Better Call Saul – saison 4 : The Winner Takes It All

Vu le virage dramatique que prenait la fin de la troisième saison, on attendait au tournant la saison 4 de Better Call Saul, disponible en intégralité sur Netflix depuis quelques semaines maintenant. On sentait clairement la saison de transition, celle où Jimmy McGill ferait enfin place à Saul Goodman. Et comme à leurs habitudes, Vince Gilligan et Peter Gould ne manquent pas de répondre à nos attentes de façon inattendue, allant sans cesse vers la surprise tout en offrant à Jimmy un rôle de plus en plus complexe à aborder.

Fidèle à son rythme, Better Call Saul continue de prendre son temps. La série n’a jamais reposé sur le suspense ou l’action spectaculaire, préférant réserver ses moments les plus intenses à des scènes de dialogues où tout explose et où les personnages se dévoilent. Ici, elle continue son morcellement narratif. D’abord un flash-forward en noir et blanc particulièrement tendu et puis plus rien de la sorte durant le reste de la saison, nous faisant quasiment oublier cette scène introductive laissant planer le doute quant au sort de notre avocat bien-aimé durant l’après Breaking Bad. Le reste de la saison nous fera suivre Jimmy et la façon dont il gère le deuil de son frère et la suspension de sa licence d’avocat. Peu enclin à se laisser coincer dans un job alimentaire pendant un an, Jimmy va continuer les magouilles et sa relation avec Kim va se complexifier. D’un autre côté, Mike va être recruté par Gustavo afin de mettre en place le chantier de son immense laboratoire de chimie vu dans Breaking Bad tandis que Don Hector Salamanca va peu à peu se remettre de son attaque… Autant de ficelles narratives permettant d’inscrire la série dans la même lignée de Breaking Bad tout en continuant à farouchement s’en démarquer.

Car si Breaking Bad était l’histoire d’un type banal devenant un salaud (qui couvait finalement en lui), Better Call Saul brosse un portrait autrement plus complexe, celui d’un homme écrasé par l’ombre de son frère délaissant peu à peu l’altruisme qu’il a en lui (et qu’il a confirmé à plusieurs reprises dans le passé de la série à travers deux dilemmes moraux très forts en saisons 2 et 3) pour se tourner uniquement vers le profit et son intérêt. De nombreuses scènes dans la série et notamment cette saison ne cessent de montrer combien Jimmy est regardé de haut par ses confrères avocats et combien Kim est la seule à le défendre (pour combien de temps encore est la question sur toutes les lèvres). Pas étonnant dès lors que Jimmy finisse par embrasser Saul Goodman pour devenir le personnage que l’on connaît.

De façon générale, cette quatrième saison se montre cependant un poil inférieure aux deux précédentes. Le début de saison met en effet un peu de temps avant de vraiment montrer où il va et la partie centrée sur Mike se montre légèrement en-dessous de la partie centrée sur Jimmy. Pendant plusieurs épisodes, on se demande où la série va, un peu décontenancés, tout en sachant très bien que Gilligan et Gould sont des scénaristes hors-pairs et qu’ils ne laissent jamais le récit dériver, ils le prouvent d’ailleurs avec deux derniers épisodes particulièrement savoureux, plein d’émotions et de promesses pour la suite. La partie avec Mike se rattrape également sur la fin, introduisant un personnage touchant auquel on s’attache très vite en dépit de la tragédie que l’on sent venir.

Malgré cette très légère baisse de rythme en cours de saison, cette quatrième fournée d’épisodes s’avère cependant toujours aussi maîtrisée, que ce soit en termes d’écriture ou de réalisation (un split-screen fabuleux ouvre l’épisode 7 et fait une ellipse sans un mot de dialogue). Nous en dirons autant des prestations des acteurs, tous formidables, en particulier Bob Odenkirk, Rhea Seehorn et Jonathan Banks, évoluant autour d’une galerie de seconds rôles à la trogne savoureuse (Mark Margolis, David Costabile, Rainer Bock, Tony Dalton). Cette maîtrise de la narration confirme tous les espoirs placés en la série, s’avérant de fait plus réussie et plus subtile que son aînée, un exploit pour un exercice aussi peu évident que celui du spin-off. De ce fait, on attend d’ores et déjà avec impatience la cinquième saison qui promet encore de beaux moments dramatiques quand bien même nous savons très bien où finira Jimmy. Car comme un sage l’a dit, après tout ce n’est pas la destination qui compte, c’est le voyage…

1 Rétrolien / Ping

  1. Better Call Saul - saison 5 : It's not all good, man -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*