Maniac : Une expérience cinémintrospective hors du commun

Disponible depuis le 21 septembre dernier sur Netflix, la mini-série Maniac a bénéficié d’une campagne de marketing folle afin de se hisser comme série phare de la plate-forme en cette fin d’année. Maniac s’inspire de la série norvégienne éponyme, réalisée par Espen PA Lervaag. Mais, est-ce que la série réalisé par Cary Joji Fukunaga, réalisateur de la première saison de True Detective ainsi que du prochain James Bond suite au départ de Danny Boyle, se hisse à la hauteur des attentes qu’elle a suscité ?

On pouvait croire que les bande-annonces avaient brouillé les pistes concernant l’histoire de Maniac. Mais il n’en était rien et ce mélange de genre trouve parfaitement sa place dans le contexte et la cohérence de la série. Il nous est d’abord présenté Owen Milgrim, incarné par Jonah Hill (SuperGrave, Le Loup de Wall Street), fils d’une famille aisée, est schizophrène et est sujet à des hallucinations. Dans une volonté de rester éloigné de sa famille, il cherche à tout prix l’indépendance financière contrairement à ses frères. Ce qui lui cause des difficultés financières. Dans le but de se faire un peu d’argent, il cherche à participer au test de ce nouveau médicament qui remplacerait n’importe quelle psychanalyse, en couplant 3 pilules différentes et l’intervention d’une Intelligence Artificielle. Pendant ce temps, Annie Landsberg incarnée par Emma Stone (SuperGrave, La la Land) est devenu accro à la première pilule qu’elle a pu obtenir par l’intermédiaire d’une relation d’un des docteurs travaillant sur le projet. Elle cherche maintenant à se fournir plus de pilules et doit, pour cela, faire tout pour participer à l’étude. C’est à cette occasion que leur chemin vont se croiser dans la recherche du bonheur et à défaut, d’un meilleur eux-même.

On nous présente tout d’abord un personnage schizophrène, ayant des hallucinations et se trouvant qui plus est dans un monde entre passé et futur, sans présence nuisible de smartphone mais avec plusieurs technologies avancées. Où se mêlent côte à côte les vieilles télévisions à écrans cathodiques et les koalas en peluche violet, comme celui qu’on peut brièvement apercevoir dans la bande-annonce, qui se trouvent être des robots contre lesquels il faut jouer aux échecs. Ce qui donne à ces premiers moments dans ce monde, une impression de mélange entre l’univers de Blade Runner et une vision moins dystopique, comme un futur vintage. Et le fait qu’on découvre cet univers à travers les yeux d’un schizophrène paranoïaque fait que notre entrée dans le monde de Maniac va de pair avec une myriade de détails qui rendra le premier épisode, tout particulièrement, absolument captivant pour le spectateur.

Dans cette configuration, la présence d’un cinéaste impliqué comme Fukunaga ne fait que renforcer ces atouts. On l’a déjà vu avec True Detective, Cary Fukunaga ne prend pas la réalisation de série à la légère. L’implication est sûrement le maître mot de cette série. Avec une Emma Stone et un Jonah Hill qui se partage l’écran pour la première fois depuis le SuperGrave de Greg Mottola qui aura lancé leurs carrières à tout les deux. Ils étaient tout deux présents à la naissance du projet ayant participé à l’écriture de leurs personnages en collaboration avec les scénaristes. Leurs interprétations crèvent l’écran, Emma Stone possède une présence tellement forte et une palette déjà si étendue qu’il est difficile d’être surpris par sa prestation. Là où Jonah Hill repousse les limites auxquelles il nous a habitué, à chaque fois. Et Maniac lui permet de s’extirper de cette idée selon laquelle Jonah Hill ne pourrait briller qu’en comédie. Il en est même dommage après une entrée en matière si percutante qu’on se focalise plus facilement sur l’histoire d’Annie (Emma Stone) et donne un arrière-goût d’acte manqué en imaginant ce qu’aurait pu donner la série en mettant plus l’accent sur ce qui arrive à Owen (Jonah Hill) et cette impression provient de la manière dont on nous montre leurs expérience respectives avec la première pilule qui confronte les individus, littéralement au souvenir le plus traumatisant de leur vie.

C’est avec la seconde pilule que les segments qu’on nous a présenté dans la bande-annonce apparaissent. Emma Stone et Jonah Hill, avec la nuque longue, en couple banlieusards ou bien en couple de chics voleurs à la recherche d’un chapitre secret de Don Quichotte. Le but de la seconde pilule est d’exposer aux gens leurs manières de se mentir à eux-même, leurs mécanismes de défense. Avec cette pilule, on assiste au premier mélange des genres dans Maniac. Entre la comédie dramatique familiale et le film noir d’époque dans les années 40. Et on se rend compte du travail monstre sur la photographie qu’on soupçonnait déjà avec la présentation du monde réel de Maniac mais qu’on réalise avec tout ce passage. Puis vient la troisième pilule, la confrontation et plus encore, l’acceptation de cet épisode traumatique dans notre vie pour aller de l’avant. Et là, la série va très loin, entre le passage d’Emma Stone en elfe et son histoire pleine de fantaisie qui malgré quelques décors grandioses sent un peu trop le fond vert et celui de Jonah Hill en gangster, en aigle et en islandais dans un monde de science-fiction à la E.T. en version perverse. Cette dernière pilule permet de redonner de l’importance et de l’indépendance au personnage d’Owen, qui sont les bienvenues après une seconde pilule dont on a du mal à dégager les véritables effets qu’elle a eu sur lui. L’avantage de ces séquences, c’est qu’elles permettent d’apporter de la profondeur aux personnages de manière très graphique. On est en pleine séance d’introspection, à l’intérieur de l’esprit des personnages. C’est toujours compliqué de bien retranscrire la psyché d’individus à l’écran et Maniac réussit cela très bien.

Mais Maniac ce n’est pas que la psychologie, c’est aussi les rapports entre les êtres humains. En particulier l’amitié et la romance, Emma Stone et Jonah Hill ont une vraie alchimie à l’écran et ça fait du bien à voir, sans qu’on nous enfonce dans la gorge une histoire d’amour. C’est raconté ici de manière bien plus naturel pour n’éclipser en rien les autres thèmes abordés, comme la famille, la fraternité ou encore l’Œdipe.

Cary Fukunaga et Maniac nous montrent qu’aujourd’hui, une série et un film peuvent parfaitement être sur un pied d’égalité. Aussi bien sur ses acteurs, son histoire et surtout sa réalisation. Sans oublier sa bande originale époustouflante, dit sans exagération. Avec Maniac, on voyage dans le milieu compliqué de l’esprit humain, sans bouger de sa chaise. Il ‘agit d’une œuvre tellement dense et aboutie, rien n’est laissé au hasard. Maniac est une expérience cinématographique comme on voit rarement, vraiment rarement. Avec une conclusion qui arrive comme une cerise sur le gâteau. Véritablement, une des meilleures séries de l’année.

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