Bilan de l’année 2018 : Top / Flop de la rédaction

Comme l’année dernière, les débats ont été houleux, des coups ont été échangés, des injures ont été hurlées mais avec une passion toujours intacte, témoignant d’un amour du cinéma toujours prégnant au sein de la rédaction de Close-Up Magazine. Comme l’année dernière, certains films auront mis tout le monde d’accord ou presque (Les Indestructibles 2, Three Billboards, La Forme de l’eau) quand d’autres se sont retrouvés dans les tops de certains rédacteurs tout en étant présents dans les flops de quelques-uns (Ready Player One, Under the Silver Lake, Sicilian Ghost Story). Qu’importe, la rédaction a fini par trancher en se mettant d’accord sur une chose, c’est que l’année cinéma 2018 a globalement été meilleure que 2017. On y a retenu en tout cas un peu plus de réussites éclatantes, pas seulement dues aux talents de cinéastes que l’on ne présente plus (Brad Bird, Steven Spielberg, Paul Thomas Anderson, Guillermo Del Toro, Wes Anderson, Lars von Trier, Jacques Audiard) mais de certains réalisateurs émergents, livrant des films forts (Leto, Jusqu’à la garde, Hérédité, Thunder Road) quand d’autres n’ont fait que confirmer leur talent comme Luca Guadagnino, Scott Cooper, David Robert Mitchell, Pascal Laugier ou Martin McDonagh.

La Forme de l’eau

Certes, on pourra toujours être déçu par des propositions qu’on attendait au tournant (coucou The Predator) tout en admirant la pérennité de certaines franchises (Mission : Impossible – Fallout) qui ont toujours été de qualité. Certes, on pourra hurler au conformisme imposé par Disney/Marvel tout en admirant en même temps l’immense cohérence narrative mise en place par le MCU. On pourra aussi cracher sur les énièmes suites/reboots/remakes que l’on voit défiler chaque année avec toujours la même lassitude, permettant d’en saluer ainsi les plus belles réussites (Les Indestructibles 2, cité dans pas moins de cinq tops personnels !).

Alors que le mouvement #MeToo a calmé tout le monde à Hollywood mais n’a guère touché que Luc Besson en France et que l’on voit émerger de tout ça une bien-pensance et un amour du politiquement correct de plus en plus agaçant (même les Oscars ont voulu créer une récompense pour les films les plus populaires mais à ce jeu-là, on a de l’avance, dommage que ce soit pour un truc aussi stupide), saluons la liberté artistique de nombreux cinéastes qui continuent à ne pas faire de concessions pour livrer leurs tripes sur l’écran. A ce titre, qu’on aime le film ou non, on ne pourra que saluer The House That Jack Built, sacré poil à gratter dans le dos de la bienséance et du politiquement correct.

The House That Jack Built

Le grand gagnant de l’année 2018, plus que Disney qui s’impose de plus en plus comme l’ogre engloutissant Hollywood, c’est cependant Netflix. Après la réussite d’Okja l’année dernière et quelques tentatives moins réussies de produire ses propres films depuis, la fin de l’année 2018 a vu la plate-forme s’imposer comme une production sur laquelle il faudra désormais compter. Non content d’avoir attiré dans son giron Jeremy Saulnier, Gareth Evans, les frères Coen et Alfonso Cuaron, Netflix s’est vu récompenser de ses efforts en glanant deux récompenses au festival de Venise (un Lion d’or pour Roma tout de même !) tout en s’attirant les faveurs des cinéphiles en livrant le dernier film, longtemps fantasmé, d’Orson Welles. Alors que la plate-forme compte déjà à son line-up l’une des plus grosses attentes de l’année 2019 (The Irishman de Scorsese), elle a montré cette année qu’elle en avait dans le pantalon et qu’une cohabitation en VOD et salles de cinéma est possible, voire largement nécessaire, n’en déplaise à ceux qui ne l’entendent pas de cette oreille.

Quoiqu’il en soit, vous trouverez ci-dessous le top de la rédaction ainsi que les tops et flops de chaque rédacteur de cette année 2018, en vous souhaitant à tous une année 2019 encore meilleure !

Les Indestructibles 2

TOP 10 DE LA RÉDACTION

1- Les Indestructibles 2

2- Three Billboards

3- La Forme de l’eau

4- Phantom Thread

5- A Silent Voice

6- The House That Jack Built

7- Ghostland

8- Under the Silver Lake

9- L’île aux chiens

10- Hostiles / Jusqu’à la garde (ex-æquo)

MATHIEU LE BERRE

Phantom Thread

TOP 10

1- Phantom Thread : Paul Thomas Anderson coud un film soyeux avec un certain sens de la maniaquerie sous couvert d’un autisme artistique qui le renferme du monde. Paul Thomas Anderson signe là un chef d’œuvre, de ses films doux et sublimes. La mise en scène est intense par le geste, nous captivant par le dessein de ses personnages magnifiques. Une fois vu, on ne peut se défaire de Phantom Thread.

2- La Forme de l’eau : Guillermo Del Toro encore et toujours. Après la déception Crimson Peak, La Forme de l’Eau apparaît comme un conte sublime où l’amour monstre bascule en une merveilleuse poésie de cinéma. Une romance bouleversante qui nous chavire, nous bouscule se jouant des conventions et nos attentes.

3- Les Indestructibles 2 : Jouissif ! Grand film de divertissement et d’aventure inventif et mûre proposant un fond adulte sur une forme bonne enfant. Généreusement hilarant et divertissant, l’énorme plaisir de cette année servi sur un plateau par un Brad Bird génial.

4- Amin

5- Les Bonnes Manières

6- Three Billboards : Un fait divers comme accroche pour mieux filmer l’Amérique profonde, l’Amérique qui sera flouée par Trump. Frances McDormand est grandiose, Woody Harrelson émouvant quand Sam Rockwell est superbe d’absurdité humaine. Il trouve l’un de ses grands rôles.

7- Hostiles : Voyage au cœur de la férocité humaine, l’hostilité même à toute bonté et toute rédemption, un voyage au mince espoir vital, celui de la réinsertion au creux de la vie après la haine et la violence apocalyptique.

8- The Guilty : Film à concept brillant, thriller accrocheur, acteur incroyable, mise en scène réfléchie qui orchestre une intensité rare avec seulement des échanges au téléphone. Le film instille une tension qui accroche au fauteuil, instaure une frilosité face aux événements qui nous scotche, notamment lors d’un retournement de situation finale effroyable.

9- Ghostland : Quatrième long-métrage de Pascal Laugier, le réalisateur français ne se loupe aucunement avec un nouveau film fort désagréable, oppressant, glauque et malsain. Tout le cinéma de Laugier y est injecté avec une judicieuse dose de référence, notamment dans la nature du film et son ton, souhaités par le réalisateur. Ghostland est surtout une épreuve de cinéma, un cinéma d’horreur exigeant, du cinéma travaillé jusqu’à l’os, sublime et diablement efficace dans sa narration et sa mise en scène. Le film va rapidement devenir un film déstructuré de toute part pour essayer de le comprendre, lui inventer des théories et autres décryptages plus ou moins judicieux. LE film d’horreur de l’année 2018.

10- Mission : Impossible – Fallout : Le blockbuster de l’année ! C’est compliqué de reprendre son souffle après la projection du film. Une nouvelle aventure épique qui nous scotche à notre fauteuil devant des séquences trépidantes bravant l’impossibilité. La mission n’est pas impossible donc pour Cruise/McQuarrie qui réussissent l’incroyable pari de faire de ce 6e opus de la saga l’un des films de l’année, sans commune mesure.

Une certaine rencontre

TOP 5 REPRISE SALLES

1- Une certaine rencontre : Une véritable découverte, l’histoire d’une jeunesse qui se déchaîne essayant de trouver sa place au cœur du conformisme des années 60 et des traditions familiales. Un grand film moderne avec un magnifique couple, notamment Natalie Wood ravissante.

2- Le Fanfaron : Superbe copie 4K pour une rencontre incongrue, la naissance d’une amitié fugace mais libératrice des maux psychiques des deux protagonistes. Un beau drame et deux magnifiques rôles dont s’emparent savamment Trintignant et Gassman. Vittorio Gassman incroyablement beau, acteur sublime et charismatique.

3- Mon voisin Totoro : 30 ans déjà pour un film précieux. Cette ressortie était un événement dans une copie restaurée incroyable pour un bonheur de cinéma entre rire et larme. L’évasion et la tendresse fraternelle pour notre grand plaisir.

4- Breaking Away : L’un des plus beaux filmx sur la jeunesse, une bande de paumées dans le fond d’une Amérique statique des années 70. Quatre acteurs prometteurs, qui pour certains deviendront des figures du cinéma américain, interprètent des jeunes sur le pas de devenir des adultes qui vont se dépasser pour prouver leurs véritables valeurs. Un film solaire, presque essentiel à revoir encore et encore.

5- JSA : Premier essai de Park Chan-Wook stricte et froid, qui nous embarque au cœur d’un conflit où il va ressortir toute l’humanité de protagonistes perdus entre les lignes du respect, du devoir et de cette frontière telle un mur invisible froid. Park Chan-Wook lui-même ne peut s’empêcher à l’ambiguïté en fin de film pour nous tordre, nous perdre dans ce que les deux Corée ont engendrées : la paranoïa.

Sicilian Ghost Story

FLOP 10

1- Sicilian Ghost Story : La séance calvaire subie en 2017. Mais Sicilian Ghost Story est sorti en 2018, donc direction ce flop tant le souvenir est douloureux. Un film qui s’évanouit dans sa contemplation oubliant ouvertement son propos de départ. D’un ennui mortel !

2- The Predator

3- Le Retour de Mary Poppins : Comment gâcher les retrouvailles 50 ans après le premier film. Emily Blunt est parfaite dans la reprise du rôle culte tenu par Julie Andrews. Mais l’aventure ne fait que reprendre un cahier des charges superficielles perdant toutes les saveurs de l’original.

4- Silvio et les autres : La fastueuse mise en scène de Paolo Sorrentino n’apporte rien à ce néant. Le réalisateur italien nous fait son petit numéro tout en scrutant un Berlusconi, triste clown d’une nation qui adore le détester. Le scénario manque d’emprise, surtout la première partie qui ne va nulle part. Reste seul l’acteur principal, Toni Servillo, impeccable en guignol de la politique, seul réel saveur de ce film insipide.

5- Taxi 5 : Il y avait comme un espoir avec la reprise de la célèbre franchise chère à notre adolescence. Mais on déchante rapidement passée le plaisir de retrouver le fameux taxi de Marseille. Franck Gastambide n’arrive jamais à renouveler une note de la saga et de la relancer pour une nouvelle génération. C’est facile de placer du vomi, du caca et des nains, mais au final il faut mettre en scène un film. Et ce n’est pas le cas ici.

6- Jurassic World – Fallen Kingdom

7- 22 Miles

8- Skyscraper : Un film patte folle qui s’évertue ouvertement à piller La Tour Infernale et Die Hard. Un blockbuster auto-suffisant reprenant les bonnes recettes en surgonflant tout au maximum pour s’essouffler rapidement. Dwayne Johnson nous fait son petit numéro sur une jambe, on perçoit à peine la différence. Un film déjà trop dépassé pour ses conneries.

9- Ocean’s 8 : Un film inutile qui pompe opportunément les mauvais tics de la trilogie originale pour déverser une masse de produits marketing au cœur d’une histoire se jouant trop aisément de ses facilités. Pourquoi féminiser le casting pour leur proposer exactement les rôles de leurs compères ?

10- Wonder Wheel : Woody Allen se retrouve une nouvelle année dans le flop. La niaque du réalisateur new-yorkais s’étiole, une nouvelle fois la preuve avec cette mise en scène sublimée par la lumière de Storaro, mais vaine. Gentille histoire dramatique sans fureur au cœur de Coney Island entre envie, tromperie et désenchantement. On est loin du grand Woody Allen, définitivement loin.

ALEXANDRE COUDRAY

Hostiles

TOP 10

1- Phantom Thread : Certainement l’un des cinéastes les plus intéressants de sa génération, Paul Thomas Anderson surprend une fois de plus avec ce film envoûtant, sorte de conte cruel mettant en scène le rapport amoureux comme une lutte incessante entre dominant et dominé. Enveloppé dans une superbe photographie, porté par des acteurs exceptionnels (Vicky Krieps est une révélation), Phantom Thread devrait marquer le dernier rôle de Daniel Day-Lewis avant sa retraite (si il s’y tient), ce qui rendrait le film d’autant plus précieux.

2- Three Billboards : Remarqué avec Bons baisers de Bruges, Martin McDonagh assimile le cinéma des frères Coen pour livrer ici un pur bijou de cinéma, plongée dans le Sud des États-Unis où la rage d’une mère endeuillée fait bouillir toute une ville. Toujours subtil, ne jugeant jamais ses personnages, McDonagh offre surtout à ses acteurs de superbes partitions, Frances McDormand et Sam Rockwell en tête, les deux acteurs n’ayant pas volé leurs Oscars.

3- Hostiles : Explorant déjà l’Amérique à la façon de Michael Cimino dans Les brasiers de la colère, Scott Cooper réalise avec Hostiles un film âpre et brutal, captant l’âme de l’Amérique dans sa violence la plus sèche. Un western élégiaque et bouleversant dans lequel Christian Bale trouve l’un de ses plus beaux rôles.

4- Call Me By Your Name : Ou comment sublimer une histoire d’amour et de désir à priori classique sans jamais sombrer dans la vulgarité. Guadagnino filme ses acteurs comme des dieux grecs, nous fait ressentir les émois du jeune Elio et nous plonge dans un été italien dont on ne souhaiterait jamais sortir. La scène de discussion avec Michael Stulhbarg aura fait chavirer bien des cœurs tandis que le plan final s’impose comme l’un des plus beaux de l’année.

5- Under the Silver Lake : Après l’influence de John Carpenter sur son It Follows, David Robert Mitchell va cette fois-ci chercher du côté de David Lynch pour Under the Silver Lake, un film énigmatique bardé de symboles, interrogeant profondément notre quête de sens dans cette vie envahie par la pop-culture. Parfois bourratif, le film n’en demeure pas moins parfaitement hypnotique.

6- L’île aux chiens : Retour à la stop-motion pour Wes Anderson qui signe là son film le plus ambitieux, hommage à tout un pan du cinéma japonais, fable politique et poétique sur une bande de chiens laissés pour compte sur une île décharge. La direction artistique est fabuleuse.

7- Une pluie sans fin : Le thriller de l’année ne sera pas sud-coréen ! C’est cette fois-ci vers la Chine qu’il faudra se tourner avec ce polar pluvieux lorgnant du côté de Memories of Murder qui finit par se transformer en pure tragédie sociale, portrait d’un homme seul se perdant dans son obsession. Et l’on tient là, avec celui de Call Me By Your Name, l’un des plus beaux plans de fin de l’année.

8- Mission : Impossible – Fallout : Mission : Impossible, la seule saga qui ne faillit pas et qui sait réinventer ses codes au fil du temps ! Sous la houlette de Christopher McQuarrie qui rempile après Rogue Nation, Fallout fait office de magnum opus recoupant la saga et offre les meilleures scènes d’action de l’année où Tom Cruise ne cesse de nous épater, chaque séquence d’adrénaline étant plus folle que la précédente !

9- Leto : Véritable ode au rock et à la liberté, Leto nous plonge dans le Leningrad des années 80 et se concentre sur deux musiciens et chanteurs avides de transmettre au monde leurs passions. Le souffle joyeusement contestataire et bienveillant qui règne sur le film, ainsi que sa bande-originale détonante, en font une œuvre à découvrir d’urgence.

10- The House That Jack Built : Peut-être le film le plus complet du trublion Lars von Trier, jamais avare dès qu’il s’agit de mettre à mal le politiquement correct. Une fois de plus, von Trier n’est pas près de se faire des amis partout mais il a gagné chez nous un immense respect. Ce portrait d’un serial-killer troublé de TOCS, incarné fiévreusement par Matt Dillon, va loin dans l’humour noir, la violence et la réflexion métaphysique. Tout un programme !

Mentions spéciales aux films Le Grand Bain et Gaspard va au mariage qui ont prouvé qu’en France, on peut faire de très bonnes comédies sans pour autant se départir d’une certaine mélancolie et d’une qualité d’écriture certaine.

Mention spéciale de la révélation de l’année : Jim Cummings, acteur et réalisateur de Thunder Road.

Mention spéciale du meilleur vieillissement de l’année : Alex Lutz, impérial et ultra-convaincant en chanteur vieillissant dans Guy.

Mention spéciale du frisson de l’année : Hérédité, le film d’horreur le plus intelligemment écrit qu’on ait vu depuis des années.

Mention spéciale du meilleur plan fesses de l’année : tout le film Mektoub my love : Canto Uno qui, blague à part, n’en demeure pas moins excellent, étirant le temps pour mieux nous happer.

The Predator

FLOP 10

1- The Predator : C’était l’une des plus grosses attentes de l’année, Shane Black aux commandes d’un nouveau film Predator ! Et si le film est loin d’être complètement mauvais, sa découverte fait si mal au cœur qu’il méritait amplement la première place de ce flop. Tout le film est parcouru d’idées mais également de gros problèmes de scénario, de montage et de mise en scène qui font constamment sentir les reshoots qu’a dû subir le film, celui-ci devenant une œuvre hybride particulièrement étrange.

2- Suspiria : Quelle surprise de retrouver Luca Guadagnino ici ! Et pourtant le cinéaste qui nous a comblé avec le bouleversant Call Me By Your Name se paluche ici en livrant son adaptation personnelle du Suspiria de Dario Argento. Si sa vision est radicale, force est de reconnaître que le bonhomme prend le genre de haut et entend montrer à tout le monde sa maestria à travers ce film bourratif, sclérosé par une sous-intrigue inutile et un propos féministe opportuniste.

3- Mortal Engines : On attendait beaucoup (trop ?) de cette production Peter Jackson. L’homme, s’il avait eu le temps, se serait d’ailleurs retrouvé à la barre du film et on comptait sur sa présence au scénario pour nous livrer un film ambitieux et épique. Si visuellement ça a de l’allure, la pauvreté de la psychologie des personnages et de la narration aura vite refroidi nos ardeurs…

4- Overlord : De ce film aussi, on attendait beaucoup et pour cause : il comporte des zombies nazis ! Malheureusement, Julius Avery se prend bien trop au sérieux et ne masque jamais la pauvreté de sa direction artistique, sacrifiant le fun sur l’autel d’un premier degré d’autant plus malvenu que le scénario ne suit pas derrière. Heureusement, on l’a vu en 4DX, ça a rendu l’expérience moins douloureuse !

5- Un peuple et son roi : Après le très réussi L’exercice de l’état, on attendait Pierre Schoeller au tournant notamment sur ce sujet qui était prometteur. Manque de pot, le cinéaste ne dépasse jamais le simple cadre de ce qu’il filme et réalise une succession de tableaux froids, sans vie dans lesquels tout un immense casting s’est fourvoyé.

6- Venom : Vu le personnage et son acteur principal, on était en droit de s’attendre à une réussite tout de même ! Et bien non, ce plus grand écart de l’année entre la critique (qui l’a écorché vif) et le public (qui s’est massé pour le voir) mérite bien de s’être fait flinguer de toutes parts. On sent le film le cul entre deux chaises, incapable de comprendre le personnage de Venom, laissant Tom Hardy cabotiner comme un petit diable, le cul dans un aquarium au milieu d’un restaurant…

7- Fleuve Noir : Le casting et le sujet étaient prometteurs mais visiblement tout le monde a voulu n’en faire qu’à sa tête dans ce film. Résultat, on se fout de l’intrigue mais on se passionne pour le cabotinage en règle de Vincent Cassel en flic alcoolo (avec démarche lourde, imper long et cheveux gras en prime) tandis que Romain Duris irrite dans son rôle d’écrivain raté. C’est d’autant plus dommage que cette année, on a vu ces acteurs faire mieux, avec Nos batailles pour Duris et Le monde est à toi et L’empereur de Paris pour Cassel.

8- En eaux troubles : On en fantasmait de ce film ! Imaginez : Jason Statham VS un mégalodon dans un film classé R. Hélas, l’appât du gain aura fait pencher la balance en faveur d’un classement quasiment tout public qui empêche le film d’être le nanar gore et brutal dont on rêvait et qui se révèle juste être un divertissement stupide.

9- Le 15h17 pour Paris : Vu le sujet et le procédé, on s’y attendait mais quand même, il faut le dire, avec Le 15h17 pour Paris, Clint Eastwood a signé son pire film. Et ça suffit pour le mettre dans un flop.

10- Les aventures de Spirou et Fantasio : C’est un peu tirer sur l’ambulance certes mais massacrer à ce point une BD de notre enfance, ça devrait être puni par la loi. Alexandre Coffre n’a aucune idée visuelle ou narrative pour alimenter son film, simplement des gags lamentables et une direction d’acteurs foutraque pour livrer l’une des pires adaptations de BD qu’on ait vu (et pourtant ce n’est pas les mauvaises adaptations qui manquent !)

AYMERIC DUGENIE

Bodied

TOP 10

Malgré une année assez diversifiée, beaucoup de films ont dû se voir en rattrapage laissant un arrière-gout très amer à l’année 2018 au cinéma. Il a fallu racler les fonds de tiroirs pour compléter entièrement ce top 10. Tous les films sont bons, mais peu sont incontournables quand la liste des flops est remplie de films qu’il faut majoritairement éviter. Voici donc un top/flop de déception tant certains films doivent totalement manquer à l’appel.

10- RBG : On commence ce top avec un petit documentaire concernant l’une des femmes les plus importantes dans le monde avec une vraie force psychologique. Si le documentaire reste plutôt classique dans sa construction et sa forme, il est impératif de connaître Ruth Bader Ginsburg et ses avancées sociales en Amérique.

9- Le Grand Jeu : On dénigre souvent le fait que les femmes soient peu mises en avant au cinéma, donnant l’excuse pour produire tout et n’importe quoi dans un désir de diversité absolu. Jessica Chastain prouve que l’on peut créer des histoires cohérentes, fortes et émouvantes avec des femmes convaincantes comme héroïnes sans avoir à repomper des vieux classiques sans leur apporter d’originalité.

8- Ghostland : Cette huitième place est la dernière avant de tomber sur les films qui ont rejoint le top sans nécessiter de réflexion. Pascal Laugier, derrière son ton un peu méprisant et ses avis plus que tranchés, est quelqu’un qui accorde beaucoup d’importance aux détails qui font la différence ; que ce soit en amont ou en aval du tournage mais également pendant ce dernier, il fait preuve en réalité d’une grande empathie et de beaucoup de bienveillance qui se ressentent énormément pour ce film. Des points minimes et essentiels au travers d’une rigueur qui a permis à ce film de se retrouver dans ce top.

7- Première année : Les parcours de Vincent Lacoste et William Lebghil sont semés d’embuches et ce n’est pas cette affiche qui était censée nous rassurer. Pourtant leur duo est impeccable, leur justesse de jeu convaincante et l’écriture minutieusement soignée. Rien n’est de trop, rien ne manque, tout est parfaitement dosé pour offrir l’une des plus belles surprises françaises de cette année.

6- Les Indestructibles 2 : Ce second volet réussit parfaitement où tous les autres échouent et ferait presque passer son prédécesseur pour une erreur de parcours. Cette fois-ci, les scénaristes ont éviter à peu près tous les pièges (comme quoi, il suffit juste de pas pioncer pendant les réunions d’écriture pour savoir faire quelque chose de bien) et propose un épisode 2 si hilarant et pétillant qu’il est presque impératif de le voir accompagné.

5- A Silent Voice : Chaque top aura son animé japonais, à l’instar de Miyazaki qui trustait souvent une place dans les tops de tout le monde. Cette année il s’agit du film de Naoko Yamada, particulièrement émouvant, le film traite avec une certaine légèreté et maturité de certains problèmes très fréquents dans les écoles japonaise, notamment la forte persécution. Encore une fois, la petite larmichette risque de vous échapper.

4- Les Frères Sisters : Jacques Audiard revient en force après l’éclatant Dheepan. Toujours avec cette patte forte et impactante, cette rigueur d’écriture et d’esthétique, les points forts du réalisateur ne changeront jamais. Les Frères Sisters complexifie encore un peu plus la tâche de cerner sa filmographie mais une fois de plus, nous ne bouderont pas notre plaisir entre les scènes éclatante et le jeu d’acteur exceptionnel.

3- L’Insulte : Époustouflant thriller traitant à sa manière du conflit libano-palestinien, le film de Ziad Doueiri montre avec excellence un choc des cultures et des mentalités avec panache et brio. Une pépite insoupçonnable et insoupçonnée, probablement l’une des plus belles surprises de l’année.

2- L’île aux chiens : Un amoureux des animaux et admirateur de Wes Anderson ne peut qu’être ravi devant ce film. Un film à l’esthétique de Mr. Fox avec une histoire d’amour et d’aventure aussi simple et sublime ne peut que vendre du rêve. Le tout dans une ambiance et un univers que le réalisateur sait maîtriser depuis de nombreuses années déjà.

1- Bodied : Définitivement LA perle incontournable de cette année. Accessible malheureusement très tard sur la plateforme YouTube. Le film produit par Eminem et réalisé par Joseph Kahn est un véritable exutoire à la qualité d’écriture impressionnante. Ne prenant pas de gant avec les communautés sociales-progressistes qui exagèrent toutes leurs réactions à outrance jusqu’à desservir leurs propos, Bodied fait preuve d’une très forte maturité pour parler de ce genre de sujets.

Mentions spéciales à Love, Simon pour sa légèreté de ton, son ouverture d’esprit, sa simplicité qui cherchent à ne proposer que du bonheur. Ainsi que Bohemian Rhapsody pour la prestation de Rami Malek et le bonheur que procure l’écoute des titres de Queen avec leur contexte de création.

Ocean’s 8

FLOP 10

10- Climax : Ah, ce cher Gaspar Noé. Souvent porté à polémique, son cinéma divise énormément. Cette fois-ci, par chance, il est plutôt adulé par la critique. Climax montre une technique indéniable, pour autant sa thématique et son agressivité révulsent. Difficile de faire la part des choses quand le film lui-même semble chercher à nous rouer de coups. Beaucoup semblent apprécier, pour d’autres, le film s’en prend directement à leur intégrité physique et mentale.

9- Cinquante nuances plus claires : Ne demandez jamais à quelqu’un ayant visionné l’un des films de cette saga pourquoi il l’a fait. Les réponses risquent vite de tourner en rond. De plus, cracher chaque année sur un épisode de cette série tient du running gag. Mais il faut bien le dire… c’est mauvais.

8- Oro, la cité perdue : On triche un peu avec un film sorti directement en vidéo et non au cinéma. La volonté est là, la tentative était intéressante mais on s’ennuie sec. Les dialogues sont mous voire inutiles, les décors semblent parfois un peu triste et la lumière donne un sentiment de cache misère plus que de volonté artistique. On s’en serait bien passé finalement.

7- Kin, le commencement : Même constat, mais il semble y avoir plus de moyens.

6- Sicilian Ghost Story : Le cinéma indépendant n’a pas toujours du bon quand on voit le résultat. Librement inspiré d’une histoire vraie, les évènements de ce film peinent vite à trouver leur but, leur public et leur rythme. On a cette impression que les protagonistes tournent en rond, non pas par manque d’aide des autorités, mais juste parce qu’ils sont dépourvus de logique.

5- The Cloverfield Paradox : Déjà que Cloverfield n’a pas la qualité requise pour proposer une suite, alors une deuxième… Et si 10 Cloverfield Lane avait l’avantage d’une qualité narrative et artistique suffisantes, il n’en est rien pour celui-ci qui se contente de piocher des éléments intéressants à des films populaires.

4- Venom : Ok, c’est maintenant qu’on s’amuse et qu’il est difficile de bien organiser l’ordre du flop. Sony ayant enfin réussi une approche avec Marvel, l’arrivée de Venom semblait intéressante. Qu’il soit ou non la némésis de Spider-man, on s’en cogne un peu, malheureusement le film s’oriente plus vers les qualités catastrophiques de DC que des films moyens de Disney/Marvel. Le résultat est sans appel, un film incohérent totalement bancal qui ne propose rien, excepté un Venom plutôt cool et badass à l’écran.

3- Revenge : Comment dire que rien ne va dans ce film à commencer par la caractérisation des personnages qui est totalement inopérante et contradictoire. C’est comme si on avait demandé à Donald Trump d’expliquer en 5 points les avantages de l’immigration. On met en scène des personnages dans un but de combattre certains stéréotypes en utilisant exactement les mêmes… ça n’a juste pas de sens.

2-Ant-Man et la Guêpe : A vrai dire le premier devait déjà faire partie du flop 2015 mais il faut dire que celui-ci était bien plus prometteur. Finalement, c’est un échec total et complet. La production Marvel est si importante qu’avoir des ratés ou une longévité cinématographique en dents de scie est plutôt normale et attendue. Certains opus ne sont pas déments, d’autres surprennent par une qualité inattendue. Mais des navets de cet acabit, il n’y a que Suicide Squad qui soit capable de l’égaler, ou peut-être Venom.

1- Ocean’s 8 : Ah là, ça mériterait un mémoire tant le film transpire la mauvaise foi. Produit dans l’UNIQUE but de transposer une saga populaire au féminin, il est l’exemple type (avec le Ghostbusters féminin) des films qui n’ont aucune âme et desservent les causes féministes. Au lieu de créer un nouvel univers, une nouvelle ambiance, une nouvelle saga et de véritablement mettre des personnages féminins uniques et puissants sur le devant de la scène, on préfère faire un copier/coller inclusif. Quelle pauvreté intellectuelle, c’en est insultant.

GHISLAIN BIDOUX

A Silent Voice

TOP 10

1- A Silent Voice : Y a-t-il encore besoin de revenir sur les nombreuses qualités de ce petit chef d’œuvre de Naoko Yamada ? Vous pourrez toujours consulter la critique à ce sujet. Il reste de bon ton d’insister, alors que le film a eu besoin d’un kickstarter pour sortir en salle, malgré la considération que semblait avoir le public pour l’animation japonaise de qualité depuis le succès de Your Name.
Un petit mot néanmoins pour revenir sur d’autres films d’animation réalisés par des femmes cette année. Bien qu’ils ne figurent pas dans ce top, Parvana de Nora Twomey et Happiness Road de Hsin Yin Sung méritent que l’on s’attarde aussi sur eux. Des productions qui nous laissent dans une savoureuse expectative quant au futur de l’animation.

2- Les Indestructibles 2 : Qui pouvait sortir une suite à l’un de ses classiques presque 15 ans après et réussir son coup ? Brad Bird confirme encore une fois qu’il est une valeur sûre sur laquelle on peut compter.

3- Under the Silver Lake : Il y a une scène où un trentenaire tabasse des gamins délinquants, a-t-on besoin d’en dire plus ?

4- The House That Jack Built : Il mérite cette place rien qu’avec sa première scène de meurtre si satisfaisante. Différent, pesant, sordide, avec une dernière partie qui fera parler d’elle, le dernier Lars Von Trier obsède, amuse, désoriente comme peu arrivent à le faire.

5- Miraï, ma petite sœur : Retranscrire le point de vue d’un gosse de 4 ans, nous attendrir sans pour autant jouer la carte facile du « il est trop mignon », encore une réussite pour Hosoda. C’est avec cet équilibre entre l’agacement que provoquent le petit Kun et ses colères et la représentation de son imaginaire, que le film parvient à nous toucher intelligemment sans jamais sombrer dans le mièvre.

6- Lady Bird : On pense de loin à une version féminine de Boyhood, alors que l’on découvre Lady Bird. Douce balade dans l’adolescence féminine, incarnée à merveille par Saoirse Ronan.

7- Bodied : Rythmé, fun, puissant par instant, Bodied s’éclate avec sa verve lors des clashs de rap, pour mieux jouer des clichés, les dénoncer ou simplement nous les balancer au visage. On crache allègrement sur le politiquement correct pour notre plus grand plaisir.

8- Spider-Man : New Generation : C’est un oiseau? C’est un avion ? Non… c’est un bon film Marvel ?! Du fun, une animation et un style graphique atypiques et cohérents, au service d’un récit simple, écrin du grain de folie qui habite l’œuvre.

9- Three Billboards : Le côté coenien de l’œuvre joue pour beaucoup ici.

10- Ready Player One : Peut-être pas le meilleur film de cette année, mais la meilleure scène (oui celle de l’hôtel évidemment celle de l’hôtel). Il n’y que Spielberg pour réussir à jongler avec la nostalgie et l’auto-citation en conservant un équilibre fragile, surtout à notre époque. On notera aussi le travail d’adaptation réussi, d’un matériau de départ pourtant bourré de défauts.

Mention plaisir coupable : Jean-Christophe et Winnie et L’Ombre d’Emily car oui, on a tous nos petites faiblesses. Dans le cas présent, il s’agit d’un âne dépressif à l’humour nihiliste ou un portnawak assumé bourré à craquer de fun (Anna Kendrick et Blake Lively y sont pour beaucoup).

Mute

FLOP 7

On vit une époque merveilleuse, où juger un film à son affiche et/ou sa bande annonce s’avère être une technique payante pour esquiver une majorité de navets en puissance. C’est pourquoi le flop 10 ne sera qu’un flop 7 cette année. On se laisse encore un peu avoir, par une promesse alléchante, un remake qui nous tente plus que les autres, le nom d’un auteur rattaché à un projet commercial ou simplement par la production massive de Netflix, mais force est de constater que juger et sélectionner sur les apparences fonctionne et c’est peut-être ça le plus malheureux.

1- Mute : Une bouillie prête à être servie pour qui veut s’étaler sur le canap’ entre « boulot » et « dodo ».

2- Mortal Engines : La grosse déception de cette année.

3- Bumblebee : Pourquoi Travis, pourquoi ? Rematez Kubo et l’armure magique plutôt.

4- Deadpool 2 : Le premier pouvait plaire, le second n’est que son ersatz.

5- Illang : The Wolf Brigade : Drôle d’idée d’adaptation live, surtout lorsque l’original avait déjà tout dit.

6- Tomb Raider : Effort minimum d’une adaptation de jeu vidéo, puisque la concurrence n’a pas de quoi faire rougir.

7- Le Retour de Mary Poppins : La recette de Star Wars 7, appliqué à Mary Poppins. On attend une franchise entière par J.J Abrams tant qu’à faire.

Trollhunters – saison 3

TOP 5 SÉRIES

1- Trollhunters, saison 3 : Un final digne de ce nom pour une série qui n’a jamais cessé d’être généreuse. Merci monsieur Del Toro.

2- It’s always sunny in Philadelphia, saison 13 : Quelle série humoristique peut se targuer de se maintenir à niveau pendant 13 saisons ? Un écriture ingénieuse enveloppée par une folie absurde et une irrévérence de tous les instants.

3- South Park, saison 22 : Encore une saison qui sait où elle va et qui nous y emmène intelligemment.

4- Better Call Saul, saison 4 : Inégale par instant, les longueurs se ressentent plus qu’à l’accoutumée, mais on reste largement au-dessus de la moyenne. Avec cette mise en scène folle, une composition de plan toujours soigné et des interprètes irréprochables.

5- Ducktales, saison 1 : On triche un peu, avec cette saison qui chevauche 2017 et 2018, mais Balthazar fait ce qu’il veut. Parce que quand Disney réussi un reboot, il faut aussi le dire. Avec le retour de toutes les têtes connues, on conserve l’esprit d’aventure de la série d’origine en y ajoutant quelques petits plus. On joue avec la nostalgie sans en faire trop, on va chercher parmi les références les plus obscures pour le jeune public (Myster Mask ou encore Panchito Pistoles et Jose Carioca dans la deuxième saison encore en cours), mais ces dernières sont incorporées avec soin. Sans parler du final de cette première saison, qui remplit tous ses objectifs et vient rappeler ce qu’est un bon dessin animé pour la jeunesse.

JEREMY DEROZIER

Jusqu’à la garde

TOP 5

1- Jusqu’à la garde : Jusqu’à la garde est typiquement le genre de film difficile à chroniquer comme a pu le faire le collègue Sébastien. Le film est affreusement bon et même si Léa Drucker et Denis Ménochet sont époustouflants dans leurs rôles, le véritable acteur phare du film est clairement le jeune Thomas Giora. Aussi bien son jeu que la direction de Xavier Legrand, tout est tellement juste que ceux l’ayant vécu peuvent se revoir à la place de Thomas Giora ou plutôt de son personnage Julien Bessonet. Il est difficile de voir le film sous un angle autre que l’affect. Est-ce que le visionnage du film était une expérience agréable ? Pas spécialement. Mais sur le plan cinématographique, Xavier Legrand a su tirer les bonnes ficelles.
Un petit bémol cependant, toute l’intrigue sur l’ainée de la famille, interprétée par Mathilde Auneveux est d’un inintérêt. Il y avait du potentiel, mais ça sentait le rajouté pour mettre plus de drame et parce qu’on savait pas quoi faire avec le personnage. Sa fin est balancée de manière anodine dans le dernier acte à la légère.
Bref, Jusqu’à la garde, un des films de l’année.

2- La Forme de l’eau : La forme de l’eau permet de réconcilier les spectateurs n’ayant que moyennement, voir pas du tout, apprécier Le Labyrinthe de Pan, avec la vision artistique de Del Toro. Le film est beau, poétique, romantique. Un peu creepy, on rappelle que ce « monstre » a tout de même tué et mangé un chat. Mais on a ici une romance atypique, touchante.

3- A Silent Voice : Parce que tout ce qu’a écrit l’ami Ghislain dans sa critique du film.

4- Mary et la fleur de la sorcière

5- Black Mirror – Bandersnatch : Est-ce qu’on peut véritablement parler de « film » ? On va dire que oui parce que ça dure théoriquement 1h30 et qu’il est traité comme film sur Netflix. Avec Bandersnatch, Netflix nous montre qu’ils font parfois des trucs biens. Et ils viennent de révolutionner l’expérience cinématographique à échelle individuelle. Ici, on est face à un film à choix multiples. Vous lancez le film sur votre ordi ou votre téléviseur, vous devez restez à l’affut parce qu’on va vous demander de faire des choix qui influeront le reste de l’histoire. On commence crescendo avec des céréales ou de la musique mais le jeu prend vite de l’importance. Le film possèdent 5 fins, même s’il y en a une en dessous des autres.

Solo – A Star Wars Story

MENTIONS SPECIALES

1- Solo : A Star Wars Story : Le Star Wars annuel (déjà ça commence un peu à épuiser ça) n’a pas marqué plus que ça. Ou alors, pas pour les bonnes raisons. La volonté d’être rempli de références à outrance fait saturer. Solo nous montre que TOUTES les choses importantes qui sont arrivées à Han avant la trilogie se passe dans un intervalle de temps très serré. Et là où beaucoup de gens ne peuvent pas supporter Alden Ehrenreich en jeune Han Solo, on peut dire que parfois on sent que l’aura qu’il dégage nous ramène aux premiers visionnage d’Un Nouvel Espoir. Puis Donald Glover en Lando, c’est de toute beauté. Donc Solo, ni un top ni un flop, il est surtout ici pour parler du dernier film de la franchise Star Wars. Oui, c’est un peu de la triche.

2- Au poste ! : Le cinéma de Quentin Dupieux n’est pas quelque chose de facile à aborder, un peu comme sa musique. Et Au Poste ! est sûrement le film le plus facile à regarder quand on ne connait pas ses oeuvres. Et parce que pour une brève apparition à la fin, on a Michel Hazanavicius et Pedro Winter. Histoire de caler le top 6 quelque part.

3- Under the Silver Lake : C’est un film tellement étrange qu’on ne sait pas comment le prendre. La première moitié du film est juste ahurissante. Mais on a l’impression qu’au bout d’1h30, le film se perd dans son océan de références et de non-sens. Alors, évidemment que c’est pas la destination qui compte mais le voyage. Mais c’est pas parce que ça tourne en rond et ça zig-zag dans tous les sens qu’on est pas content de vite arriver à la fin. En revanche, c’est vrai qu’on voit Andrew Garfield tabasser un gamin et ça c’est bien quand même.

Downsizing

FLOP 5

1- Downsizing : Un film inégal à un point où ce n’est pas la deuxième partie du film, ce voyage philosophique qui gâche la première partie et le concept qu’on nous a matraqué dans la promotion (à savoir les gens rétrécis) mais bien le concept des gens rétrécis qui gâche ce qu’Alexander Payne a voulu faire de son film, ce voyage philosophique en deuxième partie. Le problème, c’est que tu fais pas un film avec des moitiés de deux films différents. Et c’est bizarrement les décors pour le dernier acte en Norvège qui cristallise le plus ce ressenti. Les gens sont petits et évidemment qu’on a tendance à l’oublier puisqu’ils ne sont qu’entre gens petits. Mais les décors doivent garder la cohérence du film. Mais à la fin, ils sont tous petits, dans un petit coin de Norvège ou même la végétation est à leur échelle.

2- Bird Box : Netflix a fait une grosse campagne de communication pour nous offrir un 21 décembre, un film qui est sensé faire peur… Mais on se retrouve avec des personnages clichés et mal écrits. Rien n’est vraiment intéressant. Bird Box fait partie de ces films qui ont la prétention de se croire des films à messages avec des fins ouvertes et au final ne sont que des nullités. On préfère encore voir Mark Wahlberg contre les méchantes plantes vertes parce que c’est le même film, mais au moins Mark Wahlberg est rigolo.

3- A tous les garçons que j’ai aimés : Oui, le film n’est clairement pas fait pour les jeunes mâles dans leur vingtaine, que ce n’est pas le public cible. Mais À tous les garçons que j’ai aimés s’inscrit dans cette période où Netflix n’a fait que sortir des romances bas de plafond à la chaîne. Mais quand t’as ta timeline twitter et le community manager de Netflix FR&BE qui spamment les retweets de gens qui sucent pour un abonnement Netflix en parlant bien de ce film. On essaie pour voir ce que ça donne et non, c’est une romance mal écrite, bateau. La preuve que Netflix ne fait pas tout parfaitement.

4- Venom : Il manque une partie du film, une bonne demie-heure (Tom Hardy l’a plus ou moins avoué). Et Venom est un loser. Et Woody Harrelson avec une perruque rousse. Et « Regarde, ça va être Carnage ! ». « 100% on va avoir une suite et il y aura Carnage ! ». Stop.

5- Les Indestructibles 2 : Les Indestructibles est très probablement le Pixar favori de pas mal de monde. Et ces gens là attendaient cette suite depuis 14 ans. Alors peut-être est-ce la trop longue attente qui a fait ça mais cette suite donne le sentiment d’être bien en-dessous du premier film. On a perdu la petite étincelle du premier film et maintenant le 2 fait juste… suite typique. Et au lieu de combattre le crime en famille, comme le laissait entendre la fin du premier opus, on se retrouve avec le film Elastigirl pendant que M. Indestructible s’occupe des enfants à la maison. Ce qui est assez hypocrite dans un élan de néo-féminisme forcé en oubliant que dès le premier film on était loin d’avoir des personnages féminins effacés. Dans l’ensemble, 14 ans plus tard pour nous et quelques semaines/mois pour les personnages, ces derniers doivent apprendre les même leçons que le premier film.

SEBASTIEN DARD

Roma

TOP 10

1- Roma : Le metteur en scène mexicain nous livre une œuvre somptueuse, d’une grâce de chaque instant, et parvient à rendre universelle une histoire à priori très personnelle, située dans le Mexico du début des 70’s ! Le film parle de lui-même, et revient à une conception du cinéma pur, nous renvoyant aux origines du médium, lorsque le champ des possibles paraissait illimité, en nous laissant les yeux écarquillés à chaque morceau de bravoure formel ! Comporte les 2 plus beaux plans de l’année ! Un miracle !

2- The House That Jack Built : LVT, ce grand malade, nous livre son œuvre terminale, véritable condensé de toutes ses obsessions, d’une exigence et d’une cohérence thématiques qui laissent pantois ! Bien évidemment, ses nombreuses provocations et digressions en auront laissé plus d’un sur le carreau, mais pour les spectateurs aventureux qui n’ont pas froid aux yeux, il s’agit d’un film passionnant, justement parce qu’il est ambigu et névrosé,  et que l’on pourra analyser sans fin ! Un grand film, tout simplement !

3- Battleship Island : Le film le plus épique de l’année n’aura été distribué que dans une seule salle sur toute la France ! Cet état de fait est bien évidemment assez préoccupant concernant un cinéma de grand spectacle autre que ricain, mais les purs et durs, ayant la chance d’habiter Paris ou sa banlieue, auront eu la chance de pouvoir savourer comme il se doit une fresque de guerre aussi furieuse que bouleversante, d’une grandeur tragique comme seuls les Coréens semblent capables de nous en offrir aujourd’hui ! Son époustouflant climax comporte parmi les plans les plus exaltants contemplés sur un écran de cinéma depuis « Le retour du roi » ! Tout simplement mémorable !

4- Climax : Le génial Gaspar Noé ne déçoit pas ses fans en livrant un film sensoriel d’une puissance rare, aussi désagréable qu’extatique ! Cela peut paraître paradoxal, mais ce cinéaste fou, adepte d’un cinéma de l’extrême et provocant, toujours sur la ligne, fait preuve d’une liberté créative telle qu’il n’y a plus qu’à se mettre à genoux et remercier les cieux que des producteurs donnent encore les moyens à des francs tireurs comme lui de s’exprimer à leur guise, sans limites ! Un exercice de style qui donne le tournis, et enivre tous les sens, à un point tel que l’on a envie de le revoir à l’infini !

5- Amanda : Le drame le plus bouleversant de l’année, qui fait pleurer rien qu’à son évocation, et  laisse le cœur brisé et léger à la fois, devant tant de douceur et de bienveillance, face au sujet le plus douloureux qui soit ! Et porté au sommet par l’interprétation subjuguante de la si jeune et déjà si nuancée Isaure Multrier, à qui l’on donnerait bien un César du meilleur espoir féminin !

6- Sicilian Ghost Story : Un drame fantasmagorique, inspiré d’un fait divers sordide, qui choisit l’angle de l’allégorie et de la chronique poétique pour décrire l’insoutenable et l’intolérable ! En décrivant les états d’âme d’une enfant passant à l’âge adolescent, le binôme déjà derrière l’excellent Salvo en 2013, opte pour une mise en scène sensorielle et gracieuse, évitant les débordements crus qui auraient rendu le film nauséeux ! Au final, une claque d’une beauté formelle éblouissante, malheureusement passée totalement inaperçue lors de sa très discrète exploitation dans les salles françaises juste avant l’été ! Espérons qu’il se fasse une seconde vie maintenant qu’il est disponible dans les bacs DVD !

7- Les Indestructibles 2 : La suite parfaite, humiliant toute la concurrence super-héroïque live, dans un déluge d’action ultra spectaculaire, n’oubliant jamais l’humour décapant qui faisait toute la saveur du premier épisode ! Génial, tout simplement !

8- Thunder Road : Un portrait tragi-comique d’un loser terriblement sympathique, cochant à priori toutes les cases du parfait petit film indé américain comme on en a soupé depuis maintenant pas mal d’années, mais qui réussit le parfait grand écart, trouvant son propre ton, et nous faisant surtout découvrir un nouveau talent à suivre de  très près en la personne de son acteur-réalisateur, Jim Cummings ! L’une des vraies surprises de cette année cinéma !

9- La route sauvage : Un très beau portrait d’un adolescent projeté brutalement dans le monde adulte après la perte brutale de son père ! Un magnifique western contemporain, sans aucune esbroufe, au plus près de son magnifique personnage principal, et comportant quelques scènes terrassantes d’émotion ! A la fois doux et tragique, magnifiquement mis en scène, c’est un film purement Américain dans l’âme, universel, que l’on pourra revoir dans 10 ans, sans qu’il n’ait pris la moindre ride ! Et c’est réalisé par un britannique ! Digne des plus beaux films de Gus van Sant !

10- High Life : Une odyssée métaphysico-sexuelle (ou l’inverse, c’est selon), ressemblant à 100% à son auteur, qui, sans budget, réussit LE film-trip de l’année, qui flatte autant l’esprit que les sens, et provoque un véritable vertige existentiel (décidément) à son issue, tant les questions qu’il pose semblent ne pouvoir trouver aucune réponse satisfaisante, mais parleront à tout un chacun, pour peu que l’on soit capable de rentrer dedans, son rythme hypnotique et ses séquences parfois très crues pouvant en rebuter certains ! Juliette Binoche y ose absolument tout, notamment à l’occasion d’une scène dont on n’a pas fini de parler ! On pense tout autant à Tarkovski qu’au récent Under the skin, bref, les amateurs de ce type de cinéma ne peuvent être qu’aux anges !

Mention spéciale : Bodied de Joseph Kahn, disponible sur la plateforme Youtube Premium ! Bien évidemment, le film aurait mérité une sortie salles, étant donné la puissance de sa mise en scène et de son montage, et sa force subversive, qui y auraient fait des étincelles, mais le film est suffisamment bon en soi pour pouvoir être apprécié à  sa juste valeur, même chez soi ! Si vous ne l’avez pas encore vu, jetez-vous dessus, c’est une véritable bombe !

9 Doigts

FLOP 3

1- 9 Doigts : Le pire du cinéma arty prétentieux et pédant, dont certains persistent à y voir du génie ! Imbitable et très agaçant, un véritable supplice !

2- Black Panther : Le film le plus racoleur et cynique de l’année, qui a réussi à faire croire au public qu’il s’agissait d’un acte politique que  d’aller le voir ! Au final, une purge comme Marvel en a le secret, kitsch et grotesque du début à la fin ! Au secours !

3- Ready Player One : Papy Spielberg se fait sénile à travers cet attrape-geeks par excellence, cynique, moche et dont le rétro pédalage final ultra hypocrite finit d’achever son cas ! Heureusement, le grand cinéaste nous a offert plus tôt dans l’année le très bon Pentagon Papers, qui nous a prouvé qu’il était encore capable de choses passionnantes !

ANTHONY VERSCHUEREN

Three Billboards – Les panneaux de la vengeance

Encore une riche année qui vient se conclure. Toutes les rédactions sont en feu a rédiger le sacro-saint classement des films qui les ont fait vibrer pendant douze mois. En dépit de quelques retards à l’heure où nous écrivons ces lignes (nous n’avons toujours pas vu Phantom Thread, Bohemian Rhapsody, Le Grand Bain, The House That Jack Built, Leto, Astérix et le Secret de la Potion Magique et quelques autres films plébiscités mais dont le nom nous échappe actuellement), nous sommes plutôt fier de ce classement ci-joint. D’autant que nous avons bien pris soin d’éviter les navets pour se confectionner un flop qualitatif, un flop constitué de réelles déceptions, des attentes gâchées non pas par un manque de passion (parce que de la passion, il y en a dans la plupart des films ci-dessous) mais par un manque flagrant de transcendance de leur propre sujet.

A contrario, force est de constater que la plupart des meilleurs films de l’année sont sortis lors du premier trimestre (comme souvent lors de ces dernières années).

TOP 10

10 – Hérédité : Un film d’horreur capable de venir vous hanter pendant des semaines, voire des mois. Voilà bien longtemps que ça ne nous était pas arrivé. Et pourtant, Hérédité, sur le papier, n’avait rien de bien enivrant. Encore une énième histoire de possession dans une famille torturée comme on en voit à la pelle depuis des années. Que peut bien avoir ce film que les autres n’ont pas ? Pour commencer, une mise en scène ahurissante. Un sentiment claustrophobe qui se développe au fur et à mesure que les minutes s’écoulent. Des plans vertigineux, des choix scénaristiques atypiques et jusqu’au boutistes et surtout un casting en or. Hérédité renoue avec l’ambiance des films des 70’s où les réalisateurs n’avaient pas peur de prendre tout leur temps dans leur mise en scène afin d’instaurer un climat avant de basculer dans l’horreur. Hérédité est un peu timide en scènes horrifiques, et pour cause, il torture le spectateur mentalement pour mieux le traumatiser quand il en a l’occasion. Certaines séquences nous hanteront pendant encore très très longtemps et nul besoin de revoir le film pour se le rappeler. Un film qui va puiser ses sources dans Rosemary’s Baby ou encore The Omen et qu’on pourrait ranger sans rougir à côté de The Witch et The Lords of Salem dans sa collection. Un vrai bonheur terrifiant !

9 – Sans un bruit : Exception faite d’une absurdité scénaristique (faire un bébé dans un monde où il ne faut absolument pas faire de bruit !!) que l’on cautionne puisqu’elle repose une bonne partie de sa tension finale là-dessus, Sans Un Bruit est une belle surprise. Sans jamais révolutionner le genre, le film de John Krasinski (époux d’Emily Blunt) parvient à nous maintenir en haleine avec une idée simple. Il replace la nécessité d’une bonne mise en scène au cœur de son histoire. Un film où l’ambiance sonore joue énormément et parvient à nous mettre en tension permanente. Les créatures sont terrifiantes, les acteurs sont bons, la mise en scène est alléchante. C’est un très bel essaie à recommander vivement (avec un bon home-cinéma tant qu’à faire).

8- Mission : Impossible – Fallout : Voilà maintenant plus de 20 ans que Tom Cruise rempile régulièrement sous les traits d’Ethan Hunt. La saga Mission : Impossible au cinéma a su s’imposer, au fil des années, comme un rendez-vous incontournable, surpassant parfois certains épisodes de l’univers James Bond. Pour ce sixième opus, on ne change pas une recette bien rodée. Tom Cruise s’amuse comme un gamin dans une succession de cascades de plus en plus rocambolesques. On prend plaisir à retrouver ses comparses campés par les sympathiques Simon Pegg et Ving Rhames. Henry Cavill est parfait en agent double. L’histoire nous mène en bateau en nous faisant tourner la tête comme jamais. Et l’action ne s’arrête jamais non plus. On finit la séance totalement soufflé et repu, mais on en redemanderait presque tellement le tout est totalement jouissif. On signe où pour le septième volet ?

7- Ready Player One : Fantasme absolu, ode grandiloquente à la pop culture, un papa Spielberg qui retrouve l’intégralité de son aura  (sans mentir, depuis La Guerre des Mondes, on l’avait perdu le petit Steven quand même !)…est-il utile d’aller plus loin ? D’autant que tout a été dit au sujet de Ready Player One. Assurément LE blockbuster de l’année.

6- Les Indestructibles 2 : Pixar revient avec des personnages qu’on avait quelque peu oubliés…et à tort ! Brad Bird renoue avec ses premiers amours pour nous sortir une suite à la fois drôle, divertissante et terriblement intelligente. L’animation est à couper le souffle. L’humour est cocasse et parlera à tous les publics. On se régale, Pixar domine le monde de l’animation, Pixar nous paye pour écrire ça, Pixar possède notre âme, gloire à Pixar !

5- The Disaster Artist : James Franco s’attaque au mythique The Room en adaptant le livre éponyme de Greg Sestero qui relate le tournage chaotique de ce film hors-norme. Pour bien comprendre toute la complexité et l’absurdité du personnage de Tommy Wiseau, il faut impérativement avoir vu (ou subi, ça dépend comment on se place) The Room. Une fois passé la découverte de ce film hors de tout, vous ne pourrez que vous régaler devant The Disaster Artist. James Franco livre un Tommy Wiseau décapant, totalement décalé, mais qui paraît si proche de qui doit être réellement cette personne que chaque scène en devient délectable. On rit de bon cœur devant The Disaster Artist. On assiste à la création de la non-création. Un vrai bijou de comédie.

4- Jusqu’à la garde : Une famille en instance de divorce, des enfants qui refusent de voir un père qu’ils jugent violents, un père qui veut faire entendre sa vérité. Voilà les bases de Jusqu’à La Garde, film coup de poing que nous n’avions absolument pas vu arriver. Le casting est impressionnant de justesse (Denis Ménochet et Thomas Gioria, qui campe le petit Julien, en tête) et la mise en scène, sobre et épurée, nous mène dans un jeu du chat et de la souris qui fait froid dans le dos. Jusqu’à La Garde dépeint une réalité bien trop souvent oubliée ou négligée. Le film distille une peur permanente, joue avec les faux-semblants…on se demande sans cesse qui dit vrai…jusque dans son final glaçant, percutant et sans concession. Une œuvre choc et majeur qui ne vous laissera pas de marbre à l’apparition du générique de fin.

3- La Forme de l’eau : Certainement le film le plus poétique de l’année. Guillermo Del Toro va chercher des inspirations chez Jean-Pierre Jeunet afin de nous conter tout son amour pour les vieux films fantastiques (et particulièrement L’étrange Créature du Lac Noir). Del Toro signe un nouveau chef d’œuvre instantané. La bande-originale est fabuleuse, le casting n’en parlons même pas, l’image est sublime. Un vrai moment de douceur baigné d’une noirceur qui se montre crue par moment (nous sommes chez Del Toro, ne l’oublions pas). A réserver à un public averti toutefois, mais La Forme de l’Eau est superbe ode à la tolérance et à l’amour.

2- Ghostland : Le meilleur film d’horreur de l’année tout simplement ! Pascal Laugier convoque ses amours pour les films de genre afin de nous livrer un film au sujet éculé, certes, mais qui prend corps dans une démonstration de mise en scène virevoltante où le spectateur est tenu en haleine de la première à la dernière seconde. Ghostland est tout aussi violent qu’il est beau. Laugier transcende sa mise en scène et nous livre des tableaux aussi macabres que magnifiques. Et quelle bonne surprise que de retrouver une Mylène Farmer plus que convaincante au casting. Un vrai bon moment de cinéma horrifique moderne qui prend corps dans les codes les plus basiques de ses pères. Merci monsieur Laugier !

1- Three Billboards : Le cinéma des frères Coen a fait un bébé…et quel bébé ! Three Billboards est à la fois un thriller, un drame social puissant et une comédie noire. Le film conjugue parfaitement ses ruptures de ton sans jamais nous dérouter. Avec un postulat de départ des plus simples (une mère de famille qui décide d’installer trois panneaux publicitaires à l’intention des forces de l’ordre afin de savoir où en est l’enquête du meurtre de sa fille), le film va nous amener au cœur d’une communauté qui cache de lourds secrets si bien que l’enquête devient presque un prétexte pour nous développer le background des personnages secondaires qui ont tous une utilité des plus intéressantes. On aurait adoré en savoir encore et encore, on ne voit pas les minutes défiler, les acteurs sont grandioses…voyez ce film impérativement, LA claque de l’année, assurément !!

Mention spéciale : Bodied de Joseph Khan qui offre un uppercut à chaque séquence, une écriture fluide qui joue avec les mots de manière fulgurante et une mise en scène riche et inventive…voyez-le !!

Jurassic World – Fallen Kingdom

FLOP 10

10 – Le Jeu : A vrai dire, il s’en est fallu de peu pour que le film de Fred Cavayé montre le bout de son nez au beau milieu de notre Top. S’il démarre comme une comédie de mœurs légère et enjouée, Le Jeu bascule petit à petit vers un drame social d’une belle envergure. On y met à mal les relations entre individus, on fait exploser tous les tabous et la rupture de ton s’amorce magnifiquement bien. Le hic ? Sa conclusion d’une paresse affligeante. Plutôt que d’assumer ses propos et les tenir jusqu’au bout, le film encourage les non-dits et, par conséquent, toutes les malversations qu’il avait bien pris soin de dénoncer auparavant. Une conclusion bête et méchante qui fait perdre instantanément toute la magie du film pour nous laisser un sérieux goût amer dans la bouche. Une vraie déception !

9- Lukas : Jean-Claude Van Damme dans un thriller français réalisé par celui qui nous avait pondu le très bon Braqueurs…il n’en fallait pas plus pour nous convaincre. Si notre acteur belge favoris convainc par une performance de très haut niveau (ça fait vraiment plaisir de le voir jouer en français et camper un personnage brisé par la vie avec une grosse voix rocailleuse), il faut bien avouer la banalité d’un scénario qui ne passionnera absolument jamais. Fort heureusement que Jean-Claude habite totalement les séquences de sa présence. Nous aurions pu tenir le digne successeur de JCVD avec un rôle à la mesure du talent dramatique de Van Damme. Il n’en restera pas moins qu’un pétard mouillé. A voir pour les inconditionnels de Jean-Claude, mais qui s’oubliera bien vite après, dommage !

8- Le secret des Marrowbone : Campagne marketing impressionnante pour ce thriller espagnol qui semblait mettre toutes les rédactions d’accord. On nous annonçait un scénario malin avec des twists intelligents et rondement bien menés. Outre un casting de bonne facture et une mise en scène léchée (le film est très beau visuellement), force est de constater que la promesse annoncée ne sera pas nécessairement tenue. Oui, le film enchaîne les découvertes au fur et à mesure que les minutes défilent, non il n’y a rien de bien impressionnant. Le Secret des Marrowbone est victime de sa campagne marketing en vérité. On nous annonce des rebondissements qu’on ne voit pas arriver, conditionnant le spectateur à mener rondement l’enquête. Et il ne faudra pas bien longtemps pour comprendre là où le film cherche à nous mener. Alors oui, le film reste plaisant à regarder, mais nous n’avons pas eu la claque massive annoncée.

7- Un couteau dans le cœur : Grosse attente de l’année, une ouverture grandiose pour un film qui va chercher les plus grands giallii (surtout Dario Argento et un soupçon de L’Éventreur de New York de Lucio Fulci), un milieu peu exploré au cinéma (celui du cinéma porno gay français des années 70)…et puis, c’est le drame ! Le film change de ton à chaque scène. Entre comique grotesque, séquences horrifiques graphiques, poésie de pacotille…le film déroute et rebute au lieu de nous embarquer. Bien qu’il ait parfaitement compris l’essence du giallo, Yann Gonzalez massacre ses belles intentions en ne trouvant jamais le ton juste. La faute peut-être à un casting peu habitué à ce genre de cinéma, qui semble totalement perdu au beau milieu de la note d’intention de son auteur.

6- Stronger : David Gordon Green s’attaque à l’histoire vraie de Jeff Bauman, jeune américain ayant perdu ses deux jambes suite aux attentats du marathon de Boston en 2013 et qui tente de reprendre goût à la vie en acceptant sa nouvelle condition. Jake Gyllenhaal dans le genre de rôle qu’il affectionne, un réalisateur qui a su s’extirper de son étiquette humoristique pour nous sortir un Nicolas Cage mémorable dans Joe, une histoire intéressante qui ne sentait pas l’originalité pour un sou mais qui semblait emplit de bons sentiments pour réussir à nous captiver le temps de sa diffusion… Le problème de Stronger c’est son incapacité à réussir à nous intéresser aux personnages. Tous plus antipathiques les uns que les autres, on se contrefout complètement de leur sort. Et c’est bien triste compte tenu des traumatismes causés par ce drame qui a marqué Boston en 2013. Un film sans âme c’est bien malheureux…

5- Halloween : Le pauvre David Gordon Green n’obtient pas nos faveurs cette année. Mais là il s’attaque à une entité immense et il fallait s’attendre à ce que tous les fans de papa Myers lui tombe dessus. Non pas que Halloween sauce 2018 soit foncièrement mauvais non plus, ce serait mentir. Il y a d’excellentes notes d’intention, le problème réside dans son incapacité à réussir à marquer dans le temps. Aussitôt vu, aussitôt oublié. Pourtant le film gère parfaitement son affiliation avec le film original de Big John, il arrive à en garder la substantifique moelle pour réussir à construire sa propre identité. Mais le film est bien trop soft pour égaler la violence d’un Rob Zombie, bien trop bancal pour surpasser la mise en scène de Big John (exception d’un plan séquence de toute beauté)…et ceci, même si la volonté du réalisateur n’est absolument pas de coller aux épisodes déjà fait, mais bel et bien de proposer une suite originale. Sauf que les points de comparaison sont inévitables et cet Halloween ne conviendra qu’à la jeune génération pas nécessairement fan des films originaux. Un film assez formaté en fin de compte. D’autant que le masque de Michael n’est vraiment pas beau… Sans crier au viol d’une icône, cet Halloween déçoit autant qu’il convainc…

4- Under the Silver Lake : Bon alors… au risque de ne pas se faire de copains sur la présence de ce film dans notre flop… par où commencer ? Oui Under the Silver Lake est un trip sous LSD complètement loufoque. Oui Under the Silver Lake va chercher Hitchcock, Lynch, De Palma ou encore Altman avec maestria. Oui Under the Silver Lake pose des questions intéressantes sur l’éternelle adolescence et sa destruction (comme c’était le cas avec It Follows). Oui Andrew Garfield est mémorable. Mais grand Dieu, c’est d’un ennuie mortel !!! Le film ne prévaut que pour deux séquences absolument hilarantes (celle du pianiste et la révélation finale pour ne pas les citer). Les errances métaphysiques de notre héros n’ont rien de palpitantes. L’absurdité du script ne nous a pas touché et voilà pourquoi nous sommes passés totalement à côté. Tout n’est question de sensibilité. Under the Silver Lake est le genre de film où la demi-mesure n’existe pas. Peut-être qu’un second visionnage devrait s’imposer lorsque nous serons prêt, mais en l’état actuel des choses, ça ne nous a absolument pas conquis.

3- Taxi 5 : Alors attention, on commence à toucher le fond ! Trop facile de mettre Taxi 5 dans un flop ? Oui, mais non, faut qu’on en parle ! Comment, en 2018, peut-on encore cautionner autant de vannes pipi caca, racistes, homophobes et sexistes, et trouver que c’est foncièrement drôle alors que tout n’est que gratuité ? Le casting est affligeant, chacun des personnages possède le charisme d’une huître et garde une vanne potentiellement bonne qu’ils répètent en boucle le reste du temps. Franck Gastambide réitère la grossièreté de Pattaya pour la pousser à son paroxysme. Et pourtant, quand il décide de devenir sérieux, de se focaliser sur les séquences musclées, Gastambide fait preuve d’audace et d’une mise en scène intelligente ! Pourquoi s’abaisser à tout prix à vouloir faire des vannes forcées sur les personnes de petite taille ou les femmes rondes quand il peut nous sortir des courses-poursuites grandioses ? Bref, Taxi 5 est à éviter de toute urgence !!

2- Les Garçons Sauvages : Une ouverture à couper le souffle, des idées inventives à chaque plan, la sensation de tenir l’Orange Mécanique moderne et puis…l’overdose. Mandico se fourvoie dans un déferlement de séquences nombrilistes qui ne dépassent jamais les ambitions de sa première demi-heure. Le film se noie dans un gloubi-boulga indigeste qui donnera de sérieuses migraines. Tout ce que nous trouvions superbe en début de métrage finit par nous torturer, ne nous laissant espérer qu’une seule chose : l’apparition du générique de fin.

1- Jurassic World – Fallen Kingdom : Pour autant nous défendions Jurassic World en 2015 par son aspect nostalgique qui nous avait séduit. Nous attendions impatiemment cette suite. L’ouverture du film est convaincante. Toute la descente sur l’île remplit bien sa part du contrat, la magie opère. Puis vient l’éruption du volcan, la fuite de nos héros et le début de la descente aux enfers… Jurassic World : Fallen Kingdom se transforme en survival dans un manoir…non, non vous ne rêvez pas, des dinosaures dans un manoir. On se croirait dans une mauvaise parodie de chez Asylum. Avouons que la mise en scène n’est pas mauvaise, mais notre tolérance a ses limites. L’univers Jurassic Park est définitivement mort. D’ailleurs le cri du Diplodocus qui disparaît sous la lave est symptomatique de cette mort. Ce même cri, qui est le premier que nous entendions dans le film de Spielberg et qui nous émerveille encore aujourd’hui a chaque visionnage, vient boucler la boucle d’une saga qui gardera sa part de merveille du premier opus à Jurassic World

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