Rosie Davis : Une époque formidable.

L’idée de Rosie Davies provient d’un témoignage à la radio d’une femme et de sa famille sans domicile. Son mari a un travail stable, mais le soir, ils cherchent désespérément un toit pour dormir. La femme fait le portrait d’une famille normale, juste sans logement. Un problème qui prend forme, alors que l’Irlande du Nord se sort du marasme économique récent subit par le pays. Un dommage collatéral à ce pays qui reprend des couleurs. Des loyers chers pour des familles moyennes dont les salaires ne suffisent pas à remplir les critères pour une location.
Roddy Doyle, romancier et dramaturge irlandais, trouve l’essence à une histoire destinée d’emblée au cinéma. Le squelette du film était écrit en deux jours.

L’histoire de Rosie Davies se déroule sur une journée et demie. Cela fait une quinzaine de jours que Rosie et sa famille ont perdus leur logement. Le propriétaire l’a récupéré pour le vendre. La famille, composée de quatre enfants, n’a pas de point de chute. Les affaires s’entassent dans la voiture, quand le reste est stocké chez le frère de John-Paul, mari de Rosie. Le chien y est aussi.
Rosie passe sa journée à chercher un hôtel pour dormir. La mairie prend en charge l’hébergement, à elle d’appeler tous les numéros fournis. La grande famille n’est pas seule dans les hôtels. Le film montre alors la dramaturgie de cette société explosée qui ne peut plus se loger convenablement. Dublin ne compte plus assez de logements et le film ne montre pas la solution des logements sociaux. L’idée de la banlieue n’effleure jamais Rosie pour trouver un logement.
Mais l’intention du film est ailleurs. Rosie Davis est la photographie des maux d’une société abîmée ne pouvant assumer ses concitoyens. La famille se retrouve à la rue, enfermée toute la journée dans la voiture avec le maximum d’affaires à transporter pour survivre. La galère d’une vie malgré un travail stable et des revenus, le mari travaillant dans un restaurant. La famille ne croule pas sous les dettes non plus. Elle galère juste.

Mais tout cela pourquoi justement ? Le long-métrage n’introduit jamais le réel problème. D’où provient cette crise du logement ? Quelles sont les solutions pour la famille de Rosie en dépit du travail de son mari ? Outre le fait de la perte de la maison, nous ne comprenons jamais le sens du film. Quelles sont ses intentions avec cette famille ? Puis fin… The End… dernière image de ce mari assis sur des palettes surveillant la voiture où tout le monde dort. Une journée et demie s’est passée sans que nous en sachions plus. On sort du film comme nous en sommes entrés avec un plein de questions en plus. On sait que les jours vont se ressembler pour Rosie et son mari. Mais le film commençait juste à brosser le portrait des enfants. Les problèmes de Millie à l’école, tout comme la révolte de Kayleigh qui s’échappe de cette situation. Que va devenir cette famille ? Nous restons en suspens face au générique sans en savoir plus.
On sort alors chiffonnés de ce long-métrage au discours potentiel fort et révoltant. Mais il n’embraye sur rien, ne crie jamais, juste expose un fait sans en proposer la moindre éclaircie, ni même une once de noirceur. Nous faisons face alors au générique abasourdi. Nous avons mal pour la famille de Rosie qui dort dans cette voiture au milieu de ce parking désert. Mais que pouvons-nous faire  ? Quelle est la solution  ? Quelle est la fin, s’il y a une fin à cette histoire ?

Rosie Davies se ressent comme un témoignage prenant le biais du cinéma pour se faire entendre. Un essai prenant à la gorge tant la photographie de cette famille unie est dramatique. Mais le film se tenant seulement aux faits laisse la frustration nous envahir envers une proposition forte, mais sans lendemain.

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