Une Intime Conviction : Faites entrer l’accusé.

L’affaire Jacques Viguier, complexe enquête d’un fait divers mystérieux. La disparition de Suzanne Blanch, mère de deux enfants, épouse de Jacques Viguier, qui va être rapidement accusé de la disparition de sa femme. Mais l’affaire ne recèle aucune preuve tangible. Jacques Viguier est acquitté lors de son premier procès en 2009. La cour fait alors appel.
C’est Eric Dupont-Moretti qui reprend la défense de l’accusé. Le roi de l’acquittement pour défendre celui sur lequel tout le monde s’acharne, le pensant trop rapidement coupable. Vous connaissez forcément la fin, le film reposant sur un fait réel. Antoine Raimbault va s’intéresser à un autre point. Il se sert du fait divers, qu’il a suivi de très près à l’époque, pour construire le personnage de Nora interprétée par Marina Fois. Le personnage va être le repère pour le spectateur dans cette affaire, mais surtout le point d’ancrage du réalisateur. Proche de l’affaire, ayant été en contact avec Dupont-Moretti à l’époque pour la défense de Viguier, Raimbault se forge un peu chez Nora.

La vie fait parfois bizarrement les choses. La fille Viguier est la baby-sitter pour le fils de Nora. La jeune femme est cuisinière dans un bistro de Toulouse ayant une aventure avec son commis. Elle se retrouve un jour jurée pour le premier procès de Jacques Viguier. Il est acquitté, mais il y a un appel. Pour le défendre et soutenir la jeune fille, elle reprend à son compte l’enquête convaincue de l’innocence du père. Sa quête tourne à l’obsession allant cherchant le célèbre avocat, Eric Dupont-Moretti, pour reprendre l’affaire. Olivier Gourmet incarne l’avocat, forte tête et acteur permanent de la scène judiciaire française. L’homme s’occupe des plus grosses affaires, il est médiatiquement très présent. Sa popularité l’emmène même sur le grand écran avec sa participation au dernier film de Claude Lelouch ou sur les planches des théâtres entre un seul en scène et l’une des plaidoiries reprises par Richard Berry pour la pièce éponyme. Eric Dupont-Moretti est aujourd’hui un personnage de cinéma. L’un des grands avocats réinterprétés pour les besoins d’un film qui en fait le héros d’une œuvre, d’un fait et d’un divertissement.

Ce film nous porte cette intime conviction au fil de l’avancée de l’enquête de Nora. Elle plaque tout et s’éloigne de ses proches pour mener à bien une enquête qui la sort de sa routine. L’affaire Viguier la prend aux tripes, la déchire de l’intérieur, la renverse même. L’enquête est inarrêtable, palpitante avec de véritables moments de cinéma. Antoine Raimbault joue avec le spectateur, le stoppe et mène brillamment les révélations. Puis comment ne pas parler des séquences de tribunal menées tambour battant. Ces ambiances froides et carrées, l’accusé dans le box tête baissée et Nora dans le public qui le guette ; les échanges entre Dupont-Moretti et la jeune femme sont d’une intensité rare. Olivier Gourmet est fabuleux, notamment la séquence dans le couloir de l’hôtel, violente et passionnante à suivre par le jeu dense des deux comédiens. Marina Foïs est actuellement sur une ligne de jeu fabuleuse entre Irréprochable, Le Grand Bain et Une Intime Conviction. L’actrice prend toute la haute mesure de son jeu dramatique pour servir de la grandeur à ses collaborations. Antoine Raimbault n’a plus qu’à se servir et la regarder s’enfoncer au cœur d’une aventure pleine de surprises. 

Tout repose toujours sur une infime et une intime conviction. La preuve une nouvelle fois avec ce grand film déroulant une enquête prenante et des duels au cœur des tribunaux d’une intensité rare. Pour un premier film, c’est une prouesse. Nous avons déjà hâte de voir la suite de la carrière d’Antoine Raimbault, belle promesse pour les années à venir dans le cinéma français.

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