WarGames : En avant les pare-feux

À l’occasion de sa ressortie en salles ce 27 février 2019, il est plus que temps de se pencher sur WarGames de John Badham, perle culte des années 80, assez méconnue aujourd’hui. Matthew Broderick joue ici un de ses premiers rôles au cinéma et son premier rôle central. Il y interprète le jeune lycéen David Lightman, passionné d’informatique et de jeux vidéos.

Alors que le lycéen cherche à s’introduire dans le système informatique d’une compagnie d’ordinateur et de jeux vidéos, il entre en contact avec le super ordinateur du NORAD, le commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord. Ce super ordinateur, le WOPR, en référence au whopper de Burger King parce que le véritable ordinateur du NORAD s’appelle le BRGR (burger), est conçu pour gérer le lancement des ogives nucléaires sous l’ordre du Président des États-Unis. L’ordinateur est aussi conçu pour simuler d’innombrables scénarios dans le cas où les missiles devraient être lancés. Et c’est justement ce qu’il fait lorsque le jeune David pense jouer à un tout nouveau jeu, « Guerre Thermonucléaire Globale ». Le WOPR affole les militaires qui pensent à une troisième guerre mondiale contre la Russie.

WarGames a marqué son temps grâce à sa vision de l’informatique et de l’usage qu’elle aura dans le futur. Le futur du passé donc, il faut pas oublier que nous sommes dans les années 80. Le film a notamment inspiré la première loi sur le hacking aux États-Unis et a donc le mérite d’avoir sensibilisé les politiciens et particulièrement le président de l’époque, Ronald Reagan, sur les dangers de l’informatique et de son utilisation. WarGames est un divertissement avant-gardiste en tout point, surtout depuis le boom d’Internet, à savoir la guerre de l’information.

On trouve au casting les présences de Dabney Coleman (Tootsie) et John Wood (La Rose pourpre du Caire, Jumpin’ Jack Flash), aux côtés d’un Matthew Broderick juste portant le film sur ses épaules. Le jeune acteur deviendra ensuite une véritable star propre aux 80′ avec le succès de La Folle Journée de Ferris Bueller réalisé par John Hughes. Est-ce que WarGames aurait tapé dans l’œil du réalisateur à l’époque ?

C’est au travers du personnage de David que WarGames, avec Tron sorti un an auparavant, se place comme un des rares films à traiter la communauté des passionnés d’ordinateur et d’informatique de manière bienveillante. Le David Lightman incarné avec conviction par Broderick, tout comme le Kevin Flynn de Jeff Bridges, sont des personnages attachants. David Lightman est un adolescent comme les autres qui se trouve être passionné d’ordinateur. Cette passion étant d’ailleurs utilisée pour le mettre en valeur comme un héros typique de l’époque. On peut interpréter cela d’une manière à montrer aux spectateurs que cette jeunesse des années 80 est la première génération à évoluer dans un monde où l’informatique permets l’incroyable pour un jeune lambda. L’informatique commence donc à faire partie intégrante du quotidien n’agissant plus seulement au cœur d’un milieu composé d’individus en marge de la société. Phénomène que l’on peut mettre en lumière en faisant la comparaison entre David et le duo d’adultes férus d’informatique qu’on rencontre le temps d’une scène qui sont quant à eux, bien plus fidèles aux clichés.

Non content de traiter le sujet de l’informatique efficacement, WarGames est surtout un film anti-guerre au cœur du climat de peur liée à la Guerre Froide. Ce climat cristallisé par le personnage de Stephen Falken, directement inspiré de Stephen Hawking et créateur du WOPR. Un personnage défaitiste qui pense que l’humanité est destinée à s’autodétruire avec l’arme nucléaire. Personnage qu’il faut mettre en relation avec la dernière réplique du film, dite par le WOPR : « Drôle de jeu où pour gagner il ne faut pas jouer. » Ce qui signifie que notre héros représente à la fois le renouveau et l’espoir pour les deux thèmes centraux du film. Comme une volonté de dire que les générations futures seront capables de se détacher du nucléaire, tout particulièrement pour l’armement, mais aussi d’améliorer la technologie en faveur de notre monde.

WarGames est un film terriblement bien écrit, aussi bien dans ses propos que dans sa narration. On ne s’en rend pas forcément compte à chaud mais le film est extrêmement dense et pourtant on ne se sent jamais perdu ou ennuyé. Il aura aussi marqué le cinéma grâce à son esthétisme, le WOPR renvoyant au monolithe de 2001 : L’Odyssée de l’Espace comme une référence opportuniste, mais surtout son décor de la salle d’opération du NORAD qui était à l’époque le décor le plus cher de l’histoire du cinéma.

WarGames est un pur produit de son époque lui procurant tout son charme suranné. À notre époque où le rétro et la nostalgie sont à la mode, profiter de sa ressortie en salles pour aller le découvrir dans les meilleures conditions possibles est une agréable occasion à ne point louper.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*