PIFFF 2018 – Jour 6 + Cérémonie de Clôture

Dimanche 9 décembre, nous apercevons les stigmates des batailles de la veille sur les Grands Boulevards. Paris retrouve son calme et son énergie pendant que nous retrouvons le Max Linder pour la dernière journée de cette 8e édition du Paris International Fantastic Film Festival

What Keeps You Alive de Colin Minihan

sNous avons passé outre la projection matinale de The Man Who Feels no Pain pour débuter avec What Keep You Alive à 14h. On ne savait pas trop où l’on mettait les pieds avec ce film. Une surprise totale réalisée par l’un des Vicious Brothers, Colin Minihan. Pour leur premier anniversaire de mariage, Jackie emmène Jules dans le coin reculé où son père et elle allaient chasser, quand elle était petite. Personne à la ronde, à part la luxueuse demeure de son amie d’enfance de l’autre côté du lac. Toutes les conditions sont réunies pour un week-end idyllique en amoureuses. Pour une plongée dans l’horreur, aussi. Le film est en effet une intéressante surprise. Un slasher aux codes détournés qui se poursuit en «survival» poussant le bouchon un peu loin dans sa dramaturgie. Le film rame dans sa dernière partie pour finalement se conclure sur un dernier plan cassant les 1h40 mis en place. Nous sommes déçus, car le potentiel était palpable, mais Colin Minihan, à vouloir trop en faire, se perd alourdissant son film de détails inutiles.

Maniac – William Lustig (1980)

On enchaîne rapidement, comme il est de coutume au PIFFF, avec Maniac de William Lustig. Film datant de 1980, il trouve une place spéciale dans cette séance culte. Les organisateurs du festival ont ce savoir dans la redécouverte d’œuvres majeures dans les meilleures conditions possible. Après Vorace cette année en 35mm, c’est Maniac en version restaurée 4K sur l’écran panoramique du Linder. Une claque forte qui résonne encore. Ce visage taillé à la serpe de Joe Spinell marque la rétine et son combat pour vaincre une mère castratrice et punitive se ressent poisseuse. New York, la 42e rue, ses prostitués et un maniaque qui scalpe pour ses trophées dans un antre psychédélique, il n’y a pas à dire, Maniac fonctionne toujours autant, en salles 40 ans après sa sortie. 

WE de Rene Eller

Après la séance de Maniac, on a besoin d’un peu d’air frais. Une coupure de 40 minutes pour se détendre devant la salle. Ce dimanche est bondé au PIFFF, un monde fou pour appréhender WE de Rene Eller. Le long-métrage n’est pas fantastique à proprement parler, mais horrifique par ce qu’il recèle. C’est un sacré coup dans la tronche que l’on se prend avec ce film morcelé selon les témoignages des principaux protagonistes de l’histoire. À la faveur du doux désœuvrement estival, les ados d’un village flamand s’abandonnent à tous les excès à leur portée. L’émulation collective les pousse à aller de plus en plus loin, à jouir de l’euphorie du moment sans se soucier des conséquences de leurs actes. We renvoie aux folles années hollandaises de Paul Verhoeven avec une touche cinglante du cinéma de Larry Clark. Du sexe, de l’impertinence, une révolte face aux conditions de jeunes adolescents qui s’échappent dans la folie d’actes impensables. On ne peut se remettre si facilement d’un film pareil, on ne pensait vraiment pas en revoir un de cet acabit. We est un film ambigu et méchant, le déchainement terrible d’une jeunesse à la mesure d’Orange Mécanique de Stanley Kubrick, conscient et volontaire de leurs actes froids et calculateurs. Cela fait froid dans le dos.

Après le We de Rene Aller, il est temps de conclure ce PIFFF 2018 avec la cérémonie de clôture et d’assister à la projection en avant-première de Sorry To Bother You de Boots Riley.  

Freaks avec Emile Hirsch et Bruce Dern

Et après le triomphe de Tigers Are Not Afraid l’année dernière, c’est Freaks de Zach Lipovsky & Adam B. Stein qui remporte tous les suffrages. Trois prix détaillés ci-dessous avec le palmarès complet. Pour rappel, Freaks était en séance à 14h ce samedi 8 décembre et réunit à son casting, Emile Hirsch et Bruce Dern. Pas de date de sortie encore annoncée en France.

Concluons donc avec Sorry To Bother You distribué par la Universal en salles le 30 janvier 2019. Le film se déroule dans des États-Unis à peine dystopiques, ravagés par la misère économique et l’esclavagisme rampant du prolétariat, Cassius Green décroche un boulot dans le télémarketing. Il suit les conseils de son voisin d’open space et contacte ses clients déguisé derrière sa «white voice». Dès lors, à lui le succès, la chevauchée d’ascenseur social, le social-traitisme, les contacts privilégiés avec un clone dégénéré de Jeff Bezos.

SORRY TO BOTHER YOU de Riley Boots

Si on a eu un peu de mal à rentrer dans le cœur du film dans sa première partie, il faut avouer que le long-métrage touche de plein fouet notre actualité. Pauvreté, esclavagisme par de grands lobbies qui font toujours plus de profits, allant même jusqu’à faire accepter la mutation génétique de ses employés. Un film qui sait se faire attendre, notamment son excentricité, une certaine folie douce soutenue par des acteurs au diapason par exemple Armie Hammer, incroyable en savant fou révolutionnaire d’une solution finale contre la pauvreté et son exploitation des travailleurs. Rendez-vous en salles le 30 janvier pour découvrir le film, et très rapidement en critique sur Close-Up Mag !

Et maintenant le palmarès complet de ce Paris International Fantastic Film Festival édition 2018. 

Freaks remporte L’Oeil d’Or du PIFFF 2018; le prix du Jury Ciné+ Frisson et le prix du jury Mad.

Le jury Mad Movies a également décerné une Mention Spéciale au film TOUS LES DIEUX DU CIEL de Quarxx.

Belle à Croquer remporte l’Oeil d’Or du Meilleur Court-métrage Français et le prix du Jury Ciné+ Frisson.

Déguste réalisé par Stéphane Baz remporte le Prix du Jury du meilleur court-métrage Français.

Baghead remporte l’Oeil d’Or du meilleur court-métrage international. À noter que ce film défendra les couleurs de la Grande-Bretagne lors des prochains Oscars en février 2019. 

Ce sont sur ses dernières notes que le PIFFF 2018 se conclut. Six jours qui sont passés à une vitesse folle. On vous donne rendez-vous l’année prochaine comme promis par Cyril Despontin et Fausto Fasulo pour une 9e édition dont nous avons déjà hâte de retrouver. 

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