La Sentinelle des Maudits : To Freaks or not to Freaks.

Réalisateur : Michael Winner / Casting : Chris Sarandon ; Cristina Raines ; Martin Balsam ; John Carradine ; José Ferrer ; Ava Gardner ; Arthur Kennedy ; Burgess Meredith ; Sylvia Miles ; Deborah Raffin ; Eli Wallach ; Christopher Walken ; Jerry Orbach ; Jeff Goldblum ; Tom Berenger / Genre : Fantastique ; Horreur / Compositeur : Gil Melle / Date de sortie : 7 janvier 1977 / Durée : 91 Min / Pays : USA/

Synopsis : Top modèle très demandée, Allison Parker emménage dans un appartement au cœur de New York. Détail curieux, un prêtre aveugle habitant au tout dernier étage passe l’intégralité de son temps posté à la fenêtre. Au fur et à mesure qu’Allison va faire connaissance avec ses nouveaux (et parfois très étranges) voisins, le quotidien va commencer à se dérégler. La jeune femme souffre de migraines de plus en plus prenantes, et ses cauchemars la confrontent à ses traumatismes les plus profonds : une figure paternelle autoritaire et perverse, qui la poussa autrefois à commettre une tentative de suicide…

Critique film : Le succès de l’adaptation de Rosemary’s Baby d’Ira Levin par Roman Polanski en 1974 pour la Paramount a créé une émulation chez les studios. Warner emboîte rapidement le pas avec L’Exorciste par William Friedkin et Fox produit La Malédiction par Richard Donner. Universal jette tardivement son dévolu sur La Sentinelle des Maudits écrit par Jeffrey Konvitz. Au cœur des années 1970, le fantastique a investi l’urbanité des grandes villes. Fini les épopées victoriennes de la Hammer, bonjour New York ou Chicago. Le diable se déplace dans les grandes villes investissant les grands immeubles modernes. Le genre fantastique fait alors appel aux architectures des immeubles et résidences décrépies ou luxueuses où résident les héros. Ici, une jeune mannequin qui souhaite acquérir son indépendance auprès d’un petit ami, dont l’ex-compagne s’est suicidée récemment. Il y a comme un air hitchcockien dans ce film maquette reprenant l’apanage des succès du moment. Une maison du 19e siècle transformée en une combinaison d’appartements vides. Des personnages bizarres trop chaleureux pour être sincères et une série d’événements fantastiques créant un malaise certain chez l’héroïne. Suite au désistement de Don Siegel et à la frilosité de la Universal à engager Fred Zinneman, c’est Michael Winner qui obtient la mise en scène d’un film au résultat académique. On sent le réalisateur qui sort du succès de Death Wish assez fébrile avec l’exercice. On s’ennuie envers ce postulat télévisuel charmant, mais manquant surtout de relief et d’une personnalité évidente. Il faudra attendre les dernières minutes du long-métrage pour voir la porte des enfers s’ouvrir laissant échapper une bande de freaks entre difformités véritables et maquillages réalisés par Dick Smith pour créer l’horreur attendue. La Sentinelle des Maudits est une commande ronflante et terne. Le film tourne à vide pendant ces trois quarts laissant surgir le malaise via une fulgurance exhibitionniste gratuite. On retiendra surtout l’emploi de vieilles trognes (Ava Gardner; Burgess Meredith; Eli Wallach; Martin Balsam) et de jeunes premiers (Chris Sarandon; Tom Berenger; Christopher Walken) pour un produit de luxe qui sonnera le glas d’un sous-genre furtif du fantastique moderne.

Test Blu-ray : 

Date de sortie vidéo : 21 novembre 2018

Informations Techniques : Image : Mpeg4 – AVC / Format cinéma : 1.85 : 1 
Langues : Anglais et Français DTS-HD Master Audio 2.0 Sous-titres : Français (amovibles)

Image : Elephant Films reprend un master propre, mais daté déjà utilisé en 2015 par l’éditeur américain Shout Factory. Si l’on retrouve le grain télévisuel des productions Universal de l’époque, La Sentinelle des Maudits ne s’en sort pas trop mal avec un master HD propre. Certains plans ressortent des couleurs vives et les vues sur l’Hudson et Manhattan sont superbes. Nous ne rechignerons pas sur un manque de détails que nous mettons sur le compte de l’entreprise de départ, à savoir un produit de consommation surfant sur les succès du moment. Mais notons une déception dans le travail de Michael Winner, technicien soigneux d’habitude, notamment sur Un Justicier dans la Ville.

Son : À privilégier bien évidemment la VO avec sous-titres bien plus équilibré et ouvert. La VO est propre avec des dialogues assez clairs. La version française est à niveau équivalent, subissant parfois une saturation. Le rendu est toutefois honnête et efficace.

Bonus Blu-ray/DVD : Les bonus se compte au nombre de deux documentaires produits par Julien Comelli et réalisés par Erwan Le Gac. Le premier se nomme La Locataire (18′), référence directe à Roman Polanski. D’une terrasse au fond montagneux magnifique, Julien Comelli nous présente le film revenant de manière assez documentée sur toutes les étapes de la production. Il évoque par exemple le projet lancé en pleine mode du fantastique urbain initiée par le Rosemary’s Baby de Roman Polanski, les codes qui en découleront puis de l’implication de l’écrivain  Jeffrey Konvitz  dans l’adaptation de son roman. Le journaliste suisse interpelle par les glorieux choix de la Universal pour porter le projet, que ce soit Don Siegel qui rejette le film ou la possibilité de Fred Zinneman. Niveau casting, les choix premiers se sont portés sur Kate Jackson, héroïne de la série Charlie Angel’s et Martin Sheen, qui partira au Vietnam deux ans après avec Francis Ford Coppola, jugé pas assez bankable à l’époque. Julien Comelli fait donc un tour complet sur l’histoire du film, de la possibilité de John Williams au score, dévolu ensuite à Gil Melle, mais aussi les retakes pour la diffusion TV ou les effets spéciaux particulièrement réussis d’un film aujourd’hui oublié par le grand public.
Le deuxième documentaire est le plus original et amusant. Rarement nous aurons reçu telle proposition en suppléments outre les recettes de cuisine de la part de Robert Rodriguez sur ses films. Avec 10 Montague Terrace – Paradise in Earth, nous visitons la maison à la manière d’une vente immobilière. Nous passons en revue via des photos les moindres recoins d’une bâtisse datant de 1860. Son histoire et celle de ses premiers propriétaires, riche famille new-yorkaise. Alternant photos et séquences référentes au film, on redécouvre la maison transformée en une série d’appartements toujours habités aujourd’hui. Une petite visite touristique possible lors de voyages à New York. 
Le reste des bonus se compose des bandes-annonces de l’éditeur, la bande-annonce originale du film, la scène d’ouverture en français provenant d’une source VHS et puis c’est tout.

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