Retour de flamme : Sauver l’amour

La popularité de Ricardo Darín, certainement l’acteur argentin le plus connu mondialement, est telle qu’elle permet de faire arriver jusqu’en France des films qui auraient pu autrement passer inaperçus. Premier long-métrage de Juan Vera (dont ce n’est cependant pas la première expérience cinématographique, l’homme ayant déjà écrit et produit de nombreux films), Retour de flamme débarque ainsi au cinéma chez nous, prêt à séduire le spectateur français.

Et de séduction, il en est question dans Retour de flamme, racontant l’histoire d’un couple de cinquantenaires qui, se retrouvant seuls chez eux depuis le départ de leur fils pour ses études, traverse une crise conjugale mâtinée d’ennui et de lassitude. Sans trop savoir pourquoi, Marcos et Ana décident alors de se séparer au bout de vingt-cinq ans de mariage et se frottent à l’expérience du célibat. Cette redécouverte de soi leur permettra-t-elle d’être heureux ? C’est en tout cas l’occasion pour le cinéaste de brosser le portrait tendre et lucide d’un couple et de ses questions existentielles.

Lorgnant ouvertement du côté de Woody Allen, Juan Vera signe une comédie romantique au charme fou, construite sur deux formidables acteurs (Ricardo Darín et Mercedes Morán) qui arrivent à rendre parfaitement naturels des dialogues très écrits. Leur charme fou fait des ravages et arrive surtout à nous faire supporter le récit sur près de 2h10. Car si Vera voit souvent juste, croquant des personnages auxquels on peut s’identifier avec une certaine gourmandise à travers leurs désirs, leurs craintes, leurs frustrations et leurs amours, on peut lui reprocher une certaine complaisance dans sa volonté d’étendre le récit. En 1h30, le film aurait pu être beaucoup efficace. Certes, en 2h10, Retour de flamme prend le temps de bien développer ses personnages, renforçant l’empathie. Mais son charme, bien qu’intact tout au long de la durée du film, se dilue peu à peu tant Vera a voulu jouer parfois sur un peu trop de tableaux (le scénario est à la fois l’histoire d’un couple en crise, celle de personnes récemment séparés qui réapprennent à vivre puis celle d’une reconquête amoureuse) pour totalement convaincre.

Retour de flamme, bien que lucide et pertinent sur bien des points, n’ennuyant jamais tout au long de sa vision (il faut dire qu’on se laisse embarquer par le charme des dialogues en espagnol), n’a simplement pas grand-chose de nouveau à ajouter sur un sujet déjà maintes fois abordé au cinéma. La crise du couple, l’adultère, la cinquantaine et ses bouleversements, le renouveau amoureux, la lassitude, l’amour. On a déjà vu ça mille fois ailleurs de façon bien plus marquante. Sans être loupé, Retour de flamme n’est ainsi qu’une variation de plus sur ces thématiques, un apport sympathique de la part de Juan Vera mais sans transcendance, s’oubliant finalement assez rapidement, laissant un souvenir agréable mais lointain.

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