Trois Femmes : Test Blu-Ray

Réalisateur : Robert Altman / Casting : Sissy Spacek, Shelley Duvall, Janice Rule, Robert Fortier / Genre : Drame  / Compositeur : Gerald Busby / Date de sortie : 25 mai 1977 / Durée : 123 minutes / Pays : Etats-Unis

Synopsis : Pinky, une jeune Texane de 18 ans, est engagée dans un sanatorium du désert californien. Elle y rencontre Millie, modèle de féminité en perpétuelle quête de perfection et de reconnaissance sociale, qui lui enseigne les ficelles du métier d’aide-soignante, l’invite à emménager dans son appartement et lui présente Willie, une mystérieuse artiste peintre. Fascination, répulsion, emprise, usurpation… De leur singularité va se tisser un lien vénéneux… Ces trois femmes en surface si différentes pourraient bien se rapprocher jusqu’à la folie…

Critique film : C’est en faisant un rêve que Robert Altman a eu l’idée de Trois Femmes, le cinéaste y apercevant Sissy Spacek et Shelley Duvall. C’est ainsi qu’il va donc construire son film, peut-être son plus personnel, en tout cas son plus onirique. On perçoit d’ailleurs Trois femmes comme un songe, que l’on découvre à travers des volutes d’eau, celles placées devant la caméra pour obtenir d’étranges images mais aussi celles des vapeur thermales du centre où travaillent nos héroïnes et celles de la piscine de leur résidence, décorée avec d’étranges peintures.

Avec Trois Femmes, Robert Altman continue de démystifier le rêve américain : Pinky Rose,  la jeune texane naïve et un peu fofolle (Sissy Spacek, touchante de fragilité) se rend en Californie pour vivre la grande vie. Là-bas, elle y rencontre Millie qui représente pour elle la perfection incarnée. Or, Millie est une femme qui aime à croire que tout le monde l’aime alors qu’elle est délaissée (Shelley Duvall, au prix d’interprétation féminine de Cannes bien mérité). Le seul homme qui s’intéresse à ces deux-là est un acteur minable, un macho à l’état pur délaissant sa femme enceinte.

Là-dessus, Altman met en place un jeu de miroir et de dualité incessant entre Pinky et Millie. Le caractère des deux femmes évolue ainsi au gré du récit, en partie improvisé (Altman aimait laisser libre cours à l’imagination de ses acteurs, ainsi c’est Shelley Duvall en personne qui décora l’appartement de son personnage et écrivit son journal intime), nous emmenant vers des territoires étranges. A ce titre, il n’est pas erroné de rapprocher le film de Mulholland Drive, le chef-d’œuvre de David Lynch partageant avec le film d’Altman son goût des effets de miroir et de l’exploration psychanalytique de ses personnages féminins.

Il faudra donc se laisser emporter par Trois Femmes pour totalement y adhérer mais on trouve là une œuvre totalement foisonnante, regorgeant d’infimes détails que l’on appréciera au fil de ses visions, l’œuvre s’y révélant peu à peu à nous, comme Altman l’a toujours voulu.

Date de sortie vidéo : 8 mai 2019 chez Wild Side Video

Informations Techniques : Master Restauré – Format Image 2.35 – Résolution 1080 24p – Son : Anglais et Français DTS Master Audio – Sous-titres français

Test Blu-ray / DVD :

Image : Une résolution impressionnante. La copie du film est absolument impeccable, respectant l’aspect argentique de l’image avec un traitement du grain fabuleux, dans les gros plans également. Le travail sur les couleurs effectuées par Altman dans le film est également mis en exergue avec un équilibre savoureux.

Son : Là aussi le travail est impeccable, aussi bien en anglais qu’en français d’ailleurs. Évidemment, on préférera la version originale mais dans les deux cas, les pistes sonores bénéficient d’une très belle dynamique et d’un mixage parfaitement équilibrés.

Bonus Blu-ray / DVD :

– Un film de rêve(s) – entretien avec Diane Arnaud, essayiste et universitaire : Pendant 40 minutes, Diane Arnaud revient sur la genèse du film, ses influences, la façon dont Altman l’a réalisé et les différentes pistes d’analyse qu’il soulève. Comme souvent avec ce genre de module, l’analyse part parfois un peu loin mais Diane Arnaud est si passionnée qu’elle arrive très bien à étayer son propos, rendant ce bonus fort enrichissant.

En plus de bonus vidéo, l’édition est également accompagnée d’un livret de 60 pages écrit par Frédéric Albert Lévy, intitulé Je est une autre. Richement illustré, le livret retranscrit une interview d’Altman à l’époque de la sortie du film (où on le découvre peu prolixe à analyser son travail) et s’accompagne de plusieurs pistes de réflexion autour du film, de sa genèse et de son tournage. Le travail d’Altman y est allégrement commenté et complète parfaitement le bonus vidéo, éclairant un film aux multiples interprétations.

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