Hellboy : Comme un vieux souvenir de Bis.

Tout le monde ou presque attendait un troisième opus des aventures d’Hellboy sous la houlette du duo Guillermo Del Toro/Ron Perlman. Mais les box-offices respectifs des deux premiers longs-métrages n’ont pas joué en faveur dans la mise en branle d’un dernier film. C’est donc le cœur lourd que Del Toro laisse la place à un remake mis en production par les producteurs du Conan le Barbare de Marcus Nispel ou des Expendables de Sylvester Stallone.

Ce dernier point peut réfréner nos ardeurs avec ce nouvel opus des aventures d’Hellboy budgété à 50 millions de dollars. Une production moyenne délocalisée à Budapest sous l’œil de Neil Marshall trop longtemps relégué aux séries de luxe pour HBO ou Netflix. La carrière de Neil Marshall a pris une tournure télévisuelle depuis l’insuccès de Centurion avec Michael Fassbender en 2010. Black Sails, Game of Thrones, Constantine ou encore Perdus dans l’espace, le réalisateur anglais règle les meilleurs épisodes de ces séries en étant l’un des meilleurs techniciens télévisuels du moment.
Puis au vu de sa filmographie, il est logique de retrouver Neil Marshall sur une production telle queHellboy. Les monstres sont son rayon après Dog Soldiers ou The Descent. Des films qui ont fait la renommée du bonhomme avant quelques échecs un peu tâche.

Hellboy sous la houlette de Neil Marshall, ça ressemble à quoi finalement ? Un long-métrage généreux, bourrin et grossier à l’image d’une réunion de cockneys dans un pub autour d’une pinte. Le film enchaîne les séquences de bravoure lourdingues où Hellboy est confronté à tout un panel de monstres énormes et répugnants. Le film commence au Mexique tel un hommage direct à Guillermo Del Toro. On apprécie le clin d’oeil via une introduction réjouissante mettant d’emblée le spectateur dans le vif du sujet. De ce point de départ, Hellboy va être une succession de niveau de jeu un peu plat. Le prince de l’enfer affrontant une pelletée de monstres à la force de ses poings, mais jamais de sa cervelle. On finit même par s’ennuyer par ses échanges bourrins successifs n’apportant aucun grain à moudre au film.
On s’amuse juste de l’interprétation de David Harbour en fils du diable. David Harbour qui s’est fait connaître en shérif dans Stranger Things, trouvant ici le rôle de sa carrière. Il est évident que l’acteur New-Yorkais était fait pour incarner la création de Mike Mignola. Après de sempiternels seconds rôles notamment dans Quantum of Solace, Equalizer ou Ballade entre les Tombes avec Liam Neeson, il trouve enfin une gueule propice à sa carrure. Force est de constater que l’acteur est à l’aise incarnant un Hellboy cool, un brin tête à claques voire par moment complètement con. Mais il est ce reflet d’un personnage en rébellion face à son père, le Docteur Broom, que Ian McShane incarne avec sa classe folle. Ce schéma n’apparaît que dans le dernier tiers du film, malgré le fait de se ressentir dès le départ. Mais l’arrivée tardive du Dr Broom va bousculer la trajectoire d’un Hellboy monocorde pour lui faire enfin franchir un cap.

Ce nouveau Hellboy reprend les choses depuis le début. Si le film évite ce sentiment de redites, on doit malgré tout s’habituer à cette nouvelle incarnation, cette nouvelle vision d’un personnage tapant du poing sur la table. Hellboy, ce grand enfant en manque de considération d’un père qui ne lui a jamais exprimé ses sentiments, mais pire encore ne l’a jamais intégré au cœur de notre société. Hellboy est fatigué de vivre dans un bunker au fil des missions super-héroïques ordonnées par son paternel. C’est dans son troisième acte que l’histoire prend une tournure plus intéressante. Le déballage des origines du gros diable par la sorcière Nimue incarnée par Milla Jovovich va amener une certaine densité au personnage et à son destin. Sous une avalanche de SFX plutôt soigné, voire classe par moment, Hellboy trouve une trajectoire propice à devenir un homme s’émancipant du regard de son père adoptif. Guillermo Del Toro l’avait déjà traité dans son diptyque, ce point créant un parallèle certain avec le réalisateur mexicain, Hellboy devenant lui-même père dans Les Légions d’Or Maudites. Dans ce nouveau Hellboy, ce point vient donner une certaine épaisseur à un dernier acte de haute volée permettant de faire grandir Hellboy et devenir lui-même le chef de sa section du BRPD.

Hellboy, nouvelle vision par les producteurs des Expendables, est un divertissement Bis nous rappelant aux bons souvenirs des productions italiennes de la fin des 70′. Le film est clairement au haut du panier des productions Millenium qui a su apporter un soin particulier au film, bien aidé par l’expérience derrière la caméra de Neil Marshall. Loin sans défauts bien évidemment, on peut reprocher une certaine platitude au niveau de ses enjeux, Hellboy est un divertissement gore aux fulgurances jubilatoires nous permettant de découvrir sur grand écran un héros décomplexé et grossier. Il ne marquera certes pas les mémoires, mais sur l’instant, le film fait un bien fou. 

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  1. Box-Office France du 08/05/2019 au 14/05/2019 -

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