High Flying Bird : Top of the game

Visiblement grisé par son expérience de tournage à l’iPhone après Paranoïa, Steven Soderbergh n’a pas tardé à remettre le couvert avec l’énergie qu’on lui connaît. C’est donc ainsi que débarque High Flying Bird, son nouveau film, disponible exclusivement sur Netflix depuis le 8 février dernier.

Comme toujours avec Soderbergh, on est pris au dépourvu par ses envies et la diversité avec laquelle il enchaîne les projets. Difficile de trouver une ligne claire dans la carrière du cinéaste si ce n’est celle de l’expérimentation, de l’envie de tourner, de chercher le plus de liberté possible. Avec High Flying Bird, premier scénario du dramaturge Tarell Alvin McCraney (à qui l’on doit la pièce ayant donné naissance à Moonlight), Soderbergh nous plonge dans les coulisses de la NBA, s’intéressant plus précisément à un lock-out d’une entreprise d’agents de sportifs. Bloqué par la fermeture partielle de sa boîte à cause d’une grève, Ray Burke, agent sportif, va tout faire pour décoincer la situation afin de pouvoir gagner sa vie et rendre au basket l’honneur qu’il a perdu à cause des millions engrangés par ce sport.

Si vous avez peur en lisant le pitch, ne vous inquiétez pas. Le script de Tarell Alvin McCraney est brillant sur bien des points notamment sur celui, très fort, de nous faire comprendre rapidement les enjeux de son récit même si l’on n’y connaît absolument rien en basket. En cela, High Flying Bird n’est pas sans rappeler les scénarios d’Aaron Sorkin (A la Maison Blanche, Le Stratège), captant très vite l’attention du spectateur en le plaçant dans un univers méconnu sans pour autant trop le prendre par la main, déjouant par la même occasion nos attentes (c’est plus un film d’arnaque qu’un film sur le sport, High Flying Bird ne comportant d’ailleurs aucune séquence sportive)

Aidé d’un scénario malin et rythmé, Soderberg prend alors le contrepied de Paranoïa. Dans son film précédent, l’iPhone avait un rendu un peu froid et souvent laid. Ici, Soderbergh privilégie les intérieurs épurés et les grands angles pour mieux soigner notre œil de spectateur. Grâce à sa savante science de l’image, le cinéaste brosse des plans très beaux, au service de ses acteurs. André Holland (qui a déjà tourné pour le cinéaste avec The Knick et qui connaît l’univers de McCraney pour avoir joué dans Moonlight) se montre ainsi particulièrement impeccable (et implacable) dans son rôle d’agent manipulateur tandis que l’on retrouve avec plaisir certaines pointures du petit écran (Kyle Maclachlan, Sonja Sohn) ainsi que d’autres acteurs montants (Zazie Beetz).

Tout ce casting est au diapason d’un scénario classique mais intelligent, écrit avec malice, parvenant à passionner en se contentant de nombreuses séquences dialoguées dans des bureaux. Sans dynamiter le genre, High Flying Bird vient alors faire un bien fou et confirme que Soderbergh tire décidément sa force de son éclectisme, signant un film revigorant laissant encore augurer de belles promesses de sa part.

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