Croc-Blanc : … qui montre patte blanche.

Il faut avouer notre scepticisme envers cette énième version des aventures de Croc-Blanc écrit par Jack London en 1906. Un livre d’aventure culte ayant atteint la postérité et maintes adaptations pour le petit et grand écran. Lucio Fulci ou encore Disney sont passés par les écrits de Jack London ses dernières années, sans que nous pensions aux différentes séries animées pour la télévision. Du Croc-Blanc, nous en avons eu à toutes les sauces, pour le pire et le meilleur.

Avec cette nouvelle transposition pour le grand écran et en superbe animation motion capture, disponible en DVD & Blu-ray, par le réalisateur oscarisé de Mr Hublot, le récit de Jack London trouve matière à s’exprimer. Comme introduit plus haut, ce n’était pas gagné d’avance pour nous. Mais là était notre faute de prendre le film à la légère. Après une introduction flashback facile (procédé assez détestable), nous partons ensuite dans les grands espaces du Grand Nord. Alexandre Espigarès ne réinvente jamais le classique de la littérature d’aventure, mais en délivre tout le charme en l’expurgeant de la violence de certaines pages du livre.
Violence il y aura par la nécessité de l’histoire. Mais la pédagogie se dégage d’une réalisation ludique et sublime. Le mythe de Croc-Blanc a maintes et maintes fois prouvé sa valeur de grand spectacle. On en retrouve dans ce nouveau long-métrage toute la saveur. L’apprentissage du jeune chien-loup avec sa mère, puis leur séparation tragique pour suivre les hommes. Croc-Blanc devient le héros d’un film qui nous conquiert d’emblée. Les enfants vont être happés dans une aventure extraordinaire et les parents pourront retrouver le charme des grands espaces d’un divertissement rappelant les codes du western. 

Le western dont les codes à l’italienne avaient déjà garni la variation de Tonino Ricci et Lucio Fulci dans Buck le Loup et sa suite avec Franco Nero en 1974. Nous les décelons dans ce Croc-Blanc 2019 par les intentions d’Alexandre Espigarès d’inscrire le film dans l’âpreté d’une époque qui va bousculer et nourrir le destin du chien-loup. Combats clandestins, tirage de traîneaux pour finalement retrouver les siens et devenir un loup à part entière. Le réalisateur met en image un spectacle de cinéma avant le divertissement à destination des enfants. Le film se souhaite ludique, mais ne jamais prendre le spectateur par la main par manque de confiance.
Croc-Blanc est un voyage de cinéma totalement dépaysant. Nous traversons les vastes terres de l’Amérique du Nord, entre la recherche d’or et des Indiens essayant de survivre. Le soleil perce pour amener une chaleur certaine au spectateur, quand ce n’est pas le froid qui nous glace le sang.
On ne jettera pas la pierre à une petite pointe de naïveté et de facilités sur certaines péripéties, quand bien même nous ressentons perpétuellement la férocité de l’époque. Alexandre Espigarès réussit à toucher l’équilibre nécessaire pour impressionner les enfants, réussir une œuvre de cinéma et de conquérir les adultes et autres cinéphiles exigeants. Une bien belle réussite que nous saluons chapeau bas.

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