Sorry To Bother You : Cassius Green’s Big Adventure

Il y a certaines œuvres plus difficiles à appréhender que d’autres. Dans le genre qui se laisse découvrir pour totalement surprendre et dérouter, Sorry To Bother You se place à merveille ! Projet de longue date du chanteur Boots Riley (Sorry To Bother You est le titre d’un excellent album du groupe The Coup dans lequel Riley chante), le film débarque finalement au cinéma orchestré par Boots Riley en personne, épaulé par un sacré casting (Lakeith Stanfield, Tessa Thompson, Armie Hammer, Steven Yeun, Danny Glover ou encore Forest Whitaker !) pour mieux faire infuser sa folie.

Le film nous raconte l’ascension sociale de Cassius Green. De nature angoissé, se sentant inutile alors que sa copine est une artiste engagée, Cassius décroche un job dans une entreprise de télé-marketing. Grâce à un aîné dans la boîte, Cassius trouve une méthode magique pour éviter que ses interlocuteurs ne lui raccrochent au nez : afro-américain, il utilise sa ‘’voix de blanc’’ pour charmer tout le monde. Il ne tarde pas à gravir les échelons de la boîte et finit par se retrouver au sommet. Mais en rencontrant Steve Lift, PDG d’une boîte employant contractuellement des gens à vie, il fait une découverte terrible qui fait basculer son univers…

Impossible d’en dire plus sans déflorer le film de ses plus belles surprises. Avec Sorry To Bother You, Boots Riley nous décrit un monde alternatif terriblement proche du nôtre et dénonce l’esclavage moderne des grandes entreprises qui, sous couvert d’innovations et de facilitations de la vie de tous les jours, ne fait que nous transformer en animaux difficilement capables d’évoluer au-delà de notre condition. Le message du film est peu subtil mais redoutablement efficace surtout que Riley y convoque un goût de l’humour loufoque, des trouvailles farouchement originales et un véritable amour des personnages improbables. On se réjouit donc à suivre les mésaventures de Cassius Green (incarné avec flegme par Lakeith Stanfield) en filant de surprises en surprises au fur et à mesure que le récit avance.

On regrettera alors que cet univers coloré et bourré d’humour (il n’y a qu’à voir la réjouissante composition d’Armie Hammer pour se régaler) nous soit dévoilé avec un certain manque de rythme. Boots Riley ne manque pas d’idées derrière la caméra mais le scénario est tellement rythmé que la mise en scène peine à suivre derrière. Le film aurait clairement gagné à être plus dynamique, à la fois dans son découpage et son montage pour caler à son dynamisme et à sa folie douce. On ne déplorera que ce point, l’ensemble de Sorry To Bother You étant autrement sacrément pimenté et hautement improbable et ce pour notre plus grand bonheur !

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