Stan & Ollie : Jamais l’un sans l’autre

1937, alors que Charles Chaplin et Buster Keaton font leurs films en toute liberté à Hollywood, Laurel et Hardy sont encore sous la houlette du producteur Hal Roach. Les deux compères rêvent de liberté. Le contrat de Laurel se finissant chez Roach, il compte enfin être libre mais Hardy, encore sous contrat, tourne pour Roach sans son ami…

1953, Angleterre. Vieillissants et moins populaires auprès du public, Stan Laurel et Olivier Hardy se retrouvent pour une tournée dans tout le pays en espérant pouvoir faire financer un nouveau film. Alors qu’ils peinent à faire salle comble, ils vont devoir retrouver leur complicité et oublier leurs différends pour renouer avec le succès. L’entreprise est difficile, menacée par la santé de plus en plus préoccupante d’Ollie tandis que Stan tente de cacher à son vieil ami que le film qu’il lui a promis ne se fera jamais…

On aurait pu craindre d’un film sur Laurel et Hardy qu’il ne soit guère inspiré, se contentant de se reposer sur deux acteurs de talent sans se fouler au niveau du scénario. Le début de Stan & Ollie laisse un peu craindre tout ça, un film un peu mou, un peu poussiéreux et académique (chose d’autant plus étonnante que Jon S. Baird, le réalisateur avait fait preuve d’une sacrée énergie avec Ordure !). Certes, les interprétations de Steve Coogan et John C. Reilly sont assez bluffantes tant les deux acteurs se sont fondus derrière leurs personnages avec un mimétisme avec incroyable. A vrai dire, on ne doutait guère de leur capacité à prendre ces rôles à bras-le-corps tant ces deux-là se sont toujours montrés talentueux. Si l’on ajoute à ça du maquillage totalement invisible, ils sont la valeur sûre d’un film diablement émouvant.

Car passées les vingt premières minutes, Stan & Ollie commence à furieusement nous convaincre. Déjà par l’audace de son choix narratif, se concentrant uniquement sur cette tournée anglaise de 1953, permettant de cristalliser les enjeux du récit, de cerner les personnages et de montrer tout ce qui fait le sel et la singularité de ce duo comique hors normes. Au fil des séquences, ce qui semblait n’être qu’un simple biopic s’avère finalement être la formidable histoire d’amour entre deux artistes qui ne pouvaient se passer l’un de l’autre. Chacun avec leurs défauts (un goût prononcé pour les paris sportifs du côté d’Ollie, une rigueur parfois un peu excessive de Stan), ces deux hommes ayant commencé leur duo par hasard se complètent à merveille. Il faut voir l’aisance avec laquelle ils reprennent leurs gags ou la facilité avec laquelle ils travaillent et vivent finalement tout ensemble pour comprendre que ces deux artistes étaient de vraies âmes sœurs (dans le sens le plus pur du terme), incapables de faire une carrière en solo. Même après la mort d’Ollie, Stan continuera d’ailleurs d’écrire pour leur duo, incapable de se résoudre à l’absence de son vieux compère.

C’est dans ces merveilleux moments mettant en scène l’amour total (et forcément conflictuel) que se vouaient ces deux hommes que Stan & Ollie fait mouche, parvenant à capter l’essence du duo en à peine deux heures. L’écriture de Jeff Pope (Philomena) est tout aussi soignée du côté des femmes puisque Lucille Hardy et Ida Laurel forment un duo irrésistible, épouses différentes dans leurs caractères mais similaires dans leur amour. Cette écriture intelligente, classique certes, fait mouche jusqu’à la fin du film, qui s’avère parfaitement émouvant, nous faisant découvrir le plus célèbre des duos comiques sous un angle nouveau, profondément humain.

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