Édito – Semaine 9

Week-end de récompenses, le petit monde cinéphilique est en ébullition en cette fin de février. Les regards se braquent sur la cérémonie des Oscars qui se déroule dans la nuit de dimanche 24 février à lundi 25 février, un peu trop pour qu’on en parle ici.
Mais la 44e cérémonie des César a rendu son verdict ce vendredi soir. L’attente était de mise dans la perspective de l’écriture de cet édito. Nous avions peur d’un académisme plombant, mais quelques risques ont été décelés dans les attributions. Bon Jacques Audiard repart avec la statuette du meilleur Réalisateur pour le déplacement effectué, mais c’est surtout Xavier Legrand, le gagnant de la soirée.
Jusqu’à la Garde, film qui permet aussi à Léa Drucker d’être récompensé meilleure Actrice pour son rôle de mère harcelée par son ex-mari, pervers narcissique qui traque et oppresse sa famille suite à la séparation. Un film fort et violent qui ne vous lâche plus après la projection. Un petit coup de maître justement récompensé par le César du Meilleur Film et du Scénario Original. Xavier Legrand travaille son film depuis nombre d’années après un premier court-métrage relatant ce même sujet par cette séquence chez le juge que l’on retrouve dans le film. 
À suivre la carrière de ce jeune metteur en scène. On guettera son deuxième essai, en espérant le même accueil critique.

La déception de la soirée se focalisera sur Le Grand Bain, qui repart bredouille, enfin presque. Philippe Katerine décroche le César du meilleur acteur dans un second rôle pour son interprétation de Thierry, homme singulier et seul qui voit la perspective d’une bande d’amis et d’un amour possible avec cette équipe de natation synchronisée. Une récompense juste, même si les talents nommés se balançaient par un juste équilibre. La récompense d’un film via un acteur parmi tant d’autres, la récompense d’une comédie dramatique adoubée par la critique et le public. Le Grand Bain se fait snober par son doux enrobage populaire et le drame poignant d’une bande de Français sur la tangente. Un film d’auteur qui a su trouver la fibre populaire pour se démarquer. Tant pis pour Gilles Lellouche dont nous sommes déjà impatients de voir le prochain film derrière la caméra.

C’est un peu la même histoire pour Alex Lutz qui récupère le César du meilleur Acteur pour Guy pour mieux évaporer la déception de ne pas tout rafler. Mais il faut en laisser aux autres, et à l’académie de casser les pronostics. Au mieux Jusqu’à la Garde était un bon challenger, mais les votants ne l’ont pas vu du même œil. L’audace d’un jeune metteur en scène mature et objectif qui a su digérer ses références pour construire un premier film à part. L’académie des César commence donc à regarder ailleurs, quand elle ne récompense pas moins les choix du public avec cette année, Les Tuche 3. Le tout sous le regard vieillissant et fatigué de Robert Redford qui n’a malheureusement pas étincelé la soirée de sa présence, l’hommage lui étant fait se conclura par un sentiment de tristesse. La récompense de sa carrière par le cinéma français arrivant trop tard. Comme trop souvent avons-nous envie de préciser, quand ce n’est pas un problème de timing, avec notamment Kevin Costner il y a quelques années. 

La 44e cérémonie des César était au fond réussie et charmante, bien conduite par un Kad Merad sachant bien placer les plats. Tout roula bien sur de bonnes roulettes, une soirée qu’on oubliera avec le temps, à défaut du film principal et primé de la soirée, Jusqu’à la garde dont le metteur en scène gardera ce moment à jamais en tête.

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