Elle est une icône du cinéma d’horreur, connue pour avoir fait face à Freddy Krueger à trois reprises. Heather Langenkamp a été marquée à jamais par son rôle de Nancy Thompson dans la célèbre saga des Griffes de la nuit initiée par Wes Craven en 1984. Présidente du jury lors de la dixième édition du festival Bloody Week-end qui se tenait à Audincourt du 31 mai au 2 juin dernier, elle y présentait I am Nancy, un documentaire de 2011 revenant avec humour sur la façon dont son rôle dans Les Griffes de la nuit a été perçu. Elle y essaye de comprendre pourquoi le méchant Freddy est devenue une telle icône du cinéma et non pas le personnage de Nancy qui lui fait face. L’occasion était trop belle pour la louper et nous avons pu la rencontrer pour revenir un peu sur sa carrière :
Qu’est-ce que cela vous fait d’être honorée par ce festival et d’être la présidente du jury ?
C’est un grand honneur pour moi, c’est un vrai privilège de me retrouver en France à juger des courts-métrages car la France est le pays cinéphile par excellence. A en juger par la qualité des films que j’ai pu voir, les français font vraiment partie des meilleurs cinéastes du monde et je suis ravie d’être ici.
Pendant que vous tourniez Les Griffes de la nuit, pensiez-vous que le film allait connaître un tel succès et un tel engouement ?
Non, c’était un film à petit budget, le tournage était court, seulement cinq semaines, on n’avait pas vraiment le temps d’y penser. On savait que le film était intéressant, que Wes Craven était un bon réalisateur mais on ignorait complètement qu’il aurait un tel impact dans le monde entier et que dans le rôle de Freddy Krueger, Robert Englund deviendrait une figure aussi majeure de la pop-culture. Et ça fait 35 ans que ça dure !
Votre personnage, Nancy Thompson, est apparue dans le premier, le troisième et le septième film de la saga, était-ce quelque chose de prévu dès le départ ? Comment avez-vous travaillé avec Wes Craven ?
A l’époque, faire des suites n’était pas si évident que ça, ce n’était pas ancré à Hollywood comme ça l’est aujourd’hui. Donc il n’y avait rien de prévu dès le départ, ça s’est fait comme ça. Seuls les scénarios de Wes Craven incluaient le personnage de Nancy et vu qu’il a réalisé le premier et le septième et écrit le troisième, ça explique pourquoi j’étais de la partie. Pour Wes, Nancy et Freddy étaient unis, ils représentent deux opposés, deux ennemis liés dans une terrible bataille et il fallait que Nancy soit présente. J’étais très surprise quand il m’a rappelé en 1994 pour Freddy sort de la nuit mais pour lui c’était naturel.
I am Nancy a été réalisé en 2011, depuis, est-ce que vous avez ressenti un changement d’attitude des fans envers Nancy ?
Bizarrement oui ! Je ne sais pas si c’est une coïncidence ou si c’est parce que j’ai produit le film et clamé un peu partout qu’on devait faire un peu plus attention à Nancy mais dernièrement je trouve les gens beaucoup plus enthousiastes envers Nancy. Les fans ne viennent plus seulement voir Freddy dans les conventions, ils viennent me voir également et je crois que les gens s’identifient plus à Nancy, à son courage et à son humanité.
On le voit aujourd’hui puisque vous êtes ici seule, sans Robert Englund et les gens se déplacent en masse pour vous rencontrer !
Oui c’est surprenant d’ailleurs de voir autant de fans venant pour me voir, c’est très agréable !
Vous avez commencé votre carrière en tant qu’actrice mais vous travaillez également dans le département du maquillage et des effets spéciaux puisque vous dirigez avec votre mari AFX Studio. Est-ce que votre parcours d’actrice dans le cinéma d’horreur vous a aidé à appréhender la réalisation des maquillages du genre ?
A vrai dire, je ne me sens pas professionnelle du tout dans le département du maquillage et des effets spéciaux. Je le fais parce que mon mari le fait et que je veux l’aider, c’était aussi une façon pour que la famille puisse rester ensemble et je n’avais pas beaucoup de propositions non plus après Les Griffes de la nuit. Pour moi qui déteste ne rien faire et aime travailler, c’était l’idéal. J’aide surtout mon mari dans l’organisation de l’entreprise mais ça pourrait être autre chose que les effets spéciaux et le maquillage, c’est vraiment une façon de rester occupée. Le métier d’actrice fait beaucoup voyager et en plus je n’avais guère d’opportunités à l’horizon. Travailler avec mon mari est une façon de me sentir bien avec moi-même, d’aider ma famille et de rester près d’elle, ce sont vraiment les trois raisons principales.
Propos recueillis le 1er juin 2019 lors du festival Bloody Week-end. Un grand merci à Heather Langenkamp pour sa disponibilité.
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