Édito – Semaine 43

C’est un constat, nous désertons les salles UGC ou Pathé/Gaumont. En nous promenant cette semaine dans les rues du Ve arrondissement, nous évertuant à flâner devant les cinémas du Quartier Latin avant de nous arrêter de façon impromptue pour découvrir Le Fanfaron de Dino Risi à la Filmothèque, nous nous sommes rendu compte que nous comptions nombres de tickets pour les ressorties hebdomadaires. C’est un constat, nous désertons Châtelet, Bercy ou encore le MK2 Bibliothèque pour préférer conclure nos journées avec les ressorties incroyables du Quartier Latin.

Excusez du peu de nouveautés intéressantes actuellement en salles, que nous n’ayons vus encore, mais surtout qui nous intéressent un tant soit peu : Venom, The Predator, Alad’2, A Star is Born (4e version!), Le Flic de Belleville ou encore Yéti & Cie.
Voici cités les gros titres de divertissement actuellement en salles. Mais pauvres de nous cette souffrance de se voir infliger tels résultats pour nous détendre le soir après le travail avec sa compagne. Imaginez de se dire « Quel film allons-nous voir ce soir ? »… « Mais attends il y a un problème ?  »… « Et si on continuait notre série sur Netflix ? »… « Ouais plutôt… on se fera un bon restaurant à la place en fin de semaine ! ».

14€ une place de cinéma pour découvrir de tels navets ou de resucées de divertissements des 80′ qui passent à longueur d’année à la TV. Le Flic de Belleville ? Mais Le Grand Action en profite pour projeter Le Flic de Beverly Hills en version restaurée 4K  ! Il faudra toujours mieux se rappeler et prendre plaisir à revoir les tribulations d’Eddie Murphy (ce génie), qu’une pale copie française à Miami qui nous refait encore le coup de l’Intouchable ! Puis élément important tout de même en ces temps durs, revoir Eddie Murphy dans un classique de sa filmographie sur grand écran c’est 7 euros…

Borsalino, Le Flic de Beverly Hills, Le Fanfaron, La Poursuite Impitoyable, Saint Jack, Halloween, Cruising, L’Exorciste ou de multiples ressorties des œuvres d’Ingmar Bergman, que l’on aime ou pas, toutes ces ressorties sont tout même bien plus alléchantes que les nouveautés.
 Les nouveautés, dans ce qu’il reste d’intéressant, il faut courir pour les voir. La séance de cinéma doit être organisée tel un week-end chez notre belle-mère, trois semaines à l’avance pour ne pas la perturber. Pensez-vous croyable de prendre rendez-vous avec un divertissement avant qu’il s’évapore, alors que notre plaisir est de se retrouver devant le cinéma et avoir le choix. Nous ne l’avons plus le choix quand Venom réquisitionne deux voire trois salles, pendant que The Predator en a le privilège de deux autres et ne parlons pas d’Alad’2, il a carrément 4 salles au Pathé. Quid de Galveston, Dilili à Paris, Girl, RBG ou L’Amour Flou ? Ils sont trop vite relégués et disparaissent dès la deuxième semaine, faute de places, mais surtout d’espaces d’exposition. Souhaiter découvrir un film aujourd’hui est une course de Formule 1.

Nous nous retrouvons forcés de payer et d’assister à des programmes de piètre qualité non souhaités. Alors nous désertons pour mieux regarder en priorité le programme des salles de quartier, revoir tendrement de vieux classiques dans de superbes copies. Les salles leur offrent l’espace, le temps et nous sommes assurés du spectacle. Certains soirs de semaine, nous ne sortons plus du tout, se calfeutrant sur le canapé dans le pled devant Netflix. Tous les programmes ne sont pas de la meilleure qualité, mais nous avons la possibilité de faire le tri, de choisir, comme à l’époque du vidéo-club. Nos séries préférées sont disponibles, des découvertes multiples au choix. Il n’est pas pour rien que les grands metteurs en scènes se retrouvent sur la plateforme pour travailler. Alfonso Cuaron, Martin Scorsese, Les Frères Coen, Gareth Evans ou encore Jeremy Saulnier. Leurs films ne sont pas désirés par les salles, pires, ils sont contraints par un cahier des charges précis pour plaire à tout à chacun. Mais « Damned ! », nous souhaitons du cinéma !

Le cinéma est ailleurs, notre cinéma se crée dans la périphérie, à l’ombre des lumières, le vrai cinéma, celui qui inspire des émotions, des sensations, un véritable plaisir. Nous ne regardons pas derrière nous pour invoquer le « c’était mieux avant  ! ». Ce n’était pas mieux, le cinéma avait ses problèmes de l’époque, qui n’ont que peu changé. Mais la liberté était encore prégnante, l’envie de faire du cinéma venait d’en haut. Le haut d’aujourd’hui souhaite faire des produits, nous consommons des corn-flakes filmiques réalisés par des lobbies pour assurer la pérennisation d’une marque et de suites et de suites qui s’afficheront partout. Excusez-nous, mais à l’époque Indiana Jones s’affichait où ? Nulle part et c’était un divertissement tout public à but lucratif. Mais le plaisir de cinéma était là entre George Lucas et Steven Spielberg soutenus par la Paramount. Aujourd’hui, nous consommons, nous ingurgitons des produits qui n’ont plus de goût, des choses expédiées pour plaire aux enfants, aux parents, aux animaux de compagnie… Plus rien n’a de sens.

Alors nous retrouvons les salles de quartier, nous songeons à rendre notre carte UGC pour celle de la cinémathèque française. Nous souhaitons voir des films, nous souhaitons du cinéma, juste du cinéma…

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