Astérix Le Domaine des Dieux : Remix Pleindastus

Après quatre adaptations live à la qualité variable et à la fidélité discutable, il était temps pour notre gaulois préféré de revenir au format animé. Bien que sa dernière apparition dans l’univers de la 2D (Astérix et les Vikings) soit loin d’être glorieuse, le retour d’Astérix à l’animation avait de quoi créer de l’attente. Ainsi abîmée par ses dernières incursions au grand écran, la licence avait cruellement besoin d’un second souffle. C’est à Alexandre Astier, fort de ses précédents succès et de son aura auprès d’un certain public, qu’incombera la lourde tâche de ressusciter la licence en adaptant Le Domaine des Dieux. Une annonce qui pouvait redonner de l’espoir aux fans, avec des Gaulois qui font peau neuve dans ce nouvel habillage 3D.

Ce qui caractérise cette adaptation de la bande dessinée éponyme, c’est avant tout la bienveillance vis-à-vis du petit monde d’Uderzo et Goscinny. On retrouve avec plaisir la voix de Roger Carel en Astérix, accompagné par un casting éclectique (Alain Chabat, Lorànt Deutsch, Astier lui-même…) et impliqué, qui sait se faire oublier. Si ce n’est pour Elie Semoun, amusant en Cubitus, légionnaire romain plein de revendications face à l’autorité, mais trop facilement identifiable avec ses intonations aiguës et éraillées, qui trahissent le comique. Mais ce type d’à-côtés, qui restent mineurs, sont à l’image de ces quelques vannes : références à des éléments hors contexte (le fameux et éculé « vous ne passerez pas » du Seigneur des Anneaux par exemple), qui ont la politesse de ne durer que quelques secondes, sans s’appesantir lourdement. Tout cela grâce à une écriture intelligente, qui sait rester cohérente.

Le postulat de départ afflue dans ce sens, avec une machination de César plus fourbe que l’habituel « capturer le druide ». Ce dernier décide de créer et peupler ledit « Domaine des Dieux », juste à côté du petit village Armoricain. Les Gaulois, pacifistes avec les civils, ont bien du mal à se débarrasser de ces tours gênantes près de chez eux. Pire, certains membres du village commencent à se faire amadouer par l’appât du gain ou le libéralisme agressif que pratiquent les marchands dès l’arrivée de ces envahisseurs/clients. Peu à peu, le village se vide insidieusement, à grands renforts de publicités et d’offres alléchantes, sans que la potion magique ne puisse résoudre directement le problème. A côté de cette soft invasion s’ajoutent quelques autres réflexions (parfois au détour d’une simple réplique) supportées par la dérision, comme la condition des esclaves qui n’évoluent qu’en apparence alors qu’ils deviennent légionnaires ou encore ces classes moyennes qui restent le dindon de la farce. Tout cela en conservant les apparences d’une aventure innocente et bon enfant d’un Astérix de la première heure.

Impression renforcée, par une mise en scène habile qui positionne ses personnages au bon endroit au bon moment, avec un naturel calculé pour la beauté d’une scène ou d’une torgnole. On en vient à pardonner le « Obélix Ex Machina » qui nous apparaît aussi logique qu’acceptable. Amené lentement mais sûrement après de nombreux obstacles, si bien que le prévisible laisse place au jubilatoire, pour une bataille finale burlesque et détonante. Le tout servi par un graphisme rond, coloré et chaleureux qui pose les jalons des futures adaptations 3D des aventures des irréductibles, on l’espère. Une adaptation aussi astucieuse qu’elle est respectueuse, où le fond et la forme se marient à merveille.

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