A l’heure où les plates-formes de contenus en ligne pullulent, il est parfois difficile pour le cinéphile de savoir où aller pour regarder ce qu’il désire. Netflix, OCS et Amazon Prime, en dépit de quelques propositions de films alléchantes (notamment chez Netflix qui va de plus en plus chercher de grands cinéastes), restent fortement axés sur le créneau des séries pour plaire avec chacun ses forces de proposition. Alors que Apple et Disney vont également lancer leurs plates-formes, on se retrouve rapidement débordés de contenus, passant parfois plus de temps à chercher un film qu’à le regarder. C’est là qu’intervient Outbuster, conçue pour les cinéphiles exigeants, commençant à saturer de regarder les mêmes blockbusters à base de super-héros, d’explosions dans le ciel et de fonds verts.
Outbuster est une belle alternative au brouhaha habituel des autres plates-formes, un service discret mais exigeant, qui n’abuse jamais de la promotion pour appâter le chaland et demande de la part de son abonné une rigueur particulière. Pour la modique somme de six euros par mois (le premier est gratuit), celui-ci peut découvrir tout un catalogue de films indépendants venant des quatre coins du monde et qu’il serait difficile de voir ailleurs ! En effet, ce sont des films qui n’ont pas eu de sorties en salles, se contentant de sorties vidéos ne faisant pas forcément honneur à leurs qualités. Parmi les plus récentes acquisitions de la plate-forme, on trouvera ainsi Puppet Master – The Littlest Reich, récemment primé au dernier festival de Gérardmer, le film se trouvant beaucoup trop gore pour les salles.
A condition de bien fouiller car elle ne se livre pas clé en main, Outbuster recèle en son sein de belles pépites. Classés en cinq catégories aux thématiques fort plaisantes (Entre potes, Raisons et sentiments, Palmés ou presque, Complètement à l’est et L’Afrique c’est chic), les films se découvrent à condition d’être ouvert d’esprit, d’apprécier la surprise et d’aimer se lancer dans des territoires inconnus. Peu de grands noms sont présents sur Outbuster. On y trouve certes La Nuit des Morts-Vivants, le classique de Romero ainsi que Shotgun Stories, le premier film de Jeff Nichols (à découvrir d’urgence !) mais il faudra fouiner pour se régaler, Outbuster forçant la découverte en ne proposant pas de moteur de recherche sur son site. Pour trouver un film, il faut fouiller, quitte à en découvrir un autre au passage par pure curiosité ! Une ambition qui montre une direction exigeante de la part de la plate-forme mais qui force à l’aventure.
Éclectique dans ses goûts, Outbuster n’affiche aucune préférence si ce n’est la volonté farouche de faire découvrir des films indépendants, certains découverts en festival que l’on revoit avec un plaisir tout à fait intact (le petit bijou Spring, la fable corrosive God Bless America, le terrible Matar A Dios). On appréciera le beau catalogue d’Outbuster en terme de cinéma asiatique, nous permettant de découvrir les premiers longs-métrages de Yeon Sang-ho (Dernier train pour Busan), deux films d’animation radicaux regardant la Corée et ses maux droit dans les yeux : The King of Pigs dénonçant le harcèlement scolaire et l’incroyablement noir The Fake sur l’emprise de la religion dans les campagnes du pays. Pour se détendre ensuite, on pourra toujours se tourner vers Sono Sion (Why don’t you play in Hell et Tokyo Tribe sont de la partie) et même Rob Zombie puisque son génialement déluré et graveleux The Haunted World Of El Superbeasto, film d’animation cartoonesque où surgissent des zombies nazis, de belles pépées nues et un robot lubrique, est également disponible sur Outbuster.
Comme quoi la plate-forme ne pratique pas la chapelle de cinéma, le cinéma d’auteur plus exigeant et plus sérieux se mêlant ici au cinéma de genre le plus réjouissant. Pour notre plus grand plaisir, permettant de chaudement recommander Outbuster et ses innombrables découvertes, inégales mais passionnantes.
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