Bohemian Rhapsody : Another Rock’s Champion Forever

Ce film n’est pas fair play. Parler d’un des groupes de rock les plus populaires, dont le leader est devenu une légende, ayant influencé plusieurs générations et dont on est sûr d’entendre les musiques les plus incontournables et magnifiques qu’ils ont écrites, offre directement au long-métrage quelques points bonus. Ceux-ci ôtant la possibilité de s’ennuyer ferme. Bohemian Rhapsody, comme son nom l’indique, revient sur la création de cette musique, de cet album, du ticket pour rejoindre l’olympe qu’ils se sont offert avec l’audace de cette chanson. Un film qui retrace l’histoire du groupe jusqu’au concert Live Aid en 1985.

Si l’histoire de Queen ou si même le groupe vous intéresse un tant soit peu, alors Bohemian Rhapsody (le film comme la chanson) devrait répondre plutôt bien à vos attentes. On y suit le parcours entier du point de vue de Farrokh Bulsara lorsqu’il rencontre le groupe de Smiles jusqu’à Freddy Mercury, la drama Queen la plus populaire des années 70 et 80. Joué par Rami Malek, son rôle de composition pour ressembler à Freddie Mercury est particulièrement fort. Une performance pas forcément évidente à interpréter, qu’il réussit néanmoins avec brio. Le casting est par ailleurs très soigné puisque ses comparses Ben Hardy, Joseph Mazzello et Gwilym Lee sont très convaincant non seulement dans leur rôle mais aussi dans leur apparence. Seul Ben Hardy ne ressemble pas beaucoup à son homologue originel mais sa prestation est plus que convaincante. Par définition, le jeu d’acteur est excellent, Aidan Gillen s’offre un rôle qui lui sied parfaitement, à mi-chemin entre la sournoiserie mystérieuse dont il sait tant jouer et la fidélité d’apparat qu’il aime arborer suivant toujours de près ou de loin ses propres intérêts.

Côté réalisation, Bohemian Rhapsody est un film très propre, très net, assez sage parsemé de quelques bribes de propositions pour rendre l’esthétique plus colorée et à l’image un peu folle du leader du groupe. Le long métrage est surtout rythmé au son des plus gros succès du groupe. Tous y passent, suivant leur genèse, les raisons de leur naissance etc (Another one bites the dust, We Will Rock you, Bohemian Rhapsody évidemment, Who wants to live forever et bien d’autres). De là vient peut-être le principal souci de cette production. La narration est un peu faible pour un biopic. On peut accepter que le groupe est si connu qu’il ne reste plus grand mystère à dévoiler, mais on se demande si l’histoire est bien fidèle tant elle exulte certains moments de vie et de travail intenses. En suivant la création des chansons les plus populaires, on n’a pas forcément l’impression de vivre les instants les plus forts du groupe. Certes ces derniers participent à leur renommée et par effet boule de neige, en fait de grands moments. Mais durant tout le film on les voit tantôt avec des maquettes déjà écrites (I’m in love with my car ou You’re my Best friend) sans qu’on ne sache vraiment quel est leur état d’esprit en écrivant ces textes ou au moment des concerts etc. A contrario, pour certains single, on a l’impression que Freddie Mercury joue 3 accords et pouf, il a créé Bohemian Rhapsody. Il était peut-être un génie, mais on ne voit que trop peu l’impact des autres membres du groupe, et lorsqu’on le voit, c’est simplement une idée au milieu d’autres ou l’adoration que suscite le groupe entier chez les fans. C’est un peu léger pour le nombre de fois où l’on nous répète que Queen est avant tout une famille. En fait, il n’y a justement que pour Bohemian Rhapsody qu’on l’on s’attarde tant sur la réalisation en studio du morceau. En amont comme en aval.

Évidemment l’histoire se prête si bien à un scénario dramatique, qu’il est certainement romancé comme il se doit. Les événements se sont-ils tous déroulés exactement comme ça ? C’est toujours difficile à dire dans ce genre de productions. Cependant, le film ne nous laissant jamais plus de quelques minutes sans une des excellentes chansons de Queen, on passe toute la séance à savourer outre mesure notre visionnage et à progressivement avoir envie de bouger. La mise en scène étant telle qu’elle en rajoute sur le côté rock du groupe, le film semble parfois d’avantage produit comme une déclaration d’amour et un hommage à ce dernier et leur leader qu’à un véritable désir de biopic. Contrairement à Straight Outta Compton par exemple qui s’attarde beaucoup plus à dévoiler les relations avec les producteurs, entre les membres du groupe et leur image, leurs fans, leur manière de s’adresser aux gens ou aux autorités. On ne voit pas la séance passer tant le long-métrage lisse les tortures psychologiques des protagonistes et les fait passer pour des rancoeurs d’adolescent. Le but est clairement d’apporter du positivisme malgré la maladie contractée par Freddie et les orgies de drogues auxquelles il s’est potentiellement adonné.

On sort de la salle globalement conquis, si ce n’est par l’histoire, complètement par les chansons. On rentre chez nous et on s’écoute la discographie entière de Queen comme si le seul but était de relancer les ventes du groupe à foison. Mais en fin de compte, Bohemian Rhapsody nous rappelle à quel point cette époque était dantesque et c’est peut-être ce vent de nostalgie que l’on cherchait au plus profond de nous avec ce film. Si l’on ne découvre rien, on redécouvre notre amour pour le groupe et le genre musical.

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  2. Box-Office France du 31/10/2018 au 06/11/2018 -
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