Men in Black 3 : Sauvergarde du passé pour sauver le futur

Projet chaotique partagé entre les emplois du temps bien remplis de ses deux têtes d’affiche, Men in Black 3 est un film qui a mis du temps à voir le jour. Phagocyté au sein d’une machine hollywoodienne alors en pleine expansion de la Marvel Mania, ce troisième opus souffre surtout des exigences hors normes de Will Smith (chacune des scènes du film a droit à son gros plan de la star). D’ailleurs, il ne serait pas étonnant que le peu de présence à l’écran de Tommy Lee Jones soit une conséquence des frasques de son acolyte. Quoiqu’il en soit, Barry Sonnenfeld s’attelle à nous pondre une histoire un peu plus étoffée que le second opus qui, lui, ressemblait de loin à un remake forcé.

Voilà plus de quinze ans que l’agent J a rejoint les men in black. Toujours secondé par son équipier, et père de substitution, K, les deux agents vont devoir faire face à un des plus anciens ennemi que l’agence ait connu, Boris l’animal. Ce dernier, fraîchement évadé de prison, entend remonter le temps afin d’aller tuer K avant qu’il ne l’arrête et ne le jette en prison. L’agent J va devoir retourner dans les années 60 afin de déjouer les plans de Boris. Sur place, il va faire équipe avec le jeune agent K.

Men in Black 3 relance les enjeux. Après avoir pris soin pendant deux films d’insister sur l’importance du patrimoine et de la mémoire, Barry Sonnenfeld personnifie cette sauvegarde en envoyant son héros la protéger dans le passé. Bien qu’il nous en apprenne encore sur l’agent K, Men in Black 3 offre à Will Smith un background plus que bienvenu. L’agent J délaisse petit à petit son costume de clown pour se focaliser sur ses blessures passées et notamment l’absence de figure paternelle. Bien que nous avions déjà décelé son profond attachement à l’agent K, Sonnenfeld creuse encore plus les liens puissants qui unissent les deux héros. Et même si la finalité des propos concernant son historique demeure prévisible au possible, on soulignera l’effort d’écriture pour amener des émotions et des dialogues plus forts que les vannes puériles de son héros. Men in Black 3 est toujours emprunt d’un humour enfantin. On regrette, une fois encore, l’absence de notion horrifique qui faisait la grandeur du film original. Fort heureusement, Barry Sonnenfeld se permet quelques envolées humoristiques un peu plus fines et bienvenues (notamment la scène avec Andy Warhol).

Men in Black 3 arrive à rester logique dans son histoire. La plupart des récits qui amènent des voyages dans le temps cachent souvent des erreurs d’écriture. Men in Black 3 ne nous perd pas dans un conglomérat de lignes temporelles et ceci, malgré la présence d’un alien capable de distinguer toute sorte d’avenirs différents. Ce personnage jouera avec nos nerfs, mais jamais Sonnenfeld ne cédera à la facilité d’écriture. Il garde sa ligne directive bien en tête. En dépit d’une étrange sensation de succession de sketches plutôt que d’une vraie histoire, Men in Black 3 tient la route, sauvé par un Josh Brolin qui semble bien plus heureux d’être présent dans le costume de K que Tommy Lee Jones. Il reprend les traits du personnage avec le même flegme que son prédécesseur. Nous avons vraiment affaire à un James Bond chasseur d’extra-terrestres (comme Tommy Lee Jones nous l’avait servi les deux films précédents), Brolin est délectable. Il arrive à nous faire oublier les cabotinages parfois lourdingues d’un Will Smith excentrique qui cherche, par tous les moyens, à s’accaparer la lumière des projecteurs. Et même si on adore Will Smith, sa popularité lui montant à la tête ne l’a absolument pas desservi ici (en témoignera son film suivant, l’indigeste After Earth).

Men in Black 3 réussit à divertir le temps de sa projection. Barry Sonnenfeld peine à canaliser les caprices de star de Will Smith, mais s’en tire honorablement grâce à sa réalisation toujours aussi bien léchée et la sagesse d’un Josh Brolin modeste et parfait dans son costume noir. Un troisième opus dans la lignée du second, enfantin et gentillet, loin d’égaler la force du film original, mais qu’on regarde sans trop rechigner.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*