L’héritage des 500 000 : La fièvre dorée

Habitués à chanter les louanges de Carlotta Films dans ces colonnes, nous n’allons toujours pas changer de discours et saluer le travail de l’éditeur et distributeur qui nous offre en ce début de mois d’avril une véritable rareté sur grand écran à partir du 3 avril. L’héritage des 500 000 donc, première et unique réalisation du grand acteur japonais Toshiro Mifune, fidèle collaborateur d’Akira Kurosawa (16 films ensemble !). Dans un mois que Carlotta consacre au cinéma japonais avec de nombreux Kurosawa qui ressortent le 17 avril, L’héritage des 500 000, longtemps resté invisible, est une petite pépite à découvrir d’urgence !

De fait, on ne sait pas trop ce qui a poussé Mifune, homme plutôt discret dans la vie privée, à prendre les rênes de ce film, première réalisation à être produite par sa société Mifune Productions. Dans son entourage, on a beaucoup murmuré que ce n’était pas son initiative mais qu’il avait été poussé par quelques flatteries d’autres producteurs. Quoiqu’il en soit, Mifune endosse le triple rôle qui lui échoue (réalisateur – acteur – producteur) avec son habituelle classe impériale et livre un film sur un sujet que n’aurait certainement pas renié le grand Kurosawa.

L’héritage des 500 000 s’inspire d’une histoire persistante bien connue au Japon. Lorsque l’armée japonaise était aux Philippines pendant la seconde guerre mondiale, elle aurait dissimulé dans la jungle un grand trésor, constitué de milliers de pièces d’or. Partant de ce postulat, le scénario de Ryuzo Kikushima (lui aussi fidèle collaborateur de Kurosawa) raconte l’histoire de Matsuo, le seul commandant encore vivant à savoir où est enterré le trésor. Près de 20 ans plus tard, un riche homme d’affaires le contacte et le force à retourner aux Philippines accompagné de quatre hommes pour mettre la main sur les pièces d’or…

Un sujet de haut vol pour ce qui s’avère être un film d’aventure aux accents tragiques, regard sur la convoitise de l’être humain, décidément prêt à tout pour se faire de l’argent. On pense ainsi au Trésor de la Sierra Madre mais aussi à Werner Herzog et même au plus récent Triple Frontière. Et si tous les ingrédients sont réunis pour faire de L’héritage des 500 000 un grand film, force est de reconnaître qu’il lui manque le regard acéré d’un cinéaste pour qu’il puisse l’être. En effet, on n’a aucune peine à imaginer ce qu’aurait pu en faire Akira Kurosawa, là où Toshiro Mifune se montre compétent certes mais justement un peu trop sage. Certaines séquences se retrouvent ainsi solides là où elles auraient pu être carrément transcendées entre les mains d’un autre.

Pas de quoi se chagriner cependant car L’héritage des 500 000 en a suffisamment sous son chapeau pour passionner. Ambitieux dans sa façon de mêler film d’aventure et fable plus intimiste, le film bénéficie d’un décor de jungle fabuleux et d’une distribution impeccable (Tatsuya Nakadai, autre acteur fidèle de Kurosawa, est là aussi), assurant le divertissement avec un joli panache qu’il faut d’emblée foncer découvrir.

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