Captain Marvel: She got a Power !

Marvel sort sa Captain du placard. Annoncé à la fin d’Avengers Infinity War sous le vacarme euphorique des fans, l’héroïne extraterrestre fait officiellement son apparition dans cette origin story en salles le 6 mars 2019, pendant que Black Widow attend toujours son film solo.
Captain Marvel, apparue pour la première fois dans un comics en 1967, prend la bonne bouille de Brie Larson. Un recrutement de choix, l’actrice étant la représentation de la copine idéale. Elle est le pendant à tous ses héros mâles peuplant l’univers depuis une dizaine années. Seule Natasha Romanoff faisait le travail depuis son apparition dans Iron Man 2. Mais n’allons pas dire que l’apparition de Captain Marvel dans le MCU est due au mouvement #MeToo ou Time’s Up suite aux faits divers ayant fait trembler dernièrement Hollywood. Son introduction était prévue depuis un moment déjà dans la maline tête de Kevin Feige. Disons simplement que son arrivée se fait à point nommé.

La distinction des origines de Captain Marvel est un brin fumeuse. Tout démarre dans un brouhaha monstrueux au fin fond de la galaxie. Le film se rattache alors aux Gardiens de la Galaxie, mais aussi inévitablement à Thor Ragnarok. Attention, nous ne sommes pas dans la même temporalité, Cap Marvel se déroulant bien en amont. C’est simplement pour mieux situer le film dans son approche, Marvel/Disney essayant la facilité de copier/coller le style « James Gunn ». Un aspect cool sous des airs de tubes radiophoniques liés à l’époque de l’intrigue et une héroïne un brin rebelle. Cela ne vous rappelle personne  ?
Après Thor Ragnarok, Marvel/Disney continue la cool-attitude pour caractériser sa branche super-héroïque. Mais ne peut être cool qui le souhaite. Le duo de réalisateurs, Anna Boden & Ryan Fleck, n’arrive jamais à insuffler le moindre souffle, la moindre énergie à cette gomme pré-mâchée qu’est le blockbuster. Le terrain était loin d’être conquis d’avance. Les deux réalisateurs sont beaucoup plus habitués au cinéma indépendant américain entre Half Nelson avec Ryan Gosling comme premier film ou dernièrement Under Pressure avec Ryan Reynolds, sorti directement en vidéo en France. Boden & Fleck suivent, bien malgré eux, le cahier des charges d’un studio s’accaparant des talents indépendants pour servir une soupe froide. Ce même plat qui fait le succès des différentes phases depuis quelques années. Captain Marvel n’échappe pas à la règle, tout est calibré à en devenir chiant comme la lune. On se retrouve même devant des pans entiers, jusqu’au moindre son, à des courses-poursuites de vaisseaux venues tout droit de chez Star Wars. À accumuler les sagas fortes, les techniciens de chez Disney s’emmêlent les pinceaux reproduisant aux calques prêts les notifications des exécutifs. Captain Marvel n’a alors plus rien de naturel, le spectateur se retrouvant devant un patchwork des talents Disney. 

La manifestation de Captain Marvel arrive certes au bon moment pour Marvel. Le moment idoine pour faire jaillir une femme dans son univers. Et quelle super-femme avons-nous envie d’avouer tant les prouesses de la demoiselle sont innombrables. Nous faisons face à la plus puissante héroïne que les mondes des comics aient connue. Pour le film, Marvel adapte le travail de Kelly Sue DeConnick, son inspiration moderne de Carol Danvers, métaphore du dépassement de soi, de ses peurs profondes, un vol direct vers ses doutes et sa position de femme dans un monde d’hommes. Le cercle militaire, métaphore directe des Avengers, dont ce sera le dernier mot à s’inscrire sur l’ordinateur à la fin du divertissement. Le MCU se mue en une entité transgenre où les femmes vont prendre le pouvoir et diriger les opérations, sujet d’une scène post-générique et du futur proche, Captain Marvel étant la solution pour vaincre Thanos. Tout ne sera pas si simple, mais elle est le messie d’une génération qui a fait son temps, s’apprêtant à laisser la place, avec autant de succès, comme l’espère Kevin Feige. Pour cela, il faudrait tout de même réfléchir à restructurer une recette du succès de plus en plus éculée, qui va un jour véritablement sentir le rance.