Boy Erased : Le garçon qui voulait vivre sa vie

Acteur à la carrière discrète mais à la présence toujours imposante, Joel Edgerton s’était déjà essayé à la réalisation en 2015 avec The Gift, un thriller surprenant assez noir. Avec Boy Erased, il s’attaque à un sujet plus ambitieux, à savoir la répression de l’homosexualité aux États-Unis, le pays comportant à ce jour encore de nombreux centres religieux proposant des thérapies de reconversion ayant la vocation de ‘’guérir’’ l’homosexualité. Le film s’inspire donc de l’autobiographie de Garrard Conley, fils de pasteur  homosexuel ayant suivi une thérapie dans un de ces centres, un homme donc très bien placé pour dénoncer toute la bêtise et la dangerosité de ce genre de choses, plus à même d’abattre quelqu’un plutôt que de l’aider…

Joel Edgerton s’empare donc de ce sujet à bras-le-corps. Il nous raconte ici l’histoire de Garrard Conley sous la forme d’une fiction en s’attardant sur le personnage de Jared Eamons, fils de pasteur se découvrant homosexuel. Pour le père, le coup est dur et il envoie son fils dans un centre de thérapie de reconversion tenu par Victor Sykes, un homme persuadé que l’on peut guérir l’homosexualité. Alors que Jared découvre de plus en plus la violence et l’absurdité de ce lieu qui le révolte, il devra rallier sa mère à sa cause pour s’enfuir. Ne quittant jamais Jared (incarné par un Lucas Hedges décidément talentueux), Boy Erased embrasse les sentiments de celui-ci à l’aide d’une mise en scène aux couleurs douces, faisant un beau travail sur le flou et la composition des plans.

Joel Edgerton (qui s’offre au passage le rôle de Sykes) parvient à donner à son scénario de beaux enjeux émotionnels. Il centre son récit non pas sur l’acceptation de l’homosexualité de Jared par ses parents, mais sur sa résistance face à cette oppression de tous les instants créée par cette thérapie ridicule où l’on apprend à ses participants comment se tenir de manière virile. Tout en étant assez beau dans sa pudeur et ses sentiments contenus (Nicole Kidman et Russell Crowe ont quelques moments touchants), Boy Erased manque cependant de véritable ampleur émotionnelle. Parfois trop sage, le film n’essaye jamais de s’aventurer trop loin des sentiers battus, comme s’il était coincé dans le carcan de son sujet qu’il faudrait à tout prix ne pas froisser. On aurait tout de même aimé un peu plus de prise de risque pour que Boy Erased puisse décoller un peu émotionnellement, son sujet étant peut-être à la fois sa plus grande force et sa plus grande faiblesse. Il n’en demeure pas moins un récit qui secoue et qui crée l’indignation, rappelant la féroce bêtise de l’être humain dès qu’on se montre un tant soit peu différent de ses convictions…

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