Crazy Rich Asians : La Chine, terre riche de cinéma.

Nous confessons d’emblée le fait de chroniquer le film juste par l’intérêt suscité suite à son succès au box-office américain. Crazy Rich Asians a été un raz-de-marée tout cet été avec 170 millions de dollars engrangés. Un véritable événement inattendu, un tournant même pour un long-métrage composé uniquement d’acteurs asiatiques, une première dans le cinéma contemporain depuis Le Club de la Chance réalisé par Wayne Wang en 1993.

Adapté d’un roman à succès de Kevin Kwan sorti en 2013, Crazy Rich Asians est un produit festif et gourmand où la superficialité trouve toute sa mesure. Le film est construit sur la légèreté d’un monde à part caché dans un Singapour copie bigger & louder de notre Monaco. Crazy Rich Asians pourrait être le parallèle de nos Tuche à nous, sauf que toute une famille est remplacée ici par une jeune fille bien sous tout rapport, amoureuse d’un prince charmant insoupçonné. En effet, la jeune Rachel Chu, professeur d’économie à l’université de New-York, est amoureuse de Nick Young. À l’occasion d’un mariage familial à Singapour, elle l’accompagne et s’aperçoit rapidement que son amoureux est le fils prodigue d’une famille surpuissante économiquement et politiquement parlant.
Crazy Rich Asians tire ses ficelles d’une narration naïve et improbable. Les dix premières minutes trouvent leurs limites dès l’arrivée dans l’avion de Rachel s’apercevant de la réalité. Son amoureux est le prince charmant. La jeune professeure, si fine tacticienne face à ses élèves, se voit placarder comme une belle ingénue à l’heure des Google et autres réseaux sociaux. Elle ne sait rien de son compagnon dont on soupçonne la relation entamée depuis quelques mois. Surtout que pour ses vils besoins, le film s’applique instantanément à créer un réseau gossip virulent pour faire circuler l’existence de ladite prétendante dans toute l’Asie du Sud.

La question ne sera jamais résolue, quand bien même avons-nous le temps de réfléchir à la question avec cette musique permanente et assourdissante, quand les lumières et les couleurs se forcent à nous aveugler. Crazy Rich Asians est un « soap-opéra » de luxe à destination du cinéma pour mieux conquérir un public asiatique. Le cynisme est prégnant à chaque instant par cette volonté de happer le public sino-américain et le continent asiatique à la cause de la Warner. Comme un camouflé pour mieux vendre ensuite ses productions de supers-héros. Souvenez-vous de la déconfiture de Batman V Superman sur le marché asiatique !

Crazy Rich Asians est un produit qui place ses intérêts au-dessus des principes mêmes du cinéma. Le film est une publicité géante, voire gênante, à brosser dans le sens du poil une économie toute puissante, notamment dans l’industrie du cinéma aujourd’hui. Warner l’a bien compris cet été encore avec le succès dévastateur de The Meg en Chine. Crazy Rich Asians vient alors compléter ce succès en s’imposant comme une gourmandise sucrée et lourdingue tel l’entrepreneur américain ressemblant bien trop à Donal Trump. Il parle haut et vous frappe fort dans le dos en vous gratifiant d’être le meilleur. Voilà l’effet cynique que nous percevons de France. Le film nous parvient pour ne pas délaisser le spectateur français suite aux échos des États-Unis, alors qu’il devait de base atterrir en VOD dans nos contrées.

Il faut bien avouer que Crazy Rich Asians divertit tout en faisant sourire par fulgurance. Certains personnages y sont pour beaucoup notamment Goh Peik Lin incarnée par Awkwafina, la dynamite du film via des punchlines folles, arrivant d’une famille asiatique typiquement « Tuche ». À contrario de faire tâche, elle s’affirme comme l’élément déconnant au sein même du temple de la mièvrerie. Car Jon Chu, le réalisateur, n’hésite pas à tourner son film comme un conte de fées Disney. La méchante marâtre s’opposant à la jolie et gentille princesse qui s’évapore dans la nuit se retrouvant telle une citrouille pleurnicharde.
Mais fallait-il s’attendre à une véritable proposition de cinéma ? C’est justement à ce pour quoi nous nous sommes confrontés au film. Pour avoir les réponses d’un succès international probant auprès d’un public semble-t-il conquis. Pour notre part, nous ne le sommes pas face à tant d’artifices et de personnages sortant tout droit d’une aventure de Princesse Barbie. 

Crazy Rich Asians est un pur produit de l’instantanée 2018. De ces souvenirs périssables qui ne marqueront le cinéma que par des chiffres vites désuets suite à de nouveaux succès. Il y a eu tant de productions de cet acabit qui ont autrefois perturbé les conventions sans briser les codes sociétaux. Le spectateur suit le programme tel un nuage traversant un ciel printanier, quand le film lui-même est une fugacité H&M qui sera rapidement broyé pour passer à la mode suivante.

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