The Purge – Saison 1 : Épuration d’idées multiples.

Quatre films pour un pitch indécent de malice et d’impertinence. La purge, une nuit par an où tous les crimes sont autorisés pour juguler les frustrations d’une population américaine suffocante. Il en fallait peu dès le premier film pour agrémenter l’histoire d’une touche politique gauchiste bien-pensante tout en délivrant un véritable message de droite républicaine. Derrière la violence formelle, les différents longs-métrages ont ponctué le fond d’une morale pas toujours habile, mais suffisante pour faire passer la pilule.
À chaque nouveau film de la saga, on ne cesse de réfléchir à la possibilité d’un John Carpenter des grandes heures aux manettes. Le pitch et la potentialité politique étaient tout dédiés à Big John. Mais n’empêche que sans James DeMonaco, The Purge ne serait rien et vice-versa. Si depuis la réalisation de la trilogie, DeMonaco a laissé sa série aux mains de Jason Blum qui a produit un quatrième film opportuniste revenant aux origines de cette mesure politique, c’est aujourd’hui place à une série TV de 10 épisodes dont se décline American Nightmare pour son titre français.

Diffusée sur USA Network depuis septembre 2018 et sur Prime Vidéo en France et en Belgique depuis février 2019, la première saison de The Purge est une grande interrogation. Comment le format collant parfaitement à un film pouvait se décliner en une saison entière ? Nous pensions à un format proche de la série 24h Chrono, un épisode = une heure de la nuit.
Mais non, la série se développe sur une latitude classique où l’on suit plusieurs personnages dérivant dans cette nuit chaotique entre manigances, projets macabres ou mission sauvetage. Un frère militaire essaye de sauver sa sœur embrigadée dans une secte, une CEO et ses rapports ambigus avec son patron ou un couple distendu essaye d’adhérer à une branche politique conformiste pour sauver leur entreprise.

Cette nouvelle purge est une nuit se déroulant au fil du flot d’un fleuve tranquille. Les meurtres sont hors champ pour une diffusion en prime time, la série évitant tout débordement s’axant sur les comportements moraux des personnages pour délivrer l’horreur humaine peuplant notre monde. On ressent perpétuellement l’héritage des films, malgré le fait de faire face à un programme light prolongeant opportunément le succès cinéma vers le petit écran. Avouons que l’on s’ennuie pas mal devant le creux de la série. Les épisodes 4-5-6 sont d’une mollesse affligeante peinant à accrocher son spectateur. En dépit d’être fan de la saga cinéma, la série n’accroche jamais en ne répercutant pas l’image-choc des films, sa violence et une conscience politique frondeuse.
La purge est ici le seul élément vendeur pour une série ne proposant rien de plus qu’une galerie évanescente de personnages aux failles évidentes perdus au cœur d’une nuit apocalyptique. Point de méchants charismatiques pour hanter cette énième nuit, outre celui du grand final qui renvoie au Frankenstein de Death Race. Le grand moment sera l’étape à la Grande Foire, endroit diabolique propice à un grand final pour un cinquième film.

Que dire d’une série qui tourne en rond exploitant vainement une idée tranchante pour une fronde politique envers l’Amérique contemporaine ? The Purge Saison 1 perd toute l’essence revendicatrice qui nourrissait la première trilogie réalisée par James DeMonaco. La série, renouvelée pour une saison 2, capitalise vainement sur le succès d’une saga cinéma pour un divertissement efficace par bribes, mais perdant toute la verve politique violente inscrite dans ses films par un jeune réalisateur malin. La série prouve que The Purge/American Nightmare ne serait rien sans son instigateur, comme le prédisait un quatrième film en deçà. James DeMonaco est un réalisateur à suivre de près, quand bien même aujourd’hui libéré du carcan d’un pitch qui pourrait polluer sa carrière.

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