John Wick 2 : Une dette est une dette, et le sang sera son prix !

Reprenant pile au moment où se terminait le premier, cette suite commence sur les chapeaux de roue. John Wick a vengé son chien, a déjà tué la moitié de la ville à l’issue du film précédent, et s’en va désormais récupérer sa voiture. Pour qui débarquerait dans cet univers, en n’ayant pas vu le premier, un personnage interprété par l’inénarrable Peter Stormare se charge de récapituler les enjeux et le personnage, en expliquant que son neveu a volé une voiture qui s’est retrouvée dans leur garage ! Ce à quoi le figurant en face de lui répond qu’il n’y a qu’à envoyer des hommes se charger du problème. Réponse immédiate : « Ce n’est pas n’importe quelle voiture ! C’est la voiture de John Wick ! »  « Oh… » ! Cette réponse déjà entendue dans le premier film a toujours le don de faire rire, tant elle résume, dans toute sa géniale simplicité, le statut du personnage de tueur désormais iconique, tant aux yeux du public que des personnages du film. C’est une légende, le baba yaga, celui qui vient toujours récupérer ce qui lui est dû, ne laissant que des cadavres sur son passage. Après avoir récupérer son bien, au terme d’une poursuite destructrice et de quelques affrontements à mains nues, le voilà qui retrouve son chez-lui, bien décidé à prendre une retraite bien méritée. Seulement voilà, lorsqu’on a le passé qui est le sien, difficile de faire table rase de celui-ci, et à peine a-t-il eu le temps de se poser avec son nouveau chien, qu’une vieille connaissance envers qui il a contracté une dette vient sonner à sa porte. On évitera de laborieusement détailler ce qui suivra, que l’on ait déjà vu le film ou pas, on se doute bien que notre tueur légendaire va se voir obligé de reprendre du service, le monde dans lequel il évolue étant en marge de celui de M. Tout le monde, celui-ci est composé de règles peu nombreuses mais auxquelles il est impossible de déroger : ne pas tuer à l’intérieur du Continental Hotel, et toujours respecter ses dettes. Sa mission l’entraînera donc  à Rome, et à partir du moment où l’on en aura fini avec les dialogues explicatifs (un peu trop nombreux), il sera temps de faire place à l’action, et de ce côté, on ne pourra que se satisfaire du spectacle proposé, indéniablement supérieur au précédent en terme d’ampleur et d’ambition.

Le premier film avait débarqué de nulle part, imposant immédiatement aux yeux du public moderne un style tout personnel, à la fois sous influences multiples, mais ayant réussi à digérer celles-ci afin de proposer quelque chose de neuf au public, ou du moins qui donne l’impression de dépoussiérer un genre stagnant depuis quelque temps. Tout le monde le sait, on ne le répètera jamais assez, c’est du côté de l’Asie que les yeux s’étaient tournés depuis plusieurs années, avec leurs polars virtuoses et noirs jusqu’au vertige, à la violence démesurée et au jusqu’au-boutisme que l’on ne pouvait que regarder avec admiration, et un peu de jalousie. Chad Stahelski, ancien cascadeur, qui se retrouve seul aux manettes de la saga à partir de cet épisode (son compère David Leitch s’en est allé filmer Charlize Theron casser des têtes dans Atomic Blonde), a visiblement les bonnes références, et la bonne mentalité. Cherchant systématiquement à optimiser l’action, dans le sens où celle-ci est filmée dans toute sa continuité, au maximum des possibilités de chacun, le niveau est clairement monté d’un cran ici, malgré toute la sympathie que l’on peut avoir pour le premier film. Ce dernier devait poser les bases de son univers, et avant toute chose, se rendre le plus addictif possible pour le public, afin de lui donner envie de repayer sa place pour une suite. La mission avait été accomplie, dans la limite des ambitions, à savoir qu’au-delà de son pitch décomplexé et de sa violence jouissive filmée avec style, il ne dépassait pas du cadre imposé de la série B au-dessus de la moyenne, mais dont on ne pouvait pas encore imaginer qu’elle donnerait lieu à cette saga aujourd’hui reconnue du plus grand nombre.

Ce deuxième épisode se devait donc obligatoirement de hausser le ton, à tous les niveaux, et on peut dire que c’est réussi. Car passée la première moitié un peu longuette, échouant quelque peu à faire évoluer le personnage, se contentant de répéter son background des fois qu’on aurait oublié ou pas vu le premier film, place sera faite à l’action. Et de ce côté là, il sera difficile de faire la fine bouche, tant les curseurs ont été poussés à fond.  Et que ça fait plaisir à voir. Du génial jeu du chat et de la souris entre John Wick et le tueur incarné par le rappeur Common, aux affrontements toujours plus inventifs et brutaux, en passant par ces gunfights indissociables de l’ADN de la saga, on peut dire que ses instigateurs s’en sont donnés à cœur joie, et que la joie communicative de chacun à faire son boulot du mieux qu’il peut donne lieu à des scènes quasiment anthologiques. On pense bien évidemment à toutes les scènes situées à Rome, tirant parfaitement partie de l’Architecture baroque de la ville.

Avec sa photo toujours plus léchée et travaillée dans ses jeux de lumière, et sa caméra fluide aux mouvements légers et lisibles à chaque instant, chaque nouveau morceau de bravoure pourrait constituer le climax de n’importe quelle autre série B sans trop d’ambition. De la fusillade dans les catacombes, à l’affrontement mano à mano entre les deux pré-cités dans la rue, en pleine nuit, interrompue puis reprise plus tard dans une rame de métro, sans oublier bien sûr le clou du spectacle, une scène particulièrement complexe et stylisée dans un musée d’art moderne à NY, dans une salle remplie de miroirs, donnant une vraie sensation de vertige, on sent que chaque scène d’action a été pensée non pas pour remplir le quota, mais de manière purement conceptuelle, cherchant systématiquement une situation jamais filmée de cette façon. Une générosité qu’il est difficile de bouder, tant elle se fait rare dans les divertissements modernes. Que ce soit dans le domaine du blockbuster familial, forcément aseptisé pour plaire au plus grand nombre, ou dans un cinéma plus adulte, rares sont les films cherchant à ce point l’innovation technique, et à se transcender à chaque instant pour ringardiser ce que l’on pensait quelques minutes auparavant être le clou du spectacle.

Alors on ne peut que pardonner les errances scénaristiques, les dialogues démonstratifs (un personnage faisant un récapitulatif à un autre de leur passé commun, dont ce dernier se souvient évidemment, manière peu subtile de faire comprendre leur background au spectateur) et cette volonté d’aérer un peu l’action par des dialogues censés étoffer le tout, alors qu’ils ne font que fragiliser le rythme général. Peu importe, car tout ce que l’on retient au final, c’est le plaisir pris face à un spectacle installant définitivement le personnage parmi les icônes du genre, dont on attendra désormais chaque nouvel épisode comme on attend une nouvelle saison d’une série excitante. La fin en forme de cliffhanger va dans ce sens, en mettant le personnage dans une situation à priori inextricable qui nous fait attendre le suivant la bave aux lèvres … On est loin d’en avoir fini avec John Wick, et sa dernière réplique furax nous le fait comprendre de la plus belle des manières : «Ceux qui viendront, je les tuerai tous ! » Et l’on ne demande que ça !

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