26e Festival International du Film Fantastique de Gérardmer – Jour 3

Cette 26e édition de Gérardmer peine dans le fond à nous stimuler. La sélection de films vus ne crée pas l’enthousiasme attendue. Nos pieds souffrent surtout de nos divers allers-retours au cœur de cette ville aux trottoirs toujours pas déneigés, mais le souffle est au taquet, nos exercices de cardio quotidien montrant leurs utilités. Nous ne souffrons pas pour rien.
Enfin, à Gérardmer, nous souffrons d’une cinéphagie peu ragoûtante. La sélection loin d’être convaincante. Nous étions curieux du documentaire, Beyond Blood, revenant sur la période de la French Terror subventionné par StudioCanal. Cette période faste a permis la découverte de réalisateurs tels que Alexandre Aja, Maury & Bustillo, Xavier Gens ou notre chouchou Pascal Laugier. Le problème de Beyond Blood, réalisé par Masato Kobayashi, est de se destiner à un public non-initié. Au cœur de Gérardmer, le documentaire peine à convaincre loin d’être aidé par un mixage dégueulasse et une approche assez amatrice. De belles déclarations d’amour qui ne débouchent jamais sur la passion d’un film qui ne deviendra point une référence sur le sujet. 

Beyond Blood – Maury & Bustillo

Gérardmer et sa neige encombrant les trottoirs. Les festivaliers envahissent les routes tels des zombies affamés de péloches naviguant de salles en salles. Nous voguons donc vers la salle du Casino pour découvrir Zoo. L’histoire d’un couple sur le point de divorcer quand Londres subit une épidémie transformant ses habitants en morts-vivants. Un film indépendant au budget assez sec qui nous confine au cœur d’un récit misanthropique sur la survie de ce couple en huis-clos permanent. Le long-métrage suit un rythme tranquille n’ennuyant jamais, bien au contraire, il se sort haut la main de quelques situations pouvant être casse-gueule. Une tragique histoire d’amour sur la perte et le sacrifice typiquement anglais pimentant le récit d’un humour pince sans rire.

ZOO réalisé par Antonio Steve Tubléne

On reste cloîtré au Casino pour la séance «Enfant» pour découvrir Dragons 3 – Le Monde Caché. Quelques festivaliers et professionnels étaient présent au cœur d’une salle envahie par une marmaille irrespectueuse et bruyante. Nous ne comprenons pas pourquoi emmener des enfants découvrir un film si c’est pour embêter tout le monde en faisant partir une centaine d’enfants 15min avant la fin du film. Reste alors quelques collégiens qui se foutent totalement du film, restant fixé sur leurs portables au lieu de regarder un troisième opus à la mise en scène ample. Dernier chapitre où Dean Deblois rend un hommage vibrant au Superman de Richard Donner, se référence aux Star Wars de la belle époque et nous dessert l’une des plus histoire d’amour du cinéma d’animation, et ce entre deux dragons. Vous pouvez d’ores et déjà lire la critique du film sur Close-Up Mag.

Après quelques rendez-vous professionnels, car Gérardmer c’est aussi des rendez-vous entre professionnels pour discuter associations et partenariats, nous avons le temps de filer découvrir La Rose Ecorchée qui sort en vidéo dans une édition sublime chez Le Chat qui Fume en ce printemps 2019. Le film réalisé par Claude Mulot reste pour sa part un petit drame horrifique qui n’excite jamais en recyclant ouvertement Les Yeux sans Visages de Georges Franju. Une pauvre production calfeutrée dans les ruines d’un château qui fait illusion et avec une jeune Anny Duperey qui renie le film aujourd’hui. Une volonté qui se justifie par un film ennuyeux et sec. On a cette impression de toucher le cinéma de Jess Franco, lui qui a aussi rabattu maintes fois le thème des Yeux sans Visage. Comme lien évident, on retrouve Howard Vernon dans le rôle du médecin fou, l’acteur suisse interprétant l’identique rôle chez Franco. Excusez-nous Le Chat qui Fume, mais concernant l’édition Blu-ray à sortir, ce sera sans nous, la séance spéciale ici nous ayant amplement suffit.

La Rose Écorchée de Claude Mulot

Après un fastueux dîner aux chandelles à La Bergerie, petit restaurant au cadre décalé et rustique aux contacts chaleureux, nous filons à l’Espace Lac le pied lourd pour la Nuit Ozploitation. Eric Peretti, que nous connaissons bien grâce notamment à ses participations aux bonus des éditions d’Artus Films, nous présente les trois films de cette mini-nuit. Le tout commence par Night of Fear mis en scène par Terry Bourke. Le bonhomme revenait à l’époque dans son Australie natale après un périple à Hong-Kong et ayant travaillé pour la Shaw Brothers. Night of Fear est l’épisode pilote d’une série qui ne connaîtra jamais de suite, un moyen film de 52 min muet totalement insupportable qui vient de sortie en DVD chez Bach Film. Accrochez-vous, car le film s’adresse aux initiés et fan d’un genre renvoyant de suite vers Massacre à la Tronçonneuse. Ici, triste petit film à la chair facile et au tueur cabotin et insupportable qui s’extasie devant les corps généreux de donzelles typiques australiennes qui finiront dévorées par des rats.
On enchaîne avec le gros morceaux de cette nuit, celui ayant réunit une troupe de cinéphiles au cœur d’un Espace Lac dégarni. Long Week-end, film longtemps oublié puis exhumé par Quentin Tarantino à l’occasion de Kill Bill. Le film fût redécouvert par toute une industrie australienne à l’occasion du tournage du film de Tarantino en Australie, l’ayant montré comme référence à son équipe. Malheureusement, le film pâtit de l’inconfort de la salle, mais surtout de cette programmation maladroite. Si Fair Game qui suit en dernier titre de cette nuit, est totalement approprié, Long Week-End est un OVNI de l’époque aux multiples couches de lecture. Un film écolo avant l’heure, un film engagé tout en oppressant son spectateur par une ambiance sonore cauchemardesque. Long Week-end est aussi l’explosion d’un couple qui ne s’est jamais compris. Des choix de vie qui les ont conduit vers la tragédie, dont ce long week-end devait être un nouveau départ. Mais la nature entre en jeu, le destin d’un couple prit dans la révolte d’une terre subissant les affres d’humains cruels et idiots, l’image renvoyant perpétuellement vers la pollution du couple entre raison et absurdité. L’égoïsme de l’homme face à la mère nature qui souhaite préserver son écosystème et engendrer la vie, traînant sa peine sur cette plage, dernier paradis sur Terre.

Long week-end de Colin Eggleston

Il est 3 heures du matin, nous traversons Gérardmer d’un calme rassurant. L’atmosphère est propice pour faire le point d’un festival qui nous a pas encore révéler son plein potentiel. On espère beaucoup de cette 4e journée, ce samedi 2 février, petite journée avec seulement trois films au programme.

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