tout lui est servi à domicile comme un héritage par un Iron Man reconnaissant. Peter Parker n’a donc pas le moindre souci d’argent, de fabrication de toile, d’un costume propre ou d’une Tante May vieille et faible. Le jeune homme, après avoir fait une petite escapade dans l’espace, est presque imbattable. Son costume se fabrique via une machine à coudre en 3D, les gadgets se choisissent de la même manière qu’un menu BigMac et Happy (Jon Favreau) est son tuteur lui servant tout sur un plateau, à l’image d’Alfred pour Bruce Wayne/Batman.

Nous avons clairement perdu LE Peter Parker des grandes heures du comics. Tom Holland n’est en aucun cas le Spider-Man imaginé par Stan Lee et adapté brillamment par Sam Raimi. Nous en sommes loin avec cette figure bientôt tutélaire pour mieux vendre des jouets, des Pop ou de la consommation de masse sur Disney Channel. C’est dur de voir une telle incarnation de l’Homme-Araignée surtout après New-Génération qui reprenait les bases solides de l’histoire du super-héros pour une aventure pop, électrique et haute en couleur. Ce que ne sera jamais ce Far From Home introduisant au passage Mysterio incarné par Jake Gyllenhaal.
L’acteur découvert dans Donnie Darko a longtemps été pressenti pour être le nouveau Batman pour Matt Reeves avant de succomber à l’appel de Marvel dans le rôle de ce méchant dont c’est une première au cinéma. Acteur raté dans le comics, il sera ici un acolyte puis l’antagonisme qui combattra Spider-Man à défaut d’un Iron Man vivant. Même les méchants combattent Spidey pour mieux se venger d’un Tony Stark, vilain patron ou concurrent opportuniste renvoyant à Iron Man 3. On ne force donc pas trop par la structure des personnages en dépit du fait que le dispositif amènera des séquences ahurissantes. Mysterio fait voltiger l’araignée au cœur de multiples réalités augmentées, comme le piège parfait trompant les sens du héros. Jon Watts, qui rempile ici, s’en sort bien mieux qu’avec les séquences du Vautour dans le précédent film nous bernant sans cesse à savoir où est la souris et où est le chat ?

En dépit de quelques séquences trompe-l’œil incroyables, Spider-Man – Far From Home ne réussit jamais à nous surprendre. Nous ne souhaitions pas en sortir hystériques, mais après la proposition New Génération ahurissante et réussie, on attendait comme un sursaut. La déception prime envers une production irrespectueuse de la matière originale, prenant de grosses libertés, pour mieux compter le bénéfice d’un cinéma qui se voit comme une série accusant de multiples pistes et twists pour assurer un avenir radieux pour les studios Marvel.