Le Moulin des Supplices – Vive le vent gothique !

Réalisateur : Giorgio Ferroni / Casting : Pierre Brice ; Scilla Gabel ; Wolfgang Preiss ; Dany Carrel / Genre : Horreur Gothique / Compositeur : Carlo Innocenzi / Date de sortie : 1960 / Durée : 97 min / Pays : Italie ; France/

Synopsis : Hans part à Amsterdam rencontrer le célèbre sculpteur, Wahl. Ce dernier vit dans un mystérieux moulin reconverti en maison de cire. Alors qu’Hans s’éprend de la fille de Wahl, il découvre un terrible secret…

Critique film : Le magnifique coffret Blu-ray/DVD/Livre édité par Artus Films recèle une multitude d’informations par la plume d’Alain Petit qui a écrit le livret de 65 pages. Le Moulin des Supplices de Giorgio Ferroni se découvre grâce à la passion d’Artus de proposer une pépite que certains découvraient un matin au Midi-Minuit il y a 56 ans. Le film est l’une des œuvres maîtresses du gothique italien. Produit en même temps que Le Masque du Démon, Le Moulin des Supplices est le seul à être tourné en Technicolor, l’industrie de l’époque privilégiant encore le Noir & Blanc. Si Mario Bava s’en accommode pour un style unique, Le Moulin des Supplices trouve toute sa singularité de par ses couleurs resplendissantes. Artus Films présente une copie restaurée en 2K et intégrale. Formellement, le long-métrage de 1960 est incroyable. Giorgio Ferroni a un sens flagrant du cadre. Que ce soit l’arrivée introductive en canaux, puis les intérieurs du moulin avec les mannequins de cire, le long-métrage est une réussite technique irréprochable. Là où nous aurions à redire est au niveau du scénario. S’il dessert une intrigue assez classique variant le thème vampirique, la mise en place est d’une lourdeur affligeante. Personnages installés, histoire d’amour et manigance pour garder un terrible secret jusqu’à un dernier tiers explosant le tout pour mieux nous reprendre et nous captiver. Le Moulin des Supplices gagne en relief à l’heure du film mettant en avant les charmes de Scilla Gabel, ex-doublure de Sophia Loren, et la posture monolithique du futur Winnetou, Pierre Brice. Héros pataud jouant de son physique plutôt d’un charisme qui fera son succès en Allemagne. Il en devient alors compréhensible que l’acteur français n’ait pu percer en France. Au contraire de Dany Carrel qui apporte sa frimousse, variation de Shirley McClaine à la sauce Frenchy, qui trouve un second rôle pétillant jouant de ses yeux malicieux.

Le Moulin des Supplices n’est pas un mauvais film, valant pour l’étude brillante de sa mise en scène et de ses décors. Les Pays-Bas du 16e siècle apporte son charme, le tout sous l’oeil avisé d’un heureux technicien qui prêtera ses services dans le péplum avec La Guerre de Troie, Hélène de Troie ou Hercule contre Moloch. Il signa quelques fameux westerns avec Guilano Gemma sous le pseudonyme Calvin Jackson Padget. On remercie Alain Petit pour les informations nous permettant de tout regrouper enfin ! On peut citer donc Trois Cavaliers pour Fort Yuma, Wanted ou Le Dollar Troué. Pour l’anecdote, il signa pour Giuliano Gemma, La Grande Chevauchée de Robin des Bois, rêve d’enfance de l’acteur star de l’époque. Une bien belle aventure que l’on vous conseille également, profitant du savoir-faire technique d’un metteur en scène bien trop méconnu de l’époque.

Un dernier petit mot sur la musique composée par Carlo Innocenzi. Une composition entêtante qui se siffle pendant des heures après la projection du film. Elle colle à l’image sans s’en défaire. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas entendu si belle composition pour un film bis de si agréable qualité. Il faudra passer outre une narration et un scénario prétexte amenant vers un troisième acte pour savourer toute la puissance de la composition d’Innocenzi face à ses mannequins de cire et chairs brûlant au cœur d’un moulin chavirant.

Test Blu-ray :

Date de sortie vidéo : 16 avril 2019

Informations Techniques : Langues  : Italien, Français, Anglais / Sous-titre  : Français / Format Original  : 1.66 – 1920/1080P / Couleur

Image : Dès les premières minutes, on ressent tous les bienfaits de la restauration 2K effectuée pour le film. L’image est sublime, le technicolor s’y trouvant à son aise. Sincèrement rien à redire, c’est un sans-faute, d’une délicatesse rare pour des copies ayant parfois traversées le temps avec quelques accidents.

Son : Le son se fait plus en retrait. Pas de soubresauts, mais point de folies non plus. Rien ne ressort de fantastique. La version italienne, pour l’essai, s’est bien maintenue sans se porter en miracle. 

Bonus Blu-ray/Livre : Ce n’est pas un livret, à l’image des éditions chétives de ESC Éditions, mais bien un livre écrit par un fidèle collaborateur des gars de chez Artus Films pour signer 64 pages de haute tournure. C’est simple, vous saurez tout sur le film, ses interprètes, son réalisateur et équipe technique. Le film est remis dans son contexte, puis son histoire est détaillée avant un coin biographique des plus intéressant. Avec cette édition du Moulin des Supplices, on ne tient pas simplement une édition vidéo, mais un objet de cinéma plaisant à caresser, à sublimer et à feuilleter. Du grand art que nous sert l’éditeur Artus Films.

Dans le cœur du Blu-ray (un DVD est aussi fourni), nous retrouvons un face caméra d’Alain Petit (toujours !) qui reprend la trame du livre pour un bonus vidéo se nommant Le Docteur et les Femmes. Si vous n’aimez pas lire, ça tombe bien, il y a la vidéo aussi et très complète pardi. Dommage que cela fasse redite pour ceux qui préfèrent lire.
Sinon, un entretien avec Lina Orfei revient le parcours de l’actrice, ici second rôle et victime, qui entre deux numéros de cirque, a connu une belle carrière au cinéma et à la télévision. Une interview riche pour la découverte d’une actrice sympathique.
Il ne reste alors qu’à Artus de nous dévoiler les différentes variations du film pour l’Italie (le générique) et le marché américain où le film a subi des coupes et des inserts malheureux, en plus d’une voix off introductive et explicative. Le tout se conclut sur un diaporama des affiches et photos du film puis sa bande-annonce. 

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