Édito – Semaine 12

Au moment d’écrire ses lignes, une question me taraude : vaut-il mieux discuter de deux réalisateurs émergents proposant leurs seconds films dans les prochaines semaines, ou se concentrer une énième fois sur un Tim Burton vieillissant en pleine retraite les pieds en éventail chez Disney ?

D’accord, US est un petit événement en soi. Jordan Peele est de retour avec son second long-métrage après le terrible Get Out. Tout le monde en parle, certes, mais peut-on voir réellement le talent d’un metteur en scène derrière un second film ? Pas forcément, en dépit d’accorder les promesses fixées en lui. Mais patientons avant de s’exclamer. De la même manière que Joel Edgerton revient, cette fois-ci au cinéma avec Boy Erased après The Gift, thriller malsain et malin, que Universal n’a pas pris la peine de sortir chez nous, même en VOD. L’acteur australien a un potentiel intéressant, mais patientons aussi, Boy Erased devant lui aussi ne pas sortir en France, son gros casting sauvant la cause du film. Bref, focus sur ce cher Tim.

Tim Burton, metteur en scène torturé balançant ses fantasmes monstrueux à la face des spectateurs avec des œuvres devenues cultes : Beetlejuice ; Batman Returns ; Edward aux mains d’Argent ou encore Sleepy Hollow. L’homme a longtemps été considéré comme l’architecte majeur du fantastique du cinéma moderne. Mais depuis quelques années, disons qu’il se la coule douce à Hollywood. Ses chefs-d’œuvre sont derrière lui traînant quelques longs-métrages ternissant sa filmographie. Burton s’emploie opportunément chez Disney ou aux plus offrants pour des productions faciles souvent sous forme d’adaptations : Alice aux Pays des Merveilles,  Miss Peregrine ou Dark Shadows. Garderons-nous seulement Big Eyes comme une dernière œuvre personnelle et sincère.
Ce cher Tim est de retour ce 27 mars 2019 avec une nouvelle adaptation, Dumbo en live. Grand artisan de la marche en avant d’adapter en live les grands classiques Disney avec son Alice aux Pays des Merveilles, il continue en mettant en scène le célèbre éléphant aux grandes oreilles. C’est à ce moment précis que nous pensons l’avoir perdu.Plutôt avec La Planète des Singes ? Nous rencontrons le monsieur cette semaine pour son passage à Paris, vous en saurez donc un peu plus d’ici à vendredi avec notre interview en vue de notre focus sur le film et sa sortie, mais nous continuons à penser que nous avons perdu Tim Burton. Ce n’est pas Miss Peregrine qui nous fera changer d’avis, le film ne se rappelant à nous comme une mauvaise sieste, moment de gênance sans âme, ni le moindre talent évident d’une recette tournant à vide.

Ce cher Tim peine à nous surprendre utilisant les monstres des autres pour s’accaparer des œuvres dont il s’afflige à ne jamais personnaliser la matière. Tim Burton est devenu un technicien sans relief, malgré l’emploi régulier de la 3D pour augmenter le prix des tickets, adaptant facilement et jouant ouvertement sur un titre de noblesse fantastique perdu depuis longtemps. Dumbo ne changera en aucun point la donne, un nouveau produit de luxe pour un studio qui adore se faire tirer ses grandes oreilles. L’emploi de grands noms, comme excuse de produire le meilleur divertissement, ne sauve pas l’entreprise de l’échec artistique à défaut de celui public, les spectateurs étant d’avance voués à leur cause. Dumbo, Aladdin ou Le Roi Lion, des exemples avec des noms derrière la caméra comme Guy Ritchie ou Jon Favreau, la justification d’une cause noble pour mieux déjouer l’opportunisme facile d’une entreprise malsaine. Le box-office est assuré, tout autant que la retraite des messieurs et l’avenir des enfants, les noms se payent cher, quand ce n’est pas notre cinéma qui prend cher, tout autant que le spectateur payant sa place pour un spectacle au four micro-onde.

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